Pour Hans Urs von Balthasar, le simple amour du Père et du Fils ne produit qu’une « binité » (Binität). Ce qui manque, ajoute-t-il, c’est « le miracle de la fécondité, du cadeau qui dépasse l’un et l’autre ». (1) On ne peut s’empêcher de penser, quand on a la joie d’être père, à ce toujours plus que constitue l’enfant. Car c’est bien de la même « image et ressemblance » qu’il s’agit. Le conjugal s’épuise quand il est tourné sur soi-même et qu’il n’intègre pas le don, ce débordement que constitue toute fécondité, dont l’enfant naturel n’est que la face la plus visible.
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 39
Quelques milliers de notes et réflexions interactives sur la vie et la foi, à partir de lectures souvent théologiques et à la lumière d'un Autre... Petit "blog" catholique d'un apprenti théologien (Bac canonique), perdu dans l'immensité de la toile... (ordonné diacre en septembre 2018)...
21 octobre 2007
19 octobre 2007
Pneumatologie
Pour Karl Barth, seul les personnes disposant d’une base spirituelle et intellectuelle très solide, des Thébains authentiquement instruits, seront capables d’ébaucher une théologie du 3ème article [l’Esprit-Saint] » (1)
Il me semble, à la lecture de ces pages qu’Hans Urs von Balthasar rentre dans cette catégorie et que, comme toujours, je ne perçois que le dessus de la crème de ce nectar…
C'est ce que j'ai essayé de traduire partiellement dans Retire tes sandales, dont je viens de mettre en ligne une 4ème version (orthographe révisée par ma fille, qui l'a trouvé accessible... Elle a 16 ans et demi - un critère pour ceux qui hésiteraient....)....
(1) Karl Barth, Postface sur Friedriech D.E. Schleirmacher, dans la théologie protestante du XIXème siècle, Genève, Labor et Fides, 1969 463-464 cité par Hans Urs von Balthasar p.27
Il me semble, à la lecture de ces pages qu’Hans Urs von Balthasar rentre dans cette catégorie et que, comme toujours, je ne perçois que le dessus de la crème de ce nectar…
C'est ce que j'ai essayé de traduire partiellement dans Retire tes sandales, dont je viens de mettre en ligne une 4ème version (orthographe révisée par ma fille, qui l'a trouvé accessible... Elle a 16 ans et demi - un critère pour ceux qui hésiteraient....)....
(1) Karl Barth, Postface sur Friedriech D.E. Schleirmacher, dans la théologie protestante du XIXème siècle, Genève, Labor et Fides, 1969 463-464 cité par Hans Urs von Balthasar p.27
18 octobre 2007
Inépuisable lumière
« Adrienne von Speyr va jusqu’à dire que cet excès [de lumière] fait partie de l’essence même de Dieu qui dans sa vie trinitaire elle même, se trouve toujours de nouveau confronté à la surprise de la grandeur toujours plus grande qu’il est pour lui-même ». (1)
(1) Cité par Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 24
(1) Cité par Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 24
16 octobre 2007
Demeurez dans mon amour
Si le Seigneur veut être cru par ceux auxquels il a fait don de la foi, il veut que tout ce qui fait de ceux-ci des hommes lui rende gloire, lui soit remis dans l'amour.
II ne veut pas de nous une intelligence au chômage, une raison démissionnaire; il veut que l'une et l'autre rendent gloire en devenant capables d'adoration. II me semble que l'adoration est comme leur état de sacrifice. Je pense qu'il faut croire tout à fait pour pouvoir adorer tout à fait.
Je pense aussi qu'il est difficile de croire tout à fait si on n'a pas appris à croire pendant des temps plus ou moins courts ou interminables, sans voir clair du tout.
La vie de foi n'est pas une évasion, elle est notre vocation chrétienne. Mais elle deviendrait une évasion si elle devenait une sorte de lieu spirituel qui, pour aller vers lui, permettrait de quitter le lieu où l'on est.
Madeleine Delbrel, Indivisible amour, Centurion 1991 p. 32
II ne veut pas de nous une intelligence au chômage, une raison démissionnaire; il veut que l'une et l'autre rendent gloire en devenant capables d'adoration. II me semble que l'adoration est comme leur état de sacrifice. Je pense qu'il faut croire tout à fait pour pouvoir adorer tout à fait.
Je pense aussi qu'il est difficile de croire tout à fait si on n'a pas appris à croire pendant des temps plus ou moins courts ou interminables, sans voir clair du tout.
La vie de foi n'est pas une évasion, elle est notre vocation chrétienne. Mais elle deviendrait une évasion si elle devenait une sorte de lieu spirituel qui, pour aller vers lui, permettrait de quitter le lieu où l'on est.
Madeleine Delbrel, Indivisible amour, Centurion 1991 p. 32
14 octobre 2007
Méditation sur l’Ascension
Ne peut-on dire à l’aune des développements anciens sur l’hyperbole, que l’Ascension est en sens la véritable hyperbole ? Le Christ se révèle, s’incarne, puis se retire et ce retrait est ouverture pour nous. Ouverture dangereuse parce que notre interprétation peut se tromper, mais ouverture qui laisse une place à l’Esprit, qui prendra fonction d’interprète de ce chemin hyperbolique.
On aperçoit pour moi, là encore, le rôle kénotique de chacune des personnes divines.
On aperçoit pour moi, là encore, le rôle kénotique de chacune des personnes divines.
13 octobre 2007
Image (bis)
Je peux voir que mon âme a été faite à l'image du Créateur, afin d'être une image de l'Image, car mon âme n'est pas l'image de Dieu, à proprement parler, mais elle a été créée à la ressemblance de la première Image.
Alors je verrai qu'à la manière de ces peintres d'effigies qui ne disposent que d'un unique portrait royal et dont tout l'art réside dans la reproduction de ce modèle, chacun de nous, façonnant son âme à la ressemblance du Christ en propose une image plus grande ou plus petite, terne et laide ou au contraire nette, lumineuse, fidèle au portrait original.
Et si j'agrandis l'image de l'Image - c'est-à-dire mon âme - et si je la magnifie par mes actes, mes pensées, mes paroles, alors l'image de Dieu s'agrandit à son tour et notre âme magnifie le Seigneur lui-même, dont elle est l'image. (1)
(1) Origène, Homélie sur Luc, PG 13, 1820
Alors je verrai qu'à la manière de ces peintres d'effigies qui ne disposent que d'un unique portrait royal et dont tout l'art réside dans la reproduction de ce modèle, chacun de nous, façonnant son âme à la ressemblance du Christ en propose une image plus grande ou plus petite, terne et laide ou au contraire nette, lumineuse, fidèle au portrait original.
Et si j'agrandis l'image de l'Image - c'est-à-dire mon âme - et si je la magnifie par mes actes, mes pensées, mes paroles, alors l'image de Dieu s'agrandit à son tour et notre âme magnifie le Seigneur lui-même, dont elle est l'image. (1)
(1) Origène, Homélie sur Luc, PG 13, 1820
11 octobre 2007
Esprit libre
« Le vent (du pneuma) souffle où il veut, et tu entendras sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va, nous rappelle Jn 3,8 21. Pour Origène, il faut cependant séparer l’Ancienne alliance (littera = lettre) de la nouvelle alliance : «la lettre inspirée de l’Esprit » et en ce sens un « parler autre » [allos – agorein], une manière de dire la même chose autrement et plus profondément.
Dans le Christ lui même la lettre est la chair (…) [mais] en tant que chair, éclairée par l’Esprit et imprégnée d’Esprit dans le Christ lui-même, elle fait partie de manière irrécusable de la Vérité. (1)
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 23
Dans le Christ lui même la lettre est la chair (…) [mais] en tant que chair, éclairée par l’Esprit et imprégnée d’Esprit dans le Christ lui-même, elle fait partie de manière irrécusable de la Vérité. (1)
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 23
10 octobre 2007
Allez... Proclamez...
Comment parlez-vous aux pauvres ? Leur annoncez-vous la Bonne Nouvelle, l’Évangile ?
"J'essaie avant tout d'être proche d'eux, de partager leur sort, d'aimer chacun comme une personne très aimée de Jésus. Ma charge d'évêque m'a conduit et me conduit toujours au milieu de ces frères et de ces sœurs. Je garde le silence, je les écoute quand ils parlent et, lorsque je trouve une ouverture, je leur raconte l'Évangile, je leur annonce l'immense amour de Dieu. À l'époque de mes travaux, je savais déjà qu'on ne peut comprendre l'homme et son mystère devant Dieu uniquement à travers les livres, qu'il faut être en contact avec les pauvres les humbles, ceux qui souffrent le plus et sont exclus.
Mon expérience m'a appris que, face à la pauvreté et au désespoir, je reçois beaucoup plus que je ne m'efforce de donner, car l'homme, mis à rude épreuve, sait se montrer d'une humanité, d'une force, d'une dignité dont celui qui est protégé ne serait pas capable.
Des détenus, des toxicomanes, des séropositifs, des pauvres, des malades mentaux, j’apprends énormément, et je découvre que, le vrai pauvre, c’est moi."
Mgr Carlo Maria Martini, A l’écoute du cœur, Albin Michel, 1995, p. 132-133
"J'essaie avant tout d'être proche d'eux, de partager leur sort, d'aimer chacun comme une personne très aimée de Jésus. Ma charge d'évêque m'a conduit et me conduit toujours au milieu de ces frères et de ces sœurs. Je garde le silence, je les écoute quand ils parlent et, lorsque je trouve une ouverture, je leur raconte l'Évangile, je leur annonce l'immense amour de Dieu. À l'époque de mes travaux, je savais déjà qu'on ne peut comprendre l'homme et son mystère devant Dieu uniquement à travers les livres, qu'il faut être en contact avec les pauvres les humbles, ceux qui souffrent le plus et sont exclus.
Mon expérience m'a appris que, face à la pauvreté et au désespoir, je reçois beaucoup plus que je ne m'efforce de donner, car l'homme, mis à rude épreuve, sait se montrer d'une humanité, d'une force, d'une dignité dont celui qui est protégé ne serait pas capable.
Des détenus, des toxicomanes, des séropositifs, des pauvres, des malades mentaux, j’apprends énormément, et je découvre que, le vrai pauvre, c’est moi."
Mgr Carlo Maria Martini, A l’écoute du cœur, Albin Michel, 1995, p. 132-133
09 octobre 2007
Kénose de l’Esprit
C’est peut-être un paradoxe puisque l’Esprit est ce qui nous reste depuis le départ du Fils, mais pour moi sa présence reste foncièrement kénotique. Elle est même en soi la quintessence de la kénose puisqu’il n’apparaît jamais en personne mais « nous permet de voir le Père » comme l’affirme saint Basile (1)
Et de fait sa présence agit comme un révélateur : « Il veut seulement nous animer de son souffle et non s’objectiver devant nous. « il est la lumière que l’on ne saurait voir ». N’en arrive-t-on pas à en conclure que le décentrement pourrait être simplement se laisser habiter par le souffle – le pneuma – le vent, ce qui en soi n’est pas incompatible mais interpelle sur le plan du discernement (nous y reviendrons)…
(1) cité par Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 19
(2) Hans Urs von Balthasar, ibid p. 20
Et de fait sa présence agit comme un révélateur : « Il veut seulement nous animer de son souffle et non s’objectiver devant nous. « il est la lumière que l’on ne saurait voir ». N’en arrive-t-on pas à en conclure que le décentrement pourrait être simplement se laisser habiter par le souffle – le pneuma – le vent, ce qui en soi n’est pas incompatible mais interpelle sur le plan du discernement (nous y reviendrons)…
(1) cité par Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 19
(2) Hans Urs von Balthasar, ibid p. 20
07 octobre 2007
Esprit hors église
Ce que j'écrivais plus haut n’exclut pas ceux qui sont hors de l’Église. Pour Hans Urs von Balthasar, l’Esprit se manifeste dans tous les peuples : « de même qu’il y a chez eux un logos spermatikos, il faudrait postuler en eux quelque chose comme un pneuma spermatikon » (1)
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 15
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 15
06 octobre 2007
Le Seigneur est bon, éternel est son amour
Je crois que nous devrions aimer Dieu pendant notre vie pour tout le bien qu'il nous fait et avoir confiance en lui. Mais - pour parler clairement - qu'un homme dans les bras de sa femme ressente une nostalgie ardente de l'au-delà, c’est du mauvais goût, pour user d'un euphémisme, et en tout cas pas la volonté de Dieu. Il faut trouver Dieu et l'aimer à travers ce qu'il nous donne dans le présent. S'il lui plaît de nous combler d'un bonheur terrestre bouleversant, ne soyons pas plus pieux que lui et n'abîmons pas ce bonheur par des pensées présomptueuses ou provocantes et par une imagination religieuse débordante, incapable de se contenter de ce qu'il donne.
Dieu fera en sorte que celui qui le trouve dans son bonheur terrestre et lui rend grâces ne manque pas d'heures qui lui rappellent que tout ce qui est terrestre est provisoire, et qu'il est bon d'habituer son coeur à l'éternité; il y aura toujours des moments où l'on pourra dire en toute sincérité
« J'aimerais être là-haut... » Mais chaque chose en son temps. L’essentiel est de régler ses pas sur ceux de Dieu, de ne pas vouloir le précéder toujours de quelques coudées, ni de rester en arrière. C'est de la présomption que de vouloir tout à la fois, le bonheur conjugal, la croix et la Jérusalem céleste, où il n'y a ni homme ni femme. Il y a un temps pour tout (Qo 3, 1). (1)
(1) Dietrich Bonhoeffer, Résistance et soumission, Labor et Fides, 1973, p. 178
Dieu fera en sorte que celui qui le trouve dans son bonheur terrestre et lui rend grâces ne manque pas d'heures qui lui rappellent que tout ce qui est terrestre est provisoire, et qu'il est bon d'habituer son coeur à l'éternité; il y aura toujours des moments où l'on pourra dire en toute sincérité
« J'aimerais être là-haut... » Mais chaque chose en son temps. L’essentiel est de régler ses pas sur ceux de Dieu, de ne pas vouloir le précéder toujours de quelques coudées, ni de rester en arrière. C'est de la présomption que de vouloir tout à la fois, le bonheur conjugal, la croix et la Jérusalem céleste, où il n'y a ni homme ni femme. Il y a un temps pour tout (Qo 3, 1). (1)
(1) Dietrich Bonhoeffer, Résistance et soumission, Labor et Fides, 1973, p. 178
04 octobre 2007
Eglise habitée
On a trop souvent tendance à voir le Christ et rejeter son Église, mais pourtant, c’est dans le corps souffrant et blessé de ses membres qu’elle continue à se révéler le mieux, à sa manière.
« Là où est l’Eglise, là aussi est l’Esprit de Dieu et là où est l’Esprit de Dieu, là est l’Eglise et toute sa grâce. Et l’Esprit est Vérité » (1)
Certes, ajoute le théologien : « Il y a bien plus de vérité dans le Christ que dans la foi de l’Eglise et plus de vérité dans la foi de l’Eglise que dans les dogmes explicitement formulés » (2)
(1) Irénée Contre les hérésies, III, 24 Cerf 1974 p. 474-475 cité par Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p. 13
(2) ibid p. 15
« Là où est l’Eglise, là aussi est l’Esprit de Dieu et là où est l’Esprit de Dieu, là est l’Eglise et toute sa grâce. Et l’Esprit est Vérité » (1)
Certes, ajoute le théologien : « Il y a bien plus de vérité dans le Christ que dans la foi de l’Eglise et plus de vérité dans la foi de l’Eglise que dans les dogmes explicitement formulés » (2)
(1) Irénée Contre les hérésies, III, 24 Cerf 1974 p. 474-475 cité par Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p. 13
(2) ibid p. 15
02 octobre 2007
Trancher et choisir la vie
"Je me rappelle un homme qui, à maintes reprises, venait me voir et répétait toujours: « Je veux connaître Dieu, faites-moi découvrir Dieu ! » Un jour je lui dis ceci : « Supposons que je sois en mesure de le faire: seriez-vous prêt à vous engager dans une vie nouvelle, ou bien rêvez-vous à Dieu comme à un bonheur de plus pour que tout aille encore mieux dans votre vie? » L’homme était loyal et, après m'avoir dévisagé, il avoua : « Oui, je voudrais que Dieu entre dans ma vie sans rompre l'ordre que j'y ai établi, qu'il lui donne plus d'espace pour que je puisse vivre mieux et plus heureux. » Voilà qui est crucial, car la parole de Dieu est un glaive à deux tranchants, selon l'Apôtre (He 4, 12). Si nous recevons la Parole, elle séparera en nous les ténèbres et la lumière, et nous serons acculés à un choix. Qui parmi nous est assez hardi et assez persévérant pour faire ce choix... ?" (1)
Sans commentaires...
(1) Métropolite Antoine Bloom, Rencontre avec le Dieu vivant, Cerf, 2004, p. 91
Sans commentaires...
(1) Métropolite Antoine Bloom, Rencontre avec le Dieu vivant, Cerf, 2004, p. 91
01 octobre 2007
Sang et eau
Le témoignage de l’Esprit n’est rendu qu’en commun avec l’eau et le sang. Si l’Esprit apparaît comme eau vive, il faut aussi, affirme Hans Urs von Balthasar, que le sang du Christ soit bu en même temps. Cela implique un sens plus large qui met l’Esprit dans l’Eglise. (1) Coïncidence, mais je trouve le même discours dans Jésus de Nazareth de Benoît XVI, p.265 à 267…
Et en effet, c’est le cœur de l’incarnation qui est en jeu. A la source idéale se joint l’exigence de la terre : aimer non l’être iréel mais l’être incarné, celui qui se révèle dans son frère. « Quand vous avez servi un verre d’eau… , c’est à moi que vous l’avez fait »
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 13
Et en effet, c’est le cœur de l’incarnation qui est en jeu. A la source idéale se joint l’exigence de la terre : aimer non l’être iréel mais l’être incarné, celui qui se révèle dans son frère. « Quand vous avez servi un verre d’eau… , c’est à moi que vous l’avez fait »
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 13
28 septembre 2007
Unis par le reflet de la beauté du Christ
La beauté est la cause unique de l'amour; il faut donc que la religion catholique ait revêtu l'homme d'une beauté qu'il n'avait pas auparavant. Mais laquelle ? Si je vous regarde du dehors, vous n'êtes pas changés, votre visage est celui de l'antiquité, et même vous avez perdu quelque chose dans la rectitude des lignes de la physionomie. Quelle beauté nouvelle avez-vous donc reçue ? Ah ! Une beauté qui vous laisse hommes et qui est pourtant divine ! Jésus Christ a mis sur vous sa propre figure, il a touché votre âme avec la sienne, il a fait de vous et de lui un seul être moral. Ce n’est plus vous, c’est lui qui vit en vous. Cette beauté que le monde ne voit pas, nous chrétiens, nous l’entrevoyons ; elle perce à travers l’humanité déshonorée, nous la sentons ; elle nous séduit, non pour un jour, comme la beauté humaine, mais avec l'indélébile magie de l'éternité. Si je vous aime, si je suis forcé de vous parler, si je donnerais ma vie pour le salut d'un seul d'entre vous, ce n'est pas que je sois plus qu'un homme; mais je vois en vous une inexprimable lueur qui vous enveloppe, vous pénètre, et me ravit au-dedans de vous. Je l'ai moi-même à votre oeil si vous êtes chrétiens. A moi comme à vous, dans la vie et dans la mort, il nous restera la beauté qui vient du Christ, son visage qui est sur nous, et l'amour qui en jaillit pour nous réjouir vivants et nous embaumer au tombeau.
Henri Lacordaire, O.P. 25ème conférence de Notre-Dame, in La Liberté de la parole évangélique, Paris, Cerf, p 271-272, coll. Sagesse Chrétienne
Henri Lacordaire, O.P. 25ème conférence de Notre-Dame, in La Liberté de la parole évangélique, Paris, Cerf, p 271-272, coll. Sagesse Chrétienne
26 septembre 2007
Mon âme magnifie le Seigneur
Pourquoi Marie dit-elle: Mon âme magnifie le Seigneur? Considérant que mon Seigneur et Sauveur est l’image du Dieu invisible (Col 1, 15), je peux voir que mon âme a été faite à l'image du Créateur, afin d'être une image de l'Image, car mon âme n'est pas l'image de Dieu, à proprement parler, mais elle a été créée à la ressemblance de la première Image.
Alors je verrai qu'à la manière de ces peintres d'effigies qui ne disposent que d'un unique portrait royal et dont tout l'art réside dans la reproduction de ce modèle, chacun de nous, façonnant son âme à la ressemblance du Christ en propose une image plus grande ou plus petite, terne et laide ou au contraire nette, lumineuse, fidèle au portrait original.
Et si j'agrandis l'image de l'Image - c'est-à-dire mon âme - et si je la magnifie par mes actes, mes pensées, mes paroles, alors l'image de Dieu s'agrandit à son tour et notre âme magnifie le Seigneur lui-même, dont elle est l'image. (1)
(1) Origène, Homélie sur Luc, PG 13, 1820
Alors je verrai qu'à la manière de ces peintres d'effigies qui ne disposent que d'un unique portrait royal et dont tout l'art réside dans la reproduction de ce modèle, chacun de nous, façonnant son âme à la ressemblance du Christ en propose une image plus grande ou plus petite, terne et laide ou au contraire nette, lumineuse, fidèle au portrait original.
Et si j'agrandis l'image de l'Image - c'est-à-dire mon âme - et si je la magnifie par mes actes, mes pensées, mes paroles, alors l'image de Dieu s'agrandit à son tour et notre âme magnifie le Seigneur lui-même, dont elle est l'image. (1)
(1) Origène, Homélie sur Luc, PG 13, 1820
24 septembre 2007
« Heureux les pauvres de coeur »
La « pauvreté en esprit » me semble désigner l'humilité. L'apôtre Paul nous donne en exemple la pauvreté de Dieu, « qui pour nous s'est fait pauvre, de riche qu'il était, pour nous faire partager sa richesse par sa pauvreté » (2Co 8,9). Tout ce que nous pouvons percevoir par ailleurs de la nature divine dépasse les limites de notre condition, mais l'humilité nous est possible ; nous la partageons avec tous ceux qui vivent sur terre, façonnés de la glaise à laquelle ils retournent (Gn 2,7;3,19). Si donc tu imites Dieu en ce qui est conforme à ta nature et ne dépasse pas tes ressources, tu revêts comme un vêtement la forme bienheureuse de Dieu.
Qu'on ne s'imagine pas qu'il est facile d'acquérir l'humilité. Au contraire, ceci est plus difficile que l'acquisition de toute autre vertu. Pourquoi ? Parce qu'à l'heure où se reposait l'homme qui avait semé le bon grain, l'ennemi a semé la part la plus considérable de la semence, l'ivraie de l'orgueil, qui a pris racine en nous (Mt 13,25)... Comme presque tous les hommes sont naturellement portés à l'orgueil, le Seigneur commence les Béatitudes, en écartant ce mal initial de l'orgueil et en conseillant d'imiter le vrai Pauvre volontaire qui en vérité est bienheureux, de manière à lui ressembler, selon notre pouvoir, par une pauvreté volontaire pour avoir part à sa propre béatitude. (1)
(1) Saint Grégoire de Nysse, Homélies sur les Béatitudes, n° 1 (trad. DDB 1979, p.32)
Qu'on ne s'imagine pas qu'il est facile d'acquérir l'humilité. Au contraire, ceci est plus difficile que l'acquisition de toute autre vertu. Pourquoi ? Parce qu'à l'heure où se reposait l'homme qui avait semé le bon grain, l'ennemi a semé la part la plus considérable de la semence, l'ivraie de l'orgueil, qui a pris racine en nous (Mt 13,25)... Comme presque tous les hommes sont naturellement portés à l'orgueil, le Seigneur commence les Béatitudes, en écartant ce mal initial de l'orgueil et en conseillant d'imiter le vrai Pauvre volontaire qui en vérité est bienheureux, de manière à lui ressembler, selon notre pouvoir, par une pauvreté volontaire pour avoir part à sa propre béatitude. (1)
(1) Saint Grégoire de Nysse, Homélies sur les Béatitudes, n° 1 (trad. DDB 1979, p.32)
21 septembre 2007
Orgueil
« Quoi que je fasse, ce sera en porte à faux devant le Seigneur. Supposons que j’ai soif : si je bois, j’allège ma souffrance alors que le Seigneur a eu soif sur la croix. Et si je ne bois pas, c’est pour pouvoir maîtriser la souffrance : d’un côté comme de l’autre, c’est de l’orgueil. Quoi que l’on fasse, ce sera toujours à contretemps : Devant Dieu on est toujours qu’un pécheur. Et c’est précisément lorsque l’on est admis à subir la souffrance du Christ et jusque dans son enfer, qu’on peut échapper à cette contradiction : on souffre avec lui et en même temps, il souffre pour moi. » (1)
Il ne peut y avoir de décentrement véritable que s’il est admis par Dieu. Le reste est pur orgueil… J’ai du chemin à parcourir.
(1) EHI, n° 134, Adrienne von Speyr / Hans Urs von Balthasar p. 402
PS ; Sur ces termes, je fais une pose dans la publication de ce blogue... Les messages seront plus espacés, alors que je commence mes cours d'exégèse...
20 septembre 2007
Traversée de l’enfer
Le sujet de l'enfer est toujours délicat et je ne me prononcerai pas plus que dans la présentation de ce point de vue.
Pour Hans Urs von Balthasar, Adrienne von Speyr est la seule à proposer une lecture théologique de la vision luthérienne de l’enfer. Sa démarche n’est ni amour, ni espérance. C’est seulement la « constatation de cette chose purement objective » dans une sorte de connaissance qui lui est surimposée, qu’il rencontre là à l’instant terrible de tous les péchés, tout ce qui est purement et simplement rejeté et n’a plus la moindre chose à voir avec le Père dont la création est toujours bonne.
Il s’agit d’une constatation objective. Le Christ « traverse l’enfer à la rencontre du Père qui ne s’y trouve sûrement pas, mais le fait qu’il le traverse en étant celui qu’il est réellement, c'est à dire le Fils sans péché » n’est pas neutre. Dans ce samedi saint « il se dirige vers deux directions opposées : d’un côté, il va au paradis avec le bon larron mais avec le mauvais larron qu’il veut aller chercher » il ira au plus loin de l’enfer, porteur des péchés, au plus proche. « Il est ce mouvement qui a perdu son être parole (de là son silence) tout en restant l’attestation la plus forte et la plus manifeste du Père au monde ».(1)
Et la mystique ajoutera que cette démarche est trinitaire. Ce qui tombe sous le sens, du fait même de la nature de la Trinité, mais ce qui mérité d’être souligné trois fois.
De même, « Le Père n’est jamais plus présent que dans cette absence sur la croix ». (2)
« Quand le Fils paraît être le plus abandonné par le Père, c’est alors que la déréliction est utilisée pour faire sauter le verrou de la véritable déréliction, celle de l’enfer, et pour faire entrer le Fils, accompagné du monde libéré, dans le ciel du Père ». (3)
(1) Adrienne von Speyr, Kreuz und Hölle, 26 et 333, cité par Hans Urs von Balthasar, ibid p. 390-393
(2) ibid. 306 cité p. 394
(3) ibid. p. 190s cité p.397
Pour Hans Urs von Balthasar, Adrienne von Speyr est la seule à proposer une lecture théologique de la vision luthérienne de l’enfer. Sa démarche n’est ni amour, ni espérance. C’est seulement la « constatation de cette chose purement objective » dans une sorte de connaissance qui lui est surimposée, qu’il rencontre là à l’instant terrible de tous les péchés, tout ce qui est purement et simplement rejeté et n’a plus la moindre chose à voir avec le Père dont la création est toujours bonne.
Il s’agit d’une constatation objective. Le Christ « traverse l’enfer à la rencontre du Père qui ne s’y trouve sûrement pas, mais le fait qu’il le traverse en étant celui qu’il est réellement, c'est à dire le Fils sans péché » n’est pas neutre. Dans ce samedi saint « il se dirige vers deux directions opposées : d’un côté, il va au paradis avec le bon larron mais avec le mauvais larron qu’il veut aller chercher » il ira au plus loin de l’enfer, porteur des péchés, au plus proche. « Il est ce mouvement qui a perdu son être parole (de là son silence) tout en restant l’attestation la plus forte et la plus manifeste du Père au monde ».(1)
Et la mystique ajoutera que cette démarche est trinitaire. Ce qui tombe sous le sens, du fait même de la nature de la Trinité, mais ce qui mérité d’être souligné trois fois.
De même, « Le Père n’est jamais plus présent que dans cette absence sur la croix ». (2)
« Quand le Fils paraît être le plus abandonné par le Père, c’est alors que la déréliction est utilisée pour faire sauter le verrou de la véritable déréliction, celle de l’enfer, et pour faire entrer le Fils, accompagné du monde libéré, dans le ciel du Père ». (3)
(1) Adrienne von Speyr, Kreuz und Hölle, 26 et 333, cité par Hans Urs von Balthasar, ibid p. 390-393
(2) ibid. 306 cité p. 394
(3) ibid. p. 190s cité p.397
19 septembre 2007
Jeûne
« J’ai mangé une nourriture que vous ne connaissez pas… c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 4, 33s). Il y a là pour Hans Urs von Balthasar, une clef décisive pour l’intelligence du récit de la tentation. En effet, pour lui, c’est le sens du jeûne prolongé que de « se mettre volontairement dans la situation où l’homme ne peut qu’attendre l’aide de Dieu ». Il y a là un décentrement véritable.
A l’inverse, ne pas jeûner serait comme le serpent au paradis : au lieu de s’en remettre à Dieu pour obtenir le fruit de l’arbre de vie (Ap 2,7) on l’usurpe soi-même. Vouloir trouver de sa propre initiative ce que Dieu et lui seul promet de donner à l’indigent, tel est le grand péché où l’on tente Dieu. (1)
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.327
A l’inverse, ne pas jeûner serait comme le serpent au paradis : au lieu de s’en remettre à Dieu pour obtenir le fruit de l’arbre de vie (Ap 2,7) on l’usurpe soi-même. Vouloir trouver de sa propre initiative ce que Dieu et lui seul promet de donner à l’indigent, tel est le grand péché où l’on tente Dieu. (1)
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.327
18 septembre 2007
Anthropologie
« Si Dieu devient homme et le demeure éternellement, toute théologie dès lors, demeure pour toujours une anthropologie » (1)
« le fini lui même a acquis une profondeur infinie, il n’est plus l’opposé de l’infini, mais bien ce que l’infini a eu l’intention de devenir, ce qui ouvre pour tout le fini, dont il s’est fait lui-même un membre, une issue pour l’infini ». (2)
Sans commentaires.
(1) K. Rahner, Réflexions théologiques sur l’incarnation, Ecrits théologiques, 3, Paris, DDB, 1963, 92-95
(1) ibid p. 95-97 cité par UvB p. 315
« le fini lui même a acquis une profondeur infinie, il n’est plus l’opposé de l’infini, mais bien ce que l’infini a eu l’intention de devenir, ce qui ouvre pour tout le fini, dont il s’est fait lui-même un membre, une issue pour l’infini ». (2)
Sans commentaires.
(1) K. Rahner, Réflexions théologiques sur l’incarnation, Ecrits théologiques, 3, Paris, DDB, 1963, 92-95
(1) ibid p. 95-97 cité par UvB p. 315
17 septembre 2007
Silence de la croix
« J’aurai beaucoup de choses à vous dire mais vous ne pouvez pas les porter maintenant » (Jn 16,12). Sa passion est toute proche. Alors, nous dit Hans Urs von Balthasar, aucune parole ne peut plus l’exprimer. Il est en effet impossible d’expliciter l’amour divin contenu dans cette passion, et « c’est pourtant là que se trouve le cœur de tout ce que Dieu dit au monde. A ce moment, l’indicible ou ce qui nécessairement entre dans le silence prend toujours plus de place, jusqu’à occuper tout le terrain avec la mort de Jésus. Et il n’y aura finalement rien d’autre que cette action silencieuse pour donner le branle à une herméneutique dont on ne verra jamais la fin ». (1)
J’ai beaucoup devisé sur ce thème dans le tome 2 de Bonheur dans le couple. Depuis le lavement des pieds jusqu’au silence final, les actes comptent plus que les mots. Le silence conclut la Parole.
C’est l’Esprit qui développera et approfondira tout ce qui semble encore enveloppé dans le silence ajoute à ce sujet Hans Urs von Balthasar.
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.308
(2) cf le tome 2 de Bonheur dans le couple
J’ai beaucoup devisé sur ce thème dans le tome 2 de Bonheur dans le couple. Depuis le lavement des pieds jusqu’au silence final, les actes comptent plus que les mots. Le silence conclut la Parole.
C’est l’Esprit qui développera et approfondira tout ce qui semble encore enveloppé dans le silence ajoute à ce sujet Hans Urs von Balthasar.
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.308
(2) cf le tome 2 de Bonheur dans le couple
16 septembre 2007
Symbolique et dévoilement
« Le symbole donne à penser » de P. Ricoeur que nous avions déjà cité dans notre analyse très antérieure du philosophe est reprise ici par Hans Urs von Balthasar. L’expression y reçoit son vrai sens théologique : « l’accord objectif de la parole et de l’image qu’est Jésus donne lieu à un processus indéfini de compréhension et appropriation ». (1). Pour le théologien, le discours en paraboles n’est jamais conçue pour être mystérieux. Au contraire, les paraboles dévoilent à fond l’amour divin attesté en Jésus et étaient prononcées en vue de dévoiler cet amour, de le donner, d’inviter à le reproduire ».
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.300
(2) ibid p. 303
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.300
(2) ibid p. 303
15 septembre 2007
Icône - II
Une icône n’est pas un simple décalque ou une imitation mais « la véritable monstration de ce qui est le plus intérieur dans l’essence même d’une chose… c’est un rayonnement, une mise en évidence de la réalité essentielle dans sa participation substantielle à l’objet ». (1)
Il faut pour cela prendre de la distance par rapport à l’exaltation que provoque l’apparence, pour sans la nier, la recevoir et entrer dans la contemplation de ce qui est plus profond en elle.
(1) H. Kleinknecht, Das Grieschische Sprachgebrauch von eikon p. 386 cité p. 290
Il faut pour cela prendre de la distance par rapport à l’exaltation que provoque l’apparence, pour sans la nier, la recevoir et entrer dans la contemplation de ce qui est plus profond en elle.
(1) H. Kleinknecht, Das Grieschische Sprachgebrauch von eikon p. 386 cité p. 290
13 septembre 2007
Limites d’espérance
K. Rahner nous dit d’une certaine manière que nous ne pouvons concevoir la résurrection du Christ « qu’à travers notre propre espérance transcendantale de résurrection ». Ce n’est que dans cet horizon intelligible « que peut être espérée et vécue une réalité qui soit de l’ordre de la résurrection de Jésus ». (1)
Cela ne fait que souligner notre petitesse et notre finitude.
(1) Traité fondamental de la Foi, Paris 1983, 302-308 cité par Hans Urs von Balthasar, ibid p. 265
Cela ne fait que souligner notre petitesse et notre finitude.
(1) Traité fondamental de la Foi, Paris 1983, 302-308 cité par Hans Urs von Balthasar, ibid p. 265
12 septembre 2007
Adversaire
Le Christ est l’adversaire de ta volonté jusqu’à ce qu’il devienne l’auteur de ton salut (1) J’entends résonner dans cette affirmation la prophétie du glaive. Ce n’est pas une ballade au clair de lune…
(1) Saint Augustin, Serm. 109, 3, 3 PL 38, 637 cité par Hans Urs von Balthasar, Th. II, p. 258
(1) Saint Augustin, Serm. 109, 3, 3 PL 38, 637 cité par Hans Urs von Balthasar, Th. II, p. 258
11 septembre 2007
Connaissance et symphonie
Dieu « communique avec chacune des choses qui entrent dans le mouvement, et c’est ainsi que se justifie une fois de plus le jeu de mots de Claudel posant l’identité de connaissance et de co-naissance » (1). Cela rejoint pour moi l’idée de symphonie de même que la communion des corps et des cœurs est connaissance et co-engendrement de l’être en Dieu. Cette communion symphonique de l’homme et de la femme (2), qui se reçoive et se livre peut alors tout le sens liturgique que lui confère Jean-Paul II, dans ses catéchèses du mercredi.
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p. 252-3
(2) cf le tome 2 de Bonheur dans le couple
10 septembre 2007
Calice
Le corps est livré, le sang est versé dans le calice offert. Et cet épanchement de l’être de Dieu n’est pas un prêt. C’est comme le don total du Père dans le Fils, le décentrement total du Christ en l’humanité. Femme voici ton Fils. Je ne suis plus pour moi, je me suis fait don. Et jaillit le fleuve…
09 septembre 2007
Basar
Le terme hébreu basar signifie au sens premier la chair de l’animal que l’on sacrifie. On dit aussi que l’homme est charnel. Pour Hans Urs von Balthasar, l’expression toute chair se rencontre aussi bien dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau Testament pour désigner l’humanité dans son ensemble. Et c’est seulement dans les textes tardifs de l’Ancien Testament et dans les apocryphes qu’apparaît par infiltration de l’hellénisme une opposition chez l’homme entre la chair et l’esprit.(1)
J’avais déjà longuement discerné sur cette sémantique du terme basar dans mes pages consacrées au « une seule chair » de Gn 2,23 dans en lui donnant la traduction hyperbolique de symphonie.
Je viens de recevoir une autre interprétation que je n’avais pas perçu. C’est l’utilisation de ce sens dans le « qui ne manges pas ma chair et boit mon sang » prononcé par Jésus lors de la Cène. Si chair est la personne toute entière du Christ, manger sa chair prend un sens tellement plus large. C’est une adhésion complète à sa personne, un basculement dans le en-christoï… Et de même, « boire le sang » est l’acte de vie, l’adhésion à une renaissance, au sens de celle de Nicodème.
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p. 243
J’avais déjà longuement discerné sur cette sémantique du terme basar dans mes pages consacrées au « une seule chair » de Gn 2,23 dans en lui donnant la traduction hyperbolique de symphonie.
Je viens de recevoir une autre interprétation que je n’avais pas perçu. C’est l’utilisation de ce sens dans le « qui ne manges pas ma chair et boit mon sang » prononcé par Jésus lors de la Cène. Si chair est la personne toute entière du Christ, manger sa chair prend un sens tellement plus large. C’est une adhésion complète à sa personne, un basculement dans le en-christoï… Et de même, « boire le sang » est l’acte de vie, l’adhésion à une renaissance, au sens de celle de Nicodème.
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p. 243
06 septembre 2007
Le temps de l’Esprit
Rupert de Deutz a semble-t-il organisé le schéma trinitaire en l’étendant à l’histoire du monde. Pour lui Dieu intervient dans la création, le Fils est présent du 1er Homme à l’incarnation comme verbe de Dieu, et de l’annonciation à la fin du monde, l’humanité serait d’après lui sous la mouvance de l’Esprit. (1)
Tout cela n’empêche pas, bien sur que les trois personnes agissent en commun.
Son originalité, souligne le théologien, est de commencer la période de l’Esprit non à Pâques mais dès l’annonciation (2).
Je trouve cette analyse très intéressante, dans la mesure où cela conforte l’impression laissée par les paroles du Christ rapportées par Jean. Il n’agit pas pour lui, mais dans la mouvance de l’Esprit. Et de fait, cela renforce cette circumincession kénotique de chaque personnes en Dieu, qui n’agissent pas pour eux-mêmes mais dans un don total, un décentrement constant.
(1) cité par Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.220
(2) p. 222
Tout cela n’empêche pas, bien sur que les trois personnes agissent en commun.
Son originalité, souligne le théologien, est de commencer la période de l’Esprit non à Pâques mais dès l’annonciation (2).
Je trouve cette analyse très intéressante, dans la mesure où cela conforte l’impression laissée par les paroles du Christ rapportées par Jean. Il n’agit pas pour lui, mais dans la mouvance de l’Esprit. Et de fait, cela renforce cette circumincession kénotique de chaque personnes en Dieu, qui n’agissent pas pour eux-mêmes mais dans un don total, un décentrement constant.
(1) cité par Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.220
(2) p. 222
05 septembre 2007
Don total - III
« Le don sans fondement du Père en faveur du Fils est le fait d’un amour qui dépasse, en raison, l’être et la connaissance qu’il a de lui-même ». Hans Urs von Balthasar cite à ce sujet une belle phrase de G. Siewerth « L’amour est en ce sens, plus enveloppant que l’être lui-même ; il est le transcendantal pur et simple qui embrasse la réalité de l’être, de la vérité et de la bonté » (1)
Saisir cela n’est possible, ajoute le théologien « que si l’on ose parler avec Boulgakov, d’une première kénose intra trinitaire, laquelle n’est autre que le dépouillement positif que Dieu fait de lui-même, dans le don de l’essence divine tout entière par les processions. » (2)
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.191
(2) p. 192
Saisir cela n’est possible, ajoute le théologien « que si l’on ose parler avec Boulgakov, d’une première kénose intra trinitaire, laquelle n’est autre que le dépouillement positif que Dieu fait de lui-même, dans le don de l’essence divine tout entière par les processions. » (2)
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.191
(2) p. 192
04 septembre 2007
Le don total - II
Il ne reste rien à Dieu le Père. Le Père, en engendrant le Fils a « tout donné » (Rm 8,32) sans aucun reste, si bien que pour quiconque refuserait ce tout, le Père n’ait rien d’autre à proposer ». (1) Cela pourrait rester des spéculations de théologien, si ce n’était le cœur du message de la Parabole de l’enfant prodigue. Dieu donne tout et plus encore.
Ainsi ajoute Balthasar « en premier lieu, dans la foulée de la génération par le Père, il y aura une sortie de soi pour se déverser en quelque sorte dans une totalité qui dépasse tout ce qui peut appréhender comme forme, image, expression ». On retrouve l’image souvent évoquée du fleuve jaillissant de l’amour du Fils qui reproduit pour moi le tout donné du Père en un tout donné à son Eglise.
Le théologien précise que l’on ne saurait le qualifier autrement « qu’en le désignant comme amour pur et simple ». « En second lieu, puisque le fondement originaire (...) ne peut être désigné que comme amour pur et simple, le Fils se retourne vers le Père. Et ceci répond à ce qu’il est essentiellement, puisque sa substance n’est que totale réception : en se recevant, il se tourne vers la source ». (2) Pour moi cet aller-retour n’est pas différent du « je te reçois et je me donne à toi », tant et si bien qu’un couple qui perçoit les deux mouvements c'est à dire altérité et retour sur don peut être à son échelle petite « image » trinitaire. Mais cette corrélation reprise d’ailleurs par K. Barth n’est pas acceptable pour Hans Urs von Balthasar (3)
Il distingue non sans raison l’économie trinitaire de l’imitation et souligne que « Tout cela se vérifie dans l’économie et sur la croix » (4)
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.162
(2) p. 165-6
(3) cf. p. 187
(4) p. 167
Ainsi ajoute Balthasar « en premier lieu, dans la foulée de la génération par le Père, il y aura une sortie de soi pour se déverser en quelque sorte dans une totalité qui dépasse tout ce qui peut appréhender comme forme, image, expression ». On retrouve l’image souvent évoquée du fleuve jaillissant de l’amour du Fils qui reproduit pour moi le tout donné du Père en un tout donné à son Eglise.
Le théologien précise que l’on ne saurait le qualifier autrement « qu’en le désignant comme amour pur et simple ». « En second lieu, puisque le fondement originaire (...) ne peut être désigné que comme amour pur et simple, le Fils se retourne vers le Père. Et ceci répond à ce qu’il est essentiellement, puisque sa substance n’est que totale réception : en se recevant, il se tourne vers la source ». (2) Pour moi cet aller-retour n’est pas différent du « je te reçois et je me donne à toi », tant et si bien qu’un couple qui perçoit les deux mouvements c'est à dire altérité et retour sur don peut être à son échelle petite « image » trinitaire. Mais cette corrélation reprise d’ailleurs par K. Barth n’est pas acceptable pour Hans Urs von Balthasar (3)
Il distingue non sans raison l’économie trinitaire de l’imitation et souligne que « Tout cela se vérifie dans l’économie et sur la croix » (4)
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.162
(2) p. 165-6
(3) cf. p. 187
(4) p. 167
03 septembre 2007
Fidélité de Dieu
L’amour du Dieu fidèle qui constitue le fondement de toute la théologie de l’Alliance en pastorale du mariage n’a de sens que lorsqu’on a découvert, intégré, goûté cet amour de manière personnelle. Il dépend de « l’épiphanie » de Dieu par sa parole ou par le biais d’autrui. Le parallèle entre nos liens avec l’autre et nos liens avec Dieu reste fort. C’est dans l’exercice quotidien de la confiance, mais parfois aussi du doute et de l’absence que ce construit un amour véritable, une fiance.
Mais à cela, le théologien ajoute que « dans la relation avec la créature, il y a toujours eu deux choses : une grâce et l’exigence d’une réponse. Quand la réponse fait défaut, c'est à dire du côté de l’homme, l’histoire de Dieu avec lui est rompue » (1)
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.158
Mais à cela, le théologien ajoute que « dans la relation avec la créature, il y a toujours eu deux choses : une grâce et l’exigence d’une réponse. Quand la réponse fait défaut, c'est à dire du côté de l’homme, l’histoire de Dieu avec lui est rompue » (1)
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.158
01 septembre 2007
Le don total
Le Père, en engendrant le Fils « n’a pas donné au Fils une partie de sa substance et en a retenu une autre pour lui-même » (1)
« Mais on peut aussi bien dire l’inverse » ajoute Hans Urs von Balthasar « il n’est possible de concevoir qu’il est éternellement le Père que parce que, de toute éternité, il a transmis au Fils tout ce qui lui est propre, y compris la divinité » (2). « Le Père est Père non par lui-même, mais par rapport au Fils » (3)
Aussi peut-on ajouter, à la suite du théologien, que ces processions du Père dans le Fils et dans l’Esprit ne peuvent être finalement qu’une chose : l’amour. « Des circumincessions qui dessine ensemble le visage unique, libre et personnel de Dieu » (4).
(1) DS 805 Conc. Tolet.
(2) Hans Urs von Balthasar, Th. II, p. 147
(3) Conc. Tolet. DS 528
(4) ibid p. 148
« Mais on peut aussi bien dire l’inverse » ajoute Hans Urs von Balthasar « il n’est possible de concevoir qu’il est éternellement le Père que parce que, de toute éternité, il a transmis au Fils tout ce qui lui est propre, y compris la divinité » (2). « Le Père est Père non par lui-même, mais par rapport au Fils » (3)
Aussi peut-on ajouter, à la suite du théologien, que ces processions du Père dans le Fils et dans l’Esprit ne peuvent être finalement qu’une chose : l’amour. « Des circumincessions qui dessine ensemble le visage unique, libre et personnel de Dieu » (4).
(1) DS 805 Conc. Tolet.
(2) Hans Urs von Balthasar, Th. II, p. 147
(3) Conc. Tolet. DS 528
(4) ibid p. 148
17 août 2007
Retire tes sandales !
Comme annoncé, je viens de mettre en ligne mon dernier livre : Retire tes sandales !
Ce chemin est celui d'une "petite contemplation" sur la Trinité, esquissée à partir de l'oeuvre de celui que Benoît XVI appelle le "théologien agenouillé". A partir d'une méditation sur les 17 volumes que constituent la trilogie de Hans Urs von Balthasar, "Retire tes sandales !" constitue un très court essai de méditation sur ce qu'apporte la théologie de Balthasar et d'Adrienne von Speyr sur la Trinité. Loin des milliers de pages que constitue l'oeuvre à laquelle il fait référence, cet essai se veut simple et accessible. Une petite contemplation sur la révélation de Dieu depuis le buisson ardent jusqu'à la Croix, un chemin de découverte intérieure, le fruit de plusieurs années de lecture et de méditation.
Les produits de cette vente seront consacrés entièrement à un projet d'évangélisation.
Ce livre est disponible sur : http://stores.lulu.com/cheriard
Ce chemin est celui d'une "petite contemplation" sur la Trinité, esquissée à partir de l'oeuvre de celui que Benoît XVI appelle le "théologien agenouillé". A partir d'une méditation sur les 17 volumes que constituent la trilogie de Hans Urs von Balthasar, "Retire tes sandales !" constitue un très court essai de méditation sur ce qu'apporte la théologie de Balthasar et d'Adrienne von Speyr sur la Trinité. Loin des milliers de pages que constitue l'oeuvre à laquelle il fait référence, cet essai se veut simple et accessible. Une petite contemplation sur la révélation de Dieu depuis le buisson ardent jusqu'à la Croix, un chemin de découverte intérieure, le fruit de plusieurs années de lecture et de méditation.
Les produits de cette vente seront consacrés entièrement à un projet d'évangélisation.
Ce livre est disponible sur : http://stores.lulu.com/cheriard
16 août 2007
Silence et Parole - II
Le silence habite dans la Parole. Pour Max Picard, « en Dieu, la parole et le silence ne font qu’un ». (1) Il ajoute d’ailleurs plus loin qu’« une couche de silence se glisse entre l’incarnation, cet événement inconcevable et l’homme » (2)
Pour K. Rahner, l’homme se tient ontologiquement face à un transcendant qui, en tant qu’il le fonde est de soi libre de ses gestes ; c’est pourquoi, l’homme doit compter « avec une parole éventuelle de Dieu rompant son silence et ouvrant ses profondeurs au regard de l’esprit fini ». (3) Et le théologien continue sur ce thème en affirmant qu’il « est le Dieu d’une révélation ou par la parole ou par le silence » (4).
C’est pour moi encore la trace de la pédagogie de Dieu. L’art de doser entre parole et silence, entre appel et temps de maturation, de discernement, voire de doute et de confirmation.
(1) Max Picard, die Welt des Schweigens, p 28 et 71
(2) cité par Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.123
(3) K. Rahner, L’homme à l’écoute du Verbe, trad. J. Holbeck, Paris, Mame, 1968, p. 165 (le plus beau livre de K. Rahner d’après Hans Urs von Balthasar).
Pour K. Rahner, l’homme se tient ontologiquement face à un transcendant qui, en tant qu’il le fonde est de soi libre de ses gestes ; c’est pourquoi, l’homme doit compter « avec une parole éventuelle de Dieu rompant son silence et ouvrant ses profondeurs au regard de l’esprit fini ». (3) Et le théologien continue sur ce thème en affirmant qu’il « est le Dieu d’une révélation ou par la parole ou par le silence » (4).
C’est pour moi encore la trace de la pédagogie de Dieu. L’art de doser entre parole et silence, entre appel et temps de maturation, de discernement, voire de doute et de confirmation.
(1) Max Picard, die Welt des Schweigens, p 28 et 71
(2) cité par Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.123
(3) K. Rahner, L’homme à l’écoute du Verbe, trad. J. Holbeck, Paris, Mame, 1968, p. 165 (le plus beau livre de K. Rahner d’après Hans Urs von Balthasar).
15 août 2007
Ascensionnel
Pour Hans Urs von Balthasar, il est important de trouver ce qui dans une spiritualité incarnée est authentiquement chrétien et de s’opposer à toutes ces prétentions des spiritualités « ascensionnelles extrabibliques » de détenir la vérité. (1)
Je vois ainsi le danger d’insister sur le fait que le décentrement, à la différence d’une sortie de soi, nécessite peut être une précision : le décentrement n’est pas pour moi désincarné mais seulement un changement de centre, un descente de tours, thème récurrent de ma trilogie « Chemins d’humanité, chemins vers Dieu » et qui fera l'objet d'un nouvel ouvrage en cours de finalisation : « Retire tes sandales !» où l’homme doit quitter sa prétention à être seul y compris dans l’ascèse pour s’ouvrir à une parole et un silence. La différence est ténue mais plus qu’importante.
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p. 119
14 août 2007
Silence - VI
La théologie négative conduit au silence. Après toute négation… Mais pour Hans Urs von Balthasar, « il y a au terme de la théologie chrétienne, une autre sorte de silence, celui de l’adoration, à laquelle la voix manque, à cause de l’excès du don ». (1)
Et le théologien nous présente un long plaidoyer sur les parallèles et les divergences entre une recherche néo-platonicienne et mystique du silence et les spécificités de la révélation chrétienne qui me conduisent à mettre des réserves sur tout ce que j’ai pu développer dans ces pages sur le thème du silence. Hans Urs von Balthasar insiste avec raison sur l’importance de la révélation et du verbe sans nier l’importance parallèle du silence de Dieu dans l’histoire de la révélation.
Je conclurais ainsi que le silence ne peut être qu’une introduction ou une conclusion à la Parole. Il l’introduit en préparant l’homme à l’écouter. Il conclut la Parole, en laissant à l’homme le temps d’y répondre.
Le pur silence peut être une tentation mystique et gnostique si l’on succombe à « l’échelle des émanations » pour tomber dans une voie de « purification » où l’on cherche à toujours plus se désincarner. Pour Hans Urs von Balthasar, « cette doctrine désincarnant la perfection a causé les plus grands ravages au Moyen Age et jusqu’au Temps Modernes (un saint Jean de la Croix n’en est pas exempt). « Contrairement à la ligne fondamentale chrétienne d’insertion dans le corps, un refus graduel de la corporéité devient alors le modèle non seulement de l’ascèse mais aussi en particulier des doctrines mystiques. A peu d’exception près, ce fut la perspective courante jusqu’aux Exercices spirituels de saint Ignace qui n’eurent pas assez d’influences pour contrecarrer la tendance néo-platonicienne. Il faudrait également rappeler saint Augustin qui, il est vrai, a des mots très durs dans ses Confessions, pour stigmatiser chez les néo-platoniciens l’absence de l’humilité condescendante du Christ, mais qui propose en contrepartie dans sa mystique un schéma ascendant très net du corps à l’imagination pour aboutir à la pure vision spirituelle et qui fut déterminant pour la postérité ». (2)
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p. 114
(2) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p. 118
Et le théologien nous présente un long plaidoyer sur les parallèles et les divergences entre une recherche néo-platonicienne et mystique du silence et les spécificités de la révélation chrétienne qui me conduisent à mettre des réserves sur tout ce que j’ai pu développer dans ces pages sur le thème du silence. Hans Urs von Balthasar insiste avec raison sur l’importance de la révélation et du verbe sans nier l’importance parallèle du silence de Dieu dans l’histoire de la révélation.
Je conclurais ainsi que le silence ne peut être qu’une introduction ou une conclusion à la Parole. Il l’introduit en préparant l’homme à l’écouter. Il conclut la Parole, en laissant à l’homme le temps d’y répondre.
Le pur silence peut être une tentation mystique et gnostique si l’on succombe à « l’échelle des émanations » pour tomber dans une voie de « purification » où l’on cherche à toujours plus se désincarner. Pour Hans Urs von Balthasar, « cette doctrine désincarnant la perfection a causé les plus grands ravages au Moyen Age et jusqu’au Temps Modernes (un saint Jean de la Croix n’en est pas exempt). « Contrairement à la ligne fondamentale chrétienne d’insertion dans le corps, un refus graduel de la corporéité devient alors le modèle non seulement de l’ascèse mais aussi en particulier des doctrines mystiques. A peu d’exception près, ce fut la perspective courante jusqu’aux Exercices spirituels de saint Ignace qui n’eurent pas assez d’influences pour contrecarrer la tendance néo-platonicienne. Il faudrait également rappeler saint Augustin qui, il est vrai, a des mots très durs dans ses Confessions, pour stigmatiser chez les néo-platoniciens l’absence de l’humilité condescendante du Christ, mais qui propose en contrepartie dans sa mystique un schéma ascendant très net du corps à l’imagination pour aboutir à la pure vision spirituelle et qui fut déterminant pour la postérité ». (2)
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p. 114
(2) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p. 118
13 août 2007
Théologie négative - V
Pour le Pseudo-Denys toutes les négations et suppressions « visent une affirmation dominant toutes choses » Cette forme de théologie, ajoute Hans Urs von Balthasar tend finalement vers la louange liturgique, la pure adoration. (1)
S’ouvre alors pour le théologien deux chemins ; celui de Bonaventure avec son excessus de l’amour au-delà de toute connaissance et celui de Thomas d’un Dieu contemplé par Dieu.
C’est le « chercher Dieu » des psaumes.
Il nous faut noter que dans certaines violences de l’Ancien Testament résident aussi la recherche de Dieu. Elle en constitue le balbutiement de toute la recherche de l’homme qui crie vers un Dieu qu’il ne pourra atteindre et croit le voir là où il n’est pas. Dépasser ce stade est possible mais il ne peut pas faire l’économie de notre propre recherche, des hauts et des bas de nos propres incompréhensions.
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.109
S’ouvre alors pour le théologien deux chemins ; celui de Bonaventure avec son excessus de l’amour au-delà de toute connaissance et celui de Thomas d’un Dieu contemplé par Dieu.
C’est le « chercher Dieu » des psaumes.
Il nous faut noter que dans certaines violences de l’Ancien Testament résident aussi la recherche de Dieu. Elle en constitue le balbutiement de toute la recherche de l’homme qui crie vers un Dieu qu’il ne pourra atteindre et croit le voir là où il n’est pas. Dépasser ce stade est possible mais il ne peut pas faire l’économie de notre propre recherche, des hauts et des bas de nos propres incompréhensions.
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.109
12 août 2007
Le connaître
Dieu est pour Henri de Lubac un « océan sans rivages » (1). Il y est donc l’infini inaccessible par excellence et pourtant le tout proche, parce qu’il a tout cédé dans le Fils. Il n’en reste pas moins que savoir que l’on ne connaît pas Dieu « représente le sommet de la connaissance humaine ».
(1) cité par Hans Urs von Balthasar, La Th. II, p. 107
(1) cité par Hans Urs von Balthasar, La Th. II, p. 107
11 août 2007
Théologie négative - IV
Voici un point de vue qui tempère l’affirmation catégorique citée dans mon premier billet sur ce thème : Pour saint Augustin : « La hauteur de Dieu au dessus de tout ne dépasse pas seulement notre discours, mais aussi notre pensée. Ce n’est pas un mince appoint pour notre intelligence, qu’avant de savoir ce que Dieu est, nous sachions ce qu’il n’est pas ». (1)
(1) Serm. Morin., Rome 1930, 47 cité par Hans Urs von Balthasar, La Th. II, p.107
(1) Serm. Morin., Rome 1930, 47 cité par Hans Urs von Balthasar, La Th. II, p.107
10 août 2007
Théologie négative - III
« Le fait même que, d’après la Bible, l’homme soit l’image de Dieu, que celui-ci ait imprimé son sceau au plus intime de l’homme, que cette image ait été rétablie et restaurée en Jésus-Christ, selon son modèle originel, tout cela empêche déjà que n’importe quelle négation subséquente n’ébranle le statut originaire de Dieu par rapport à l’homme. ».
Selon Grégoire de Nysse, il existe de ce fait une transcendance tout à fait originaire dans la nature de l’homme, un dépassement de soi vers l’infini puisque l’être image renvoie de par lui-même à un archétype inaccessible. (1)
Pour lui cette course vers Dieu qui fait aboutir à la vie en Dieu est si essentielle qu’il l’a fait continuer (comme d’ailleurs saint Irénée) dans toute l’éternité, sans que cela empêche notre béatitude. (2)
(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.105
(2) ibid p. 106
09 août 2007
Désir de Dieu
Selon Saint Thomas « toute chose désire naturellement Dieu de manière implicite et non explicite », (1) ou encore « tout être, en tendant vers ses propres perfections, tend vers Dieu » (2)
Certes, ajouterais-je, mais la difficulté est de raviver ce désir, parfois enfoui sous les sables du monde. "Désensablez la source", pour reprendre une expression chère à ma femme...
(1) De Ver. qu. 22, art 2c
(2) Sum. Th. I qu. 6, art. 1 ad 2 cité par Hans Urs von Balthasar, La Th. II p.106
Certes, ajouterais-je, mais la difficulté est de raviver ce désir, parfois enfoui sous les sables du monde. "Désensablez la source", pour reprendre une expression chère à ma femme...
(1) De Ver. qu. 22, art 2c
(2) Sum. Th. I qu. 6, art. 1 ad 2 cité par Hans Urs von Balthasar, La Th. II p.106
08 août 2007
L’idée de Dieu
«Préalablement à tous nous concepts, (...) l’idée de Dieu est en nous mystérieusement, dès l’origine » (1)
(1) H. de Lubac, Sur les chemins de Dieu, Cerf, 1983, p. 48s.
(1) H. de Lubac, Sur les chemins de Dieu, Cerf, 1983, p. 48s.
07 août 2007
Chercher
« Dans la relation de Dieu et de l’homme, aucun appel en effet ne retentit de façon plus constante dans l’Ancien Testament, répété 100 fois et décliné sous toutes ses formes, que celui de « cherche le Seigneur ». C’est comme si le rayon de la grâce, touchant ce qu’il y a de plus profond et de plus intime dans l’homme, avait mis à nu pour la première fois la plénitude de son être comme nature créée. Romain Guardini a certainement saisi un point décisif quand il dit qu’il n’y a pas seulement une nature et une grâce surnaturelle, mais qu’il existe aussi un troisième plan, celui des profondeurs de la nature qui ne s’éveillent que lorsqu’elles sont atteintes par la lumière de la grâce. Il écrit : « Il y a certaines réalités qui en soi appartiennent au monde (...) et qui n’émergent à la conscience qu’après avoir été ressaisies par les réalités correspondantes de l’ordre surnaturel » (1)
N’est-ce pas en quelque sorte le champ symphonique du monde, cette entrée en résonance qui fait de la création un miroir de Dieu.
(1) R. Guardini, Welt und Person, Würzburg, Werkbund 1952, 67
N’est-ce pas en quelque sorte le champ symphonique du monde, cette entrée en résonance qui fait de la création un miroir de Dieu.
(1) R. Guardini, Welt und Person, Würzburg, Werkbund 1952, 67
06 août 2007
Théologie négative - II
Au lieu d’un exercice méthodique de plongée en soi, on s’ouvre pour lui à une attitude d’adoration, échappant à toute méthode. Une obéissance nue, dans l’amour, envers un Dieu qui exige avec tendresse, remplace des approches et des ascensions systématiques. Abraham devient l’archétype de cette double attitude. (1)
C'est aussi pour moi le début du décentrement véritable...
(1) ibid p. 101
C'est aussi pour moi le début du décentrement véritable...
(1) ibid p. 101
05 août 2007
Théologie négative
La théologie négative, en sa première forme est le « plus solide bastion contre le christianisme ».
Je pense que le théologien critique là cet entêtement de la philosophie à définir Dieu par son absence... Au Dieu qui n'est pas, il oppose le Dieu qui s'est révélé...
A la différence, le Dieu de la révélation est pour lui le « Dieu qui a déjà saisi l’homme en recherche et qui lui adresse la parole, à la fois comme une grâce et comme une exigence, ceci coupe court à toute résignation devant l’inaccessible ». (1)
(1) Bathasar, ibid p. 101
Je pense que le théologien critique là cet entêtement de la philosophie à définir Dieu par son absence... Au Dieu qui n'est pas, il oppose le Dieu qui s'est révélé...
A la différence, le Dieu de la révélation est pour lui le « Dieu qui a déjà saisi l’homme en recherche et qui lui adresse la parole, à la fois comme une grâce et comme une exigence, ceci coupe court à toute résignation devant l’inaccessible ». (1)
(1) Bathasar, ibid p. 101
04 août 2007
Zen - Désaisissement et limites
Le dessaisissement exigé dans le zen serait pour beaucoup le meilleur moyen de vaincre la maladie moderne de l’anthropocentrisme sous toutes ses formes, idéalistes, matérialistes, technologique ou existentielle, et pour agir de façon créatrice dans le monde.
Mais pour Balthasar, le Zen se situe probablement au plus extrême opposé de ce que représente la quête de Dieu chez l’homme biblique. Pour l’Orient, la recherche du Dieu vivant se mue en une technique allant à la conquête de quelque chose qui se trouve au-delà de toute recherche. Dans la grande illumination, la vérité comme expérience est une présence qui comble : on a trouvé le secret et on à plus à chercher. En Occident, il demeure toujours quelque chose de la tension perpétuelle vers le but. Le théologien note d'ailleurs que Platon parle explicitement, en de nombreux endroits, de la nécessité et de la valeur de la recherche.(1)
Se repose la question souvent évoquée dans ces lignes de la valeur de cette prise de distance sur soi. Le désaisissement Zen n'est pas le décentrement. Dans le désaisissement, il s'agit pour moi de s'affranchir de toute réalité, alors que le décentrement consiste simplement à ne plus en faire une barrière, et donc à devenir ouvert sur autre chose, écoutant. La différence peut paraître ténue, mais elle est essentielle...
(1) Urs von Balthasar, ibid p. 99
Mais pour Balthasar, le Zen se situe probablement au plus extrême opposé de ce que représente la quête de Dieu chez l’homme biblique. Pour l’Orient, la recherche du Dieu vivant se mue en une technique allant à la conquête de quelque chose qui se trouve au-delà de toute recherche. Dans la grande illumination, la vérité comme expérience est une présence qui comble : on a trouvé le secret et on à plus à chercher. En Occident, il demeure toujours quelque chose de la tension perpétuelle vers le but. Le théologien note d'ailleurs que Platon parle explicitement, en de nombreux endroits, de la nécessité et de la valeur de la recherche.(1)
Se repose la question souvent évoquée dans ces lignes de la valeur de cette prise de distance sur soi. Le désaisissement Zen n'est pas le décentrement. Dans le désaisissement, il s'agit pour moi de s'affranchir de toute réalité, alors que le décentrement consiste simplement à ne plus en faire une barrière, et donc à devenir ouvert sur autre chose, écoutant. La différence peut paraître ténue, mais elle est essentielle...
(1) Urs von Balthasar, ibid p. 99
03 août 2007
Image du Dieu invisible - II
Dieu a fait la créature à son image et sa ressemblance pour qu’elle soit capable de l’intérieur et par sa grâce, de lui servir en quelque sorte de caisse de résonance où il puisse se dire et se rendre intelligible.
On retrouve la le thème principal de ma deuxième partie du le tome 2 de Bonheur dans le Couple...
(1) D'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 86
On retrouve la le thème principal de ma deuxième partie du le tome 2 de Bonheur dans le Couple...
(1) D'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 86
02 août 2007
Image du Dieu invisible
Le Christ est image (eikon). Il est pour Hans Urs von Balthasar, « l'image originale (…) définitivement érigée par Dieu lui-même, en vertu de quoi il était interdit à l’homme d’en sculter ! (...) Celui là seul qui s’est fait homme est appelé par antonomase « image du Dieu invisible » (Col 1,15) ou bien image de Dieu, en précisant que la Gloire de Dieu resplendit en lui (2 Co, 4, 4) ». Mais ajoute-t-il, Jésus n’est pas unilatéralement image comme reflet tombant d’en haut. S'il rend présent Celui dont il est l’image, il est aussi image en tant qu'achèvement ou restauration du caractère iconique de l’homme, perdu ou effacé par la faute. (1)
Alors si l'homme et la femme sont créés à l'image et la ressemblance de Dieu, c'est bien pour tendre à devenir signe "efficace" de cet amour du Christ. Pour aimer comme, comme nous le dit si bien Ephésiens 5. Quelle perspective....
(1) Hans Urs von Balthasar, ibid p.76
Alors si l'homme et la femme sont créés à l'image et la ressemblance de Dieu, c'est bien pour tendre à devenir signe "efficace" de cet amour du Christ. Pour aimer comme, comme nous le dit si bien Ephésiens 5. Quelle perspective....
(1) Hans Urs von Balthasar, ibid p.76
01 août 2007
Le tout autre...
Et cependant, comme le précise Balthasar, Jésus reste, même dans son humanité le tout-autre, l’unique, comme interprète du Père. (1)
C'est donc dans une tension entre la vénération du Christ en croix et l'imitation d'un homme que nous devrions nous situer. Et c'est pour moi une partie du "mystère" de l'incarnation, de ce don dans notre humanité d'un Dieu qui se penche pour nous relever. Jéshoua : Dieu Sauve.
(1) cf. ibid p.75
31 juillet 2007
Anthropomorphisme
« On a le choix. Ou l’on n’a pas d’anthropomorphisme ou un anthropomorphisme sans restriction, qui est alors une réduction humaine, générale et totale de Dieu (…) s’il a voulu être humain, qui pourrait objecter quoi que ce soit ? S’il descend lui-même de cette hauteur et fait cause commune avec la créature, pourquoi devrais-je moi, le retenir de force, sur cette hauteur ? Comment serait-ce moi qui l’abaisserais par la représentation de son humanité s’il s’abaisse de lui-même ? » (1) Pour moi cette kénose est un dialogue de sourds sans un décentrement de l’écoutant qui ne peut à défaut atteindre « une attitude d’écoute purement réceptive » (2)
Il y a donc un cheminement intérieur pour quitter ce qui peut être exaltant dans une vision de Dieu sur-homme et inaccessible, projection de tous nos phantasmes et le passage au réel, l'invitation à l'amour du prochain, l'action...
(1) Schelling, F.W. Brief an Eschermayer, 1812 dans Werke I,8 167-168 cité par Hans Urs von Balthasar, La Th. II, p. 74
(2), Hans Urs von Balthasar, ibid p. 75
30 juillet 2007
Suivre le Christ
Le Christ n’est pas un surhomme. "C’est justement ce côté inimitable qui doit être imité par ceux qui en connaissent le sens". (1)
A nous d'en décrypter le chemin par la manducation de la Parole, par la contemplation de la vie, mais aussi en réveillant en nous ce qui nous conduit vers lui.
(1) Balthasar, ibid p. 73
A nous d'en décrypter le chemin par la manducation de la Parole, par la contemplation de la vie, mais aussi en réveillant en nous ce qui nous conduit vers lui.
(1) Balthasar, ibid p. 73
28 juillet 2007
Dévoilement - IV (le mystère)
"Le mystère n’est pas une sorte d’au-delà de la vérité mais il en est la propriété permanente" (1)
C'est pour compléter le billet précédent, parce qu'il demeure un mystère dans la vérité révélée que subsiste notre désir, que nous sommes en chemin vers ce qui reste "la joie des bienheureux".
(1) Ibid p.71
C'est pour compléter le billet précédent, parce qu'il demeure un mystère dans la vérité révélée que subsiste notre désir, que nous sommes en chemin vers ce qui reste "la joie des bienheureux".
(1) Ibid p.71
27 juillet 2007
Dévoilement - III
Pour Saint Irénée : « le dévoilement n’est pas une totale mise en évidence » (1). A ce jour où nous contemplons ce merveilleux texte sur la rencontre de Moïse avec Dieu, on perçoit la subtilité de la révélation, progressive jusqu'à celle de l'homme-Dieu. Mais là encore, le Christ en croix n'est pas la Lumière infini de Dieu. Il est la pierre angulaire, l'unique médiateur de la lumière divine, tout en laissant l'homme libre du saut de la foi. En cela il reste pour moi chemin...
(1) Cité par Balthasar, ibid p. 70
26 juillet 2007
Dilection diffère de condilection
« il y a condilection à proprement parler lorsque deux amis en aiment un troisième dans une concorde de la dilection, dans une communauté de l’amour et que les affections des deux premiers s’unifient dans l’incendie de ce troisième amour » (1)
Pour Hans Urs von Balthasar, c’est seulement de cette manière que Richard dépasse la forme de l’amour déjà connue dans l’Antiquité et qu’il atteint celle du total oubli de soi, qui est la charité chrétienne, dont la perfection se trouve en Dieu. Dans cet amour, il voit aussi la plénitude de la Gloire.
(1) Richard de Saint Victor, De Trin. III, 19 cité par Hans Urs von Balthasar, Th II, p.40
cf. ibid II, 4 Hans Urs von Balthasar, Th II, p.40
Pour Hans Urs von Balthasar, c’est seulement de cette manière que Richard dépasse la forme de l’amour déjà connue dans l’Antiquité et qu’il atteint celle du total oubli de soi, qui est la charité chrétienne, dont la perfection se trouve en Dieu. Dans cet amour, il voit aussi la plénitude de la Gloire.
(1) Richard de Saint Victor, De Trin. III, 19 cité par Hans Urs von Balthasar, Th II, p.40
cf. ibid II, 4 Hans Urs von Balthasar, Th II, p.40
25 juillet 2007
Pesée relative
"Une once d'action vaut mieux qu'une tonne de théories...".(1) Cela renvoie à Pascal, qui après avoir publié ses pensées s'est retiré du monde pour vivre la charité auprès des plus pauvres. Ce blogue ne vaut rien s'il ne suscite en moi (ou en vous) de passer à l'action...
(1) Friedrich Engels
(1) Friedrich Engels
24 juillet 2007
Fécondité
La fécondité n’est pas seulement la loi propre de la vie organique mais également – idée reprise par Scheeben – celle de la vie spirituelle. Elle peut être, pour lui, engendrement dans le beau et par là même production d’un fruit (1).
On retrouve ce débordement de l'Esprit que je commentais dans la structure économique trinitaire. Je ne peux concevoir que le don du Père dans le Fils ne donne pas lieu à un débordement plus grand, qui reste intra-trinitaire. Il est fécond par essence, et nous en percevons les fruits, miettes d'un pain partagé, goutte d'un fleuve jaillisant, étincelle d'une lumière qui nous enveloppe...
(1) Cité par Hans Urs von Balthasar, ThII, p.63
23 juillet 2007
Pastorale
« Le devoir absolu de ceux qui sont parvenus à la plénitude de la foi est d’aider les autres à poursuivre la route » (1)
La grande difficulté est de trouver le moyen d'être passeur de Dieu, pour reprendre l'expression de Théobald. C'est l'une de mes préoccupations principales, celles qui a motivé la publication de "Chemins d'Humanité, chemins vers Dieu". Parce que l'on exporte pas ses convictions. On peut juste transparaître d'une lumière qui nous dépasse, mais qui est avant tout reçue et donc intransmissible sauf si celui qui en est à l'origine, trouve chez l'autre une porte d'entrée, qui sera peut-être différente de celle qui nous a donné accès à la lumière. Nous sommes des amateurs...
(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique II, p. 32
La grande difficulté est de trouver le moyen d'être passeur de Dieu, pour reprendre l'expression de Théobald. C'est l'une de mes préoccupations principales, celles qui a motivé la publication de "Chemins d'Humanité, chemins vers Dieu". Parce que l'on exporte pas ses convictions. On peut juste transparaître d'une lumière qui nous dépasse, mais qui est avant tout reçue et donc intransmissible sauf si celui qui en est à l'origine, trouve chez l'autre une porte d'entrée, qui sera peut-être différente de celle qui nous a donné accès à la lumière. Nous sommes des amateurs...
(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique II, p. 32
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