Certes, comme le dit Hans Urs von Balthasar, la fin dernière "est la vie trinitaire révélée en Jésus-Christ" Pour lui le dénouement ne peut être que trinitaire (1), mais d'une certaine manière, si l'on fait abstraction des contingences humaines et de la nature, ne sommes nous pas déjà dans un mouvement trinitaire. Cette trinité ne transpire-t-elle pas dans le monde, à la fois voilée et présente. Elle se révèle dans des indices imperceptibles, dans cette fleur qui révèle le Père, dans cet amour partagé qui s'origine et trahit l'amour du Fils et dans cette intelligence des choses qui ne viennent que de l'Esprit en nous. La Trinité est comme une source vive qui déborde de puissance sur nos chemins, s'infiltre sous la pierre et fait suinter la terre. Elle est l'âme de ce monde même si elle ne se révèlera qu'in fine, dans le tressaillement de la rencontre de Dieu. Alors le monde tremblera de joie, comme le décrit Dante, parce que les bienheureux verront Dieu.
D'une certaine manière, je rejoins ce que disait la grande Scolastique, qui voyait la création comme inscrite dans la Trinité comme dans son présupposé inconditionnel. Pour elle, la possibilité de création repose sur la réalité de la Trinité. "Un Dieu qui ne serait pas trinitaire ne pourrait être créateur." (2)
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 47
(2) ibid p. 55
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