Quelques milliers de notes et réflexions interactives sur la vie et la foi, à partir de lectures souvent théologiques et à la lumière d'un Autre... Petit "blog" catholique d'un apprenti théologien (Bac canonique), perdu dans l'immensité de la toile... (ordonné diacre en septembre 2018)...
20 mars 2007
Littérature…
Julien Green, Journal 1943-1945, Plon, Le Livre de Poche, 1949, p. 41
17 mars 2007
Distance - II
Cela rejoint à mon avis ce que dit Balthasar quand il parle de créer un espace, une distance pour qu'il y ait don de soi et mouvement, échange entre "vouloir" et "laisser l'initiative".
Dans l'espace qui existe entre les Personnes se place le champ infini de la fécondité et de la richesse inventive de l'amour divin" (1) qui va jusqu'à "laisser le Fils libre dans l'espace infini de sa propre liberté filiale et de sa souveraineté divine. Ainsi le Père veut-il de toute éternité se laisser surpasser par l'amour du Fils" (2)
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 83
(2) ibid p. 84
Obéissance divine
C'est peut-être pour cela que l'utilisation même du mot est un anthropomorphisme. De même que l'on ne peut comparer la justice divine (celle de l'ouvrier de la dernière heure) à nos réflexes humains, on ne peut comprendre l'obéissance selon nos critères (servilité et esclavage) alors qu'il s'agit de la forme la plus mystérieuse de l'amour trinitaire.
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 81
Pauvreté et disponibilité
Jean Sulivan, Itinéraire spirituel, Gallimard 1976, Folios, essais, p. 240
16 mars 2007
Réel ou virtuel…
Quand Théobald, affirme que la "Révélation est une fenêtre ouverte vers le réel" (1) cela fait résonner en moi tout un chemin de possible, entre l'utopie constante de nos rêves et cette réalité que nous fuyons sans cesse, ce quotidien auquel nous voulons échapper. La révélation, ce serait cette présence de l'autre qui m'interpelle, par sa présence voire sa souffrance et que je ne peux ignorer dans ma rêverie solidaire… La révélation serait ce chemin qui conduit de l'autre à celle de l'Autre, qui se révèle dans la nudité d'un corps décharné, sur une croix où le sens du virtuel s'arrête pour laisser place au réel…
Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 22
15 mars 2007
Dis seulement une parole et je serai guéri..., saisi
Je suis convaincu que la révolte contre le christianisme est due en grande partie à la prétention, visible ou dissimulée, qu'ont les chrétiens de posséder Dieu, et à la perte de l'élément d'attente, si décisif chez les prophètes et les apôtres. Ils ne possédaient pas Dieu, ils l'attendaient.
Car comment Dieu peut-il être possédé ? Dieu est-il une chose qui peut être saisie et connue parmi d'autres choses ? Dieu est-il moins qu'une personne humaine ? Un être humain, on doit toujours l'attendre. Même dans la communion la plus intime entre des êtres humains, il reste un élément de non-possession, de non-connaissance et d'attente.
Le moyen d'avoir Dieu, c'est de ne pas l'avoir.
Paul Tillich, Les fondations sont ébranlées, Morel, 1967, p. 206
Confiance et fraternité…
13 mars 2007
Sortir semer
Il nous faut semer largement ajoute-t-il, "sans souci d'efficacité ou de rentabilité – qu'elle soit immédiate où à long terme. Ne pas se soucier d'abord du terrain, de sa réceptivité mais semer parce que j'ai du grain à partager et qu'il ne peut rester au fond du silo"
(1) Olivier Fröhlich, Pour que notre joie soit complète…Proposer la bonne nouvelle aux jeunes, in Une nouvelle chance pour l'Evangile, p.157
10 mars 2007
Ecoute et obéissance
Pour lui, la valeur de l'Écriture n'est pas d'abord pédagogique, morale ou dialiectique mais sotériologique. "Elle donne le salut par la foi" (2) et rend capable de charité, d'accomplir le bien (cf. 1 Tim 3,17). Ce pouvoir est fondé pour lui par l'action de l'Esprit qui de ses énergies accompagne l'Écriture et donne le salut à qui s'en approche dans la foi. (3)
(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 71
(2) Paul Beauchamp, Parler d'Écritures Saintes, Seuil Paris, 1987 p. 14
(3) E. Bianchi, ibid. p. 74
22 février 2007
Parole et hyperbole
(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 70ss
(2) cf. Autrement qu'être et au-delà de l'essence.
