« Tenter de penser Dieu dans l’horizon de la liberté ne veut pas dire spéculer abstraitement sur Dieu, mais écouter concrètement dans le monde si et où se trouvent les traces de la révélation libre de Dieu et comprendre dans la lumière de ces traces la réalité de façon nouvelle comme espace de liberté, comme histoire » (1)
Je retombe sur cette citation de Kasper mise en exergue en première page de l’un de mes livres (2).
Alors que nous sombrons souvent dans le pessimisme et la peur de voir ce à quoi nous tenons s’effondrer, il faut garder en soi cette « petite espérance » (3) farouche qui sait discerner où travaille l’Esprit.
« L’Église ne peut signifier à l’extérieur que ce qu’elle vit à l’intérieur. (...). L’Église sera plus modeste et humble (...) On risque le prosélytisme quand l’annonce de l’Évangile se fait sans respect de l’autre, avec le seul souci de recruter comme cela s’est passé parfois avec certaines communautés nouvelles. C’est l’amitié qui évangélise. La rencontre a du sens en elle-même : ce n’est pas une tactique missionnaire. Je voudrais que les personnes en contact avec l’Église soient bien accueillies, respectées, écoutées, sans jugement. N’oublions pas qu’il y a ce que je peux faire et ce que Dieu fait : je peux témoigner, rencontrer, être ce que je suis, mais je ne peux pas donner la foi à un autre. C’est le Seigneur. L’Esprit Saint est à l’œuvre et Il ne dépend pas de l’expansion de l’Église. » (3)
Ce petit témoignage d’un grand homme paru récemment mérite un détour. Contemplation qui jaillit d’une phrase et nous fait aimer ce grand corps malade où l’Esprit continue d’agir à sa manière en suscitant parfois de beaux fruits.
Nous contemplons aujourd’hui le cœur de Notre Seigneur. Il n’en coule pas toujours l’eau vive et pure que nous attendions, ce fameux rêve d’Ézéchiel 47 que nous contemplons le soir de Pâques, mais un geyser de sang et d’eau mêlée, de souffrance et de joie, de peines et de bonheur. Sachons retrouver l’espérance.
« Tout discours sur Dieu ne peut être, à mon sens, qu’une contemplation.
Une affirmation serait réduction.
Une contemplation peut être comprise comme la mise en résonance de ces traces de l’indicible qui nous parviennent d’ailleurs et dont nous devenons passeurs par nos écrits, nos actes, et nos paroles… »(5)
(1) “Walter Kasper, in Le Dieu des chrétiens, p. 155
(2) L’amphore et le fleuve, une contemplation des dons de Dieu, sur une idée première de saint Bonaventure
(3) Charles Péguy, le porche de la troisième vertu
(4) Card. Joseph de Kesel, La Croix du 28/5, une belle affirmation qui rentre en écho avec ma Pastorale du Seuil et ce beau texte de Rondet souvent cité ici…
(5) L’amphore et le fleuve p.2
https://kobo.com/fr-FR/ebook/l-amphore-et-le-fleuve
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