Pourquoi Dieu crée-t-il des êtres capables de lui désobéir ?
La réponse de saint Irénée serait que "c'est parce que la liberté finie devait d'abord faire l'expérience de sa finitude et de son indigence, mesurer tout l'espace de ses possibilités afin d'apprendre par l'expérience (peira) qu'elle ne peut s'accomplir qu'en suivant le conseil et l'inspiration de Dieu." En cela note Balthasar l'expérience du fils prodigue est au coeur du plan de Dieu à la différence du bien acquis sans effort qui n'a aucun attrait. Mais pourquoi le salut est-il arrivé si tardivement dans le temps ? Saint Irénée répond qu'il fallait d'abord que mûrisse l'expérience (cf. ibid, IV 38,1,4) c'est alors que le regard se tourne vers la liberté infinie pour affirmer en elle les attributs de générosité et de longanimité. (1) Il y aurait donc une pédagogie de Dieu qui laisserait l'homme jouir de sa liberté tout en le couvant de sa présence, de biens et de dons, de signes et d'appels. Mais en ne le forçant jamais. Pourrait-t-on aller jusqu'à dire que la liberté de l'homme n'est pas finie par le fait de Dieu mais par l'extérieur. Dieu ne veut pas que le choix ne soit pas intérieur, ce qui enlèverait à l'homme tout mérite, mais face à ce qui le détourne, il le comble de grâce, afin que jamais il ne puisse in fine ne pas avoir la force de se tourner vers lui.
Ainsi, selon Clément d'Alexandrie, Dieu ne nous contraint jamais. Il veut que nous soyons sauvés en vertu de notre propre décision.
La liberté de l'homme est donc de son fait. Pour Grégoire de Nysse, cette liberté humaine est sa dignité, ce qui fait de lui un roi : "Nous sommes nos propres géniteurs puisque nous faisons ce que nous voulons être" (44, 328B) (2)
C'est sa liberté de choix qui fait de l'homme le véritable partenaire de Dieu ; c'est parce qu'il n'est pas Dieu qu'il peut être image de Dieu et semblable à Dieu.
(1) d'après Urs von Balthasar, ibid p. 186
(2) cité par Balthasar, ibid p. 188
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