PS : Nous réduirons volontairement l'activité de se blog pour se concentrer sur notre proposition de lecture commune de la Parole...
21 février 2007
Lire l'Ecriture et voir le visage de Dieu...
Pour Vatican II (DV 18), l'Evangile possède une supériorité méritée, en tant qu'ils constituent le témoignage par excellence sur la vie et l'enseignement du Verbe incarné, notre Sauveur". Ainsi pour E. Bianchi, toute lecture de l'Écriture doit être une écoute intégrale de l'Écriture, c'est-à-dire une "recherche du visage du Christ". Ainsi chaque pierre devenant des pierres de construction de la cathédrale du Verbe (2)
(1) Augustin, Enarr. in Ps CV 36 62
(2) Enzo Bianchi, ibid. p. 63
PS : Reprise aujourd"hui, Mercerdi des Cendres, de notre "Lectio Divina". N'hésitez pas à participer par vos commentaires, dans la lignée de ceux de l'an dernier.
Nécessaire distance
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 81
Expérience de la vie en soi
(1) Pierrette Daviau, Spiritualité d'engendrement et praxis pastorale, in Une nouvelle chance pour l'Evangile, p. 142
20 février 2007
Illumination réciproque
Il rejoint ainsi ce qu'il citait à propos de la métaphore d'Origène sur la Maison-Bible. J'ajouterais que l'Écriture permet en retour de trouver un sens à la Passion. La kénose du Christ éclaire celle tracée depuis deux mille ans dans l'Écriture, et en soulevant délicatement le voile, fait transparaître les traces de Dieu dans l'histoire. Quand on se dit qu'en lisant l'Écriture on lit sa propre histoire, on boucle d'une certaine façon la révélation. Dans notre histoire, un long regard en arrière permet de percevoir la trace de Dieu, même s'il nous échappe dans le présent de nos vies, de peur de forcer notre liberté de croire.
(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 62
Véritable filiation
En soi, la distance n'est pas opposition mais permet de maintenir l'originalité de l'être et l'agir de chaque personne "pour fournir le fondement, à l'intérieur de la Trinité, de ce qui sera dans l'économie du salut l'établissement d'une distance pouvant aller jusqu'à la déréliction de la croix" (2)
Je compare cela à la notion de chasteté entre deux personnes, cette distance essentielle qui laisse l'autre être, au delà de l'amour que l'on porte...
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 79
(2) ibid p. 81
Balises : distance, Balthasar
Une nouvelle voie
Rappelons à ce sujet, Gaudium & Spes (§17) : La dignité de l'homme exige donc de lui qu'il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d'une contrainte extérieure. (…) Ce n'est toutefois que par le secours de la grâce divine que la liberté humaine, blessée par le péché, peut s'ordonner à Dieu d'une manière effective et intégrale". En cela, on ne peut discerner pour eux mais avec eux…
(1) Louis-Marie Chauvet, cité par Sophie Tremblay, in le dialogue pastoral revisité , Une nouvelle chance pour l'Evangile, p. 130
(2) Sophie Tremblay, ibid, p. 130
19 février 2007
Parole - Sacrement
Je souscrit à cette analyse et insisterait peut-être, dans l'actualité pastorale d'aujourd'hui sur cette mésinterprétation. Si nous donnions plus de place à la lecture communautaire de la Parole, nous permettrions à tous, laïcs comme prêtres de donner un sens véritable à l'Eucharistie, au sens visé par Ruppert de Deutz.
L'Écriture, continue-t-il est donc "sacrement, signe doté d'un élément sensible qui contient et manifeste le mystère du Christ, lieu d'une rencontre véritable (…) l'Écriture réalise ainsi cette dynamique de 1) l'écoute, 2) la connaissance et 3) l'amour". (2)
Pour lui, la structure sacramentelle de l'Écriture est inséparable de la structure sacramentelle de l'Eucharistie. D'une certaine façon, l'Écriture est une réalité liturgique et prophétique, elle est annonce (kérygme) avant d'être livre, le témoignage de l'Esprit Saint sur la venue du Christ dont le moment privilégié est la liturgie eucharistique. (3) Il souligne qu'une authentique expérience de communion avec le Christ peut avoir lieu dans la lectio divina personnelle (et à plus forte raison communautaire), nous en faisons l'expérience à travers toutes ces expériences où nous écoutons le Verbe de vie.
(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 49
(2) ibid. p. 50 (3) p. 52
Amour trinitaire
On est loin là encore de la notion d'obéissance servile. C'est peut-être d'ailleurs à cette communion où nous invite le Fils : "je ne vous appelle pas serviteurs (doulous) mais amis (philous)" (Jean 15,15).
Ainsi pour Balthasar, l'accomplissement actif et l'acquiescement passif sont à eux deux, les fondements de l'unité de Dieu dès l'origine, comme ils les sont de toute action et contemplation. Pour lui, cela est vrai aussi bien au sein de l'essence divine que dans le monde créé : "c'est la distance toujours plus grande et pourtant toujours surmontée, entre les Personne qui fonde la contemplation mais cette distance est à son tour fondée sur elle". (2)
Relire à ce sujet l'excellent livre de Jean-Luc Marion : "L'idôle et la distance" qui m'avait beaucoup éclairé en son temps sur le paradoxe de la distance et de la proximité.
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 75-76
(2) ibid p. 77
Le dialogue pastoral
Il me semble que cette piste n'est pas à ignorer, non que l'on pense que la grâce du sacrement n'est pas efficiente, mais dans la mesure où la liberté de la démarche prime sur tout, afin de mettre en condition au travail de la grâce, celui qui nous échappe, parce qu'il vient de Dieu...
(1) Benoît Malvaux, Plaidoyer pour pratiquer l'ouverture sans brader. Pour une approche positive de la diversité, Une nouvelle chance pour l'Evangile, p. 123
18 février 2007
Le pain des Écritures
(1) Ruppert de Deutz : Commentaire de saint Jean, VI cité par Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 48
Kénose trinitaire
Dans la distance de la génération passive se trouve déjà la possibilité du retour vers le Père. Je trouve que cette théologie trinitaire a des couleurs d'une esthétique, d'une poétique qui est au-delà de l'apparente utopie de l'amour qui se semble se dessiner aux yeux des hommes. Il y a la les germes d'une interpellation, d'une hyperbole qui nous pousse au-delà de nous-mêmes.
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 71 à 73
(2) Bonaventure, Sentences, dist. 7, dubium 7 (I145s)
Le semeur
Dans une société marquée par la rentabilité, la productivité, cette approche nous interpelle sur notre façon d'agir. Souhaitons nous gagner des âmes à notre cause où laisser le Christ agir, à sa manière, à sa vitesse, dans le respect de chaque personne humaine, avec la tendresse de Dieu...
Encore un décentrement.
(1) d'après Odile Ribadeau Dumas et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 106
Rappel :
- Pour recevoir par mail les billets de chemins de lecture, cliquez ici
- Reprise de notre lectio divina sur l'Evangile de Jean, le 21 février...
17 février 2007
Manger la Parole
Peut-être que la réalité sacramentelle sera plus vivement perçue quand nous aurons donné le goût à la chair/parole par l'intelligence de la foi et sous la conduite de l'Esprit.
(1) In Ps CXL VII
Le don – V, Florilèges
Richard de Saint Victor : "En Dieu, l'unité et la distance ne sont pas contraires."
Hans Urs von Balthasar : "Si Dieu est défini comme amour, il est en soit don parfait de lui-même" (1)
Sans commentaires
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 69-70
Lecture
(1) d'après Odile Ribadeau Dumas et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 104
16 février 2007
Tooujours plus - II
Pour lui, il n'y a pas lieu d'exclure de la vie de Dieu quelque chose qui serait analogue à ce qu'est dans l'amour humain, l'instant vital de l'éblouissante surprise. En ce sens, le Fils né du Père surpasse pourrait-on dire, par avance, les attentes les plus audacieuses du Père.
Je trouve que cette notion est bien supérieure à la vision de l'obéissance, telle que présentée par Dei Verbum. C'est toute la force du Me Voici où deux amants se rejoignent dans l'innovation d'un toujours plus. C'est l'hyperbole qu'évoquais déjà Ricoeur et Beauchamp, tirée par l'ancre de l'espérance en l'autre. Cela rejoint d'une certaine manière ce texte qui m'accompagne depuis le jour de mon mariage : "Oubliant le chemin parcouru, je me laisse saisir par le Christ" (Phil 3), qui est à l'image de ce toujours plus de Dieu…
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 66
La table de la parole
De ce fait, nous sommes appelés à une écoute mutuelle et bienveillante, une recherche commune, tout en conservant la rigueur du texte et attachant une importance particulière à son interprétation dans le respect de la Tradition vivante de l'Eglise.
15 février 2007
Voile - III
(1) cité par Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 42-34
Le Don - IV
Il y a donc un mystérieux échange trinitaire qui fait transpirer pour moi la triple kénose des personnes divines. Le Père s'abandonne au Fils qui s'abandonne par amour du Père et se transmet par l'Esprit. Je retrouve ce que Maurice Zundel décrivait comme un "Dieu à une distance infinie de lui-même", un don parfait.
Cela rejoint Grégoire de Nysse qui affirmait que stabilité et mobilité sont comparables. "Plus quelqu'un demeure fixe et inébranlable dans le bien, plus il avance dans la voie de la vertu. Sa stabilité est pour lui comme une aile".
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 64
(2) Grégoire de Nysse, Vie de Moïse, PG 44, 405 BD, trad. J. Danièlou, Sources chrétiennes, 1, 146-147
Les limites du dogme
(1) d'après Odile Ribadeau Dumas et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 98
14 février 2007
Double kénose - II
Le don - III
"Le don de soi absolu est au-delà de la puissance et l'impuissance : l'un et l'autre est intrinsèque au surgissement de l'être. S'il y a substance, c'est en vue d'une transsubstantiation et d'une communion. Ainsi, l'on voit qu'à partir de ce point de vue l'immutabilité de Dieu et l'amour de Dieu se laissent parfaitement réconcilier." (2)
Dieu dont l'amour est infini peut donc sans changement vibrer au sein même de sa divinité dans l'éternel échange trinitaire.
(1) K. Hemmerle Thèse sur une ontologie tinitaire, p. 39, 61, 47 cité par Hans Urs von Balthasar, DD IV, p. 62
(2) ibid p. 63
Le plaisir de savoir
(1) d'après Odile Ribadeau Dumas et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 95
13 février 2007
Lire l'Ecriture
(1) d'après Odile Ribadeau Dumas et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 95
12 février 2007
Double kénose
Enzo Bianchi, ibid p.41
Esthétique
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 61
Dépassement
a) Percevoir la création comme étant toujours "à venir", à la différence d'une vision qui se fige sur une interprétation littérale du Dieu créateur de l'homme "porteur du mal"…
b) voir l'éthique chrétienne comme une "permission sans limite mais dans la responsabilité", et non comme le lieu d'un interdit stérile,
c) concevoir l'homme debout comme une priorité (le sabbat est pour l'homme et non l'homme pour le sabbat),
d) voire la croix comme le signe d'un renversement : la croix montre jusqu'ou peut aller le mal et jusqu'ou peut aller le bien (là où le péché à abondé, la grâce à surabondé – Rom 5,20) (1) On peut voir à ce sujet l'analyse de Ricoeur (2) qui parle de l'hyperbole qui "suscite notre imagination et nous permet d'accéder à une nouvelle règle en recevant l'enseignement de l'exception".
e) Percevoir la Trinité comme lieu de communion entre donner (Dieu) et Recevoir (Fils) et le lien entre les deux par l'Esprit.
Faire passer ce message, c'est permettre de sortir d'une vision étriquée de l'Eglise comme lieu d'interdit ou de défendu et remettre l'Evangile au cœur du message.
(1) André Fossion, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p.85
(2) Equivalence et surabondance, les deux logiques, une lecture de Rom 5, Paul Ricoeur, in Esprit Mars-Avril 2006, p. 167 – 173
11 février 2007
Le Don – II, Des fleuves d'amour
Pour saint Thomas ces fleuves sont en quelque sorte "le flux de l'éternelle procession selon laquelle le Fils procède du Père et le Saint-Esprit procède de manière ineffable à la fois de l'un et de l'autre. Ces fleuves restaient caché dans les vestiges des créatures et dans les énigmes des Ecritures. En s'incarnant, le Christ les a rendus manifestes"
(1) Saint Thomas, Commentaires sur les sentences.
Deux approches complémentaires
(1) André Fossion, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 81
10 février 2007
Kénose de la Parole
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Comme, lors des Rameaux, l'ânon porte le Christ, l'Esprit porte la Parole de Dieu. Ainsi pour Enzo Biancha, sous la conduite de l'Esprit, La Parole "s'enfonce à travers la lettre" pour atteindre la profondeur du Mystère où à lieu la rencontre avec lui". C'est pourquoi l'interprétation traditionnelle de l'Écriture a toujours fait appel à l'analogie de l'incarnation (1)
On rejoint pour moi la thèse de Soloviev de la double kénose, déjà évoqué dans ces pages...
(1) Enzo Bianchi, Ecouter la Parole, p. 41
Trinité
D'une certaine manière, je rejoins ce que disait la grande Scolastique, qui voyait la création comme inscrite dans la Trinité comme dans son présupposé inconditionnel. Pour elle, la possibilité de création repose sur la réalité de la Trinité. "Un Dieu qui ne serait pas trinitaire ne pourrait être créateur." (2)
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 47
(2) ibid p. 55
Construire une église en "open source"
(1) André Fossion, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p.81
09 février 2007
Le Don – I, Toujours plus
Cet avenir qui nous fait retrouver la force au-delà de nos servitudes et de nos petitesses, qui nous donne la force d'aimer est autre chose que le futur, c'est l'union de notre foi et de notre espérance. Elle apparaît comme "cette ancre (agripan) jetée au-delà du voile du Temple (Heb 6,19)" qui nous tire vers Dieu et nous invite à la confiance.
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 46
Révélation
Je pense que nous sommes effectivement invité à entrer dans cette dynamique du recevoir... Un saut dans l'inconnu auquel Dieu nous invite. Je te reçois et je me donne à toi... Tout est dit...
(1) Christoph Théobald, ibid p. 60-61
Nouvelle vision de l'Eglise
La difficulté dans cette ouverture sera de maintenir l'unité. On peut voir à ce sujet ce que je reprenais plus haut chez Ratzinger qui comparaît certaines communautés à un "vaisseau spatial qui a coupé tout lien avec la terre". L'art est dans le maintien du lien, qui n'est ni rigide, ni trop lâche…
Jean Marie Donegani, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 45
08 février 2007
Liberté
On est pour moi au cœur du mystère, celui qui conduit à s'interroger sur les conditions mêmes de cette liberté. Sommes nous véritablement aptes à faire un choix libre ? Le faisons nous véritablement ? Et quid de ceux pour qui ce choix est plus difficile parce qu'ils n'ont pas reçu ce que nous avons reçu, ceux que la vie a marqué de mille façon et qui n'ont plus de raison d'espérer. Peut-on alors les condamner à la réprobation alors qu'ils ne sont pas responsables ?
D'une certaine manière, je crois qu'il faut se placer dans la position du fils ainé dans le texte du fils prodigue ? Prendre conscience que l'on a reçu beaucoup du Père et que ce qui est à lui est à nous et, fort de tout cela, devenir aidant pour ceux qui n'ont pas reçu, sans violer leur liberté, mais parce que Dieu a besoin de nos mains, de nos voix pour les aider sur le chemin… La miséricorde de Dieu passe par nos mains, mais pas uniquement ? Nous sommes des serviteurs quelconques et Dieu profitera de nos efforts et compensera nos incompétences…
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 45
NB : Parallèlement à notre lecture d'Une nouvelle chance pour l'Evangile, nous poursuivrons nos commentaires de la Dramatique Divine avec ici le dernier tome de cette partie de la trilogie...
07 février 2007
Dogme et écoute mutuelle
Ces propos sont peut être un peu durs, mais ils interpellent le cœur de notre situation pastorale. A quoi sert de prêcher le dogme si nous ne vivons pas les valeurs évangéliques, pourrait-on dire. Mais à l'inverse, peut-on encore vivre ces mêmes valeurs, sans se retrouver structurer dans un cadre, une structure qui limite le "vagabondage" de la pensée et la recentre sur l'Evangile. Cela rejoint pour moi les propos entendus lors d'une homélie de Mgr Perrier en 2000 où il distinguait le problème de la rigueur personnelle de l'ouverture pastorale. Pour être aimant vers l'autre, il faut se contenir soi-même. Mais cette rigueur n'est pas une obéissance aveugle, elle doit résulter d'un travail sur soi, un travail de liberté.
Jean Marie Donegani, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 44
Le dire et le dit...
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Selon Dei Verbum : "Les Saintes Écritures contiennent la Parole de Dieu et parce qu'elles sont inspirées, elles sont réellement parole de Dieu. n°24
L'Écriture Sainte est parole de Dieu en tant qu'elle est consignée par écrit sous l'impulsion de l'Esprit divin. Elle n'est pas directement parole de Dieu mais ne l'est qu'en conjonction avec l'Esprit Saint nous dit Enzo Bianchi. (1). Cela rejoint pour moi la différence entre la notion du Dire et du dit chez Lévinas. Le Dire est plus large nous dit-il que tout ce que le dit peut exprimer.
E. Bianchi, ibid p. 39
Le même héritage
Eph 3, 5
La force de l'Evangile
Doit-on préparer l'avenir ou prolonger le passé ? Comment engendrer de nouvelles personnes à l'Evangile ? Après un constat difficile sur la réalité paroissiale française les auteurs s'interrogent. Et si nous entrions dans un autre dynamisme qui ne serait plus fondé sur le seul sacrement mais sur des "cellules ecclésiales de partage d'Evangile (…) pilier et pôle structurants" (1) plus que les pratiques sacramentelles d'antan ?
On peut trouver que ces propos relèvent de l'utopie. J'ai tendance à considérer qu'il y a là cependant une direction pastorale intéressante, qui ne doit pas pour autant remettre en cause le sens même de l'eucharistie, mais ouvrir en parallèle des lieux de rencontre, d'intelligence de la foi qui permettent de faire grandir l'homme…
La pratique de la parole de Dieu aurait ainsi une autre résonance. A partir de la rencontre entre Dieu et l'homme au sein d'une alliance (2), son interprétation par l'exercice de la mémoire puis de l'écriture trouverait une autre dimension dans la lecture (3), chemin d'interpellation finale de la transmission kénotique de Dieu à l'homme : La Parole de Dieu n'est pas une parole directe, elle se fait chair pour être entendue par le cœur de l'homme.
