La liberté divine peut elle purement et simplement "subjuguer" la liberté créée ? Si comme les Pères de l'Église avaient coutume de le souligner avec Irénée, elle procède par persuasion, non par violence, est elle alors sur de parvenir à ses fins ? Ne faudrait-il pas précisément compter avec la possibilité d'un refus définitif de la part de l'homme, et donc aussi de la réprobation définitive qui en résulterait ? (1)
On est pour moi au cœur du mystère, celui qui conduit à s'interroger sur les conditions mêmes de cette liberté. Sommes nous véritablement aptes à faire un choix libre ? Le faisons nous véritablement ? Et quid de ceux pour qui ce choix est plus difficile parce qu'ils n'ont pas reçu ce que nous avons reçu, ceux que la vie a marqué de mille façon et qui n'ont plus de raison d'espérer. Peut-on alors les condamner à la réprobation alors qu'ils ne sont pas responsables ?
D'une certaine manière, je crois qu'il faut se placer dans la position du fils ainé dans le texte du fils prodigue ? Prendre conscience que l'on a reçu beaucoup du Père et que ce qui est à lui est à nous et, fort de tout cela, devenir aidant pour ceux qui n'ont pas reçu, sans violer leur liberté, mais parce que Dieu a besoin de nos mains, de nos voix pour les aider sur le chemin… La miséricorde de Dieu passe par nos mains, mais pas uniquement ? Nous sommes des serviteurs quelconques et Dieu profitera de nos efforts et compensera nos incompétences…
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 45
NB : Parallèlement à notre lecture d'Une nouvelle chance pour l'Evangile, nous poursuivrons nos commentaires de la Dramatique Divine avec ici le dernier tome de cette partie de la trilogie...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire