On ne peut décider d'avance du plan d'ensemble de Dieu; il faut que le Verbe divin le révèle progressivement à l'homme appelé à la maturation de la connaissance parfaite (cf. Irénée, ibid VI,I).
Pour Irénée : "Le drame consiste en ce que la liberté humaine est considérée essentiellement comme liberté en devenir qui doit faire l'expérience de son éloignement contre nature par rapport à Dieu afin de parvenir ainsi à la connaissance intime du Bien, c'est-à-dire l'amour divin. L'expérience de la souffrance, indispensable à l'homme pour que sa liberté mûrisse intérieurement peut, alors même qu'il se détourne de Dieu devenir source du salut du fait que le verbe de Dieu (...) endure sur la croix, réellement et jusqu'en sa profondeur, cette souffrance de l'éloignement." (1)
Cela éclaire un peu pour moi ce qui restait le mystère de l'abandon de Dieu par Dieu. Pour que l'humanité du Christ soit complète et que son incarnation ne soit pas un simulacre, il fallait qu'il ressente en sa chair ce que nous ressentons au plus fort de la douleur, ce sentiment d'abandon de Dieu. Et c'est en cela que le Christ est vrai homme (mais aussi vrai Dieu) comme l'affirme notre credo.
Il y a donc un chemin possible pour l'homme, au plus profond de sa souffrance et le Christ nous en montre la voie, à travers ce combat et surtout par l'ouverture que donne en nous le message de la résurection...
(1) Irénée, cité par Urs von Balthasar, ibid p. 121
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