Pour Enzo Bianchi, "Il reste malheureusement encore dans la réception post-conciliaire, la séparation entre Sacrement et Parole, la conception que le sacrement donne la grâce, tandis que la Parole biblique donne la doctrine, que le sacrement est efficace tandis que la Parole ne peut que préparer le sacrement et enseigner. Néanmoins si la Parole de Dieu n'est pas vécue dans l'économie sacramentelle jusqu'à être accueillie comme sacrement (…) elle restera toujours parole sur Dieu et ne sera jamais qu'un prélude à la célébration du sacrement." (1)
Je souscrit à cette analyse et insisterait peut-être, dans l'actualité pastorale d'aujourd'hui sur cette mésinterprétation. Si nous donnions plus de place à la lecture communautaire de la Parole, nous permettrions à tous, laïcs comme prêtres de donner un sens véritable à l'Eucharistie, au sens visé par Ruppert de Deutz.
L'Écriture, continue-t-il est donc "sacrement, signe doté d'un élément sensible qui contient et manifeste le mystère du Christ, lieu d'une rencontre véritable (…) l'Écriture réalise ainsi cette dynamique de 1) l'écoute, 2) la connaissance et 3) l'amour". (2)
Pour lui, la structure sacramentelle de l'Écriture est inséparable de la structure sacramentelle de l'Eucharistie. D'une certaine façon, l'Écriture est une réalité liturgique et prophétique, elle est annonce (kérygme) avant d'être livre, le témoignage de l'Esprit Saint sur la venue du Christ dont le moment privilégié est la liturgie eucharistique. (3) Il souligne qu'une authentique expérience de communion avec le Christ peut avoir lieu dans la lectio divina personnelle (et à plus forte raison communautaire), nous en faisons l'expérience à travers toutes ces expériences où nous écoutons le Verbe de vie.
(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 49
(2) ibid. p. 50 (3) p. 52
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