(1) d'après Odile Ribadeau Dumas et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 91-92
(2) ibid p. 93
(3) cf à ce sujet, P. Ricoeur, Mémoire, Histoire, Oubli, in la Revue Esprit, Mars Avril 2006 p. 20-29
NB : Nous commençons ici la lecture commentée d'Une nouvelle chance pour l'Evangile, vers une pastorale d'engendrement, sous la direction de Philippe Bacq, sj et Christoph Theobald, sj, Lumen Vitae, Novalis, Editions de l'Atelier, Bruxelles 200406 février 2007
Marie
Pour Balthasar, la mort commune de Jésus et de Marie (mort physique pour l'un et mort spirituelle pour l'autre) s'est faite "séparés l'un de l'autre mais c'est justement par là aussi que s'accomplit le mystère de la fécondité suprême de l'amour entre l'homme et la Femme, la prend naissance l'eucharistie et se développe le sein ecclésial qui la reçoit". En un sens, à la suite de Marie, nous ne pourrons vivre et souffrir ce qu'a vécu le Christ, mais notre communion est eucharistie...
Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3, L'action, Culture et Vérité, trad. Robert Givord et Camille Dumont, Namur 1990, p. 466
Ecriture et Charité
Saint Jérome rajoute : "Les Écritures sont utiles à ceux qui les lisent que lorsque l'on met en pratique ce que l'on lit" (1). Pour Bianchi, on ne comprend l'Ecriture qu'à mesure qu'on la vit, distinguant à ce sujet l'Inter-legere (entre les lignes) et l'Intus-legere (en profondeur), pour "aller au-delà du verset" (Lévinas) (2).
(1) Saint Jérome, In Mich, I, 2
(2) cité par Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 27
Obéissance - II
On ne peut comprendre l'expiation que si l'on comprend l'importance de la déréliction au centre même du mystère trinitaire. Pour Balthasar, il faut comprendre "le caractère imposé de ce que Jésus au jardin des Oliviers appréhende comme au delà du supportable mais qu'il assume dans une obéissance aveugle remonte en fin de compte à une décision trinitaire du salut : ainsi le Fils, à ce moment obéissant, y a participé et y participe encore activement autant que le Père et l'Esprit. En un certain sens, il y participe même de la manière la plus active car dans le dessein trinitaire, il a fallu une offre de soi, un réelle initiative parte de lui. Ce qu'il supporte finalement par expiation comme le plus éloigné de sa nature est, sous cet aspect, ou bien le plus propre et qu'il a prémédité pour lui-même"
05 février 2007
Lecture spirituelle
Pour Bianchi "L'Esprit est exégète de la Parole et du silence du Christ (…) il conduit à la plénitude de la Vérité" (3). Il va même jusqu'à affirmer que sans le témoignage des Ecritures, l'événement pascal serait muet, il ne serait que la constatation d'un tombeau vide. (4)
(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 19
(2) ibid. p. 27, (3) p. 20, (4) p. 23
Obéissance
Pour Hans Urs von Balthasar, la mort des Justes (Camus) est orgueil parce qu'elle est choisie à la différence de celle de Jésus, qui n'est pas de l'orgueil "puisqu'il en abandonne l'heure au Père". Ce n'est pas lui qui prend l'initiative de se charger du poids des péchés; il s'en laisse imposer le fardeau dans l'heure et par l'heure. Il ne pourra donc déployer aucun héroïsme, en se montrant capable de prendre la charge : celle ci est pour lui tout simplement insupportable et il ne peut l'accepter que parce qu'il vit dans l'obéissance à la volonté du Père. C'est l'obéissance qui donne le poids à tout et la différencie de l'orgueil.
04 février 2007
Le cadeau de la Liberté - II
Comment enraciner, chez celui qui ne connaît pas et ne cherche qu'une liberté de pure autonomie (qu'elle soit individuelle ou sociale), une liberté tout autre, donnée par Dieu et tournée vers lui. "Ce n'est pas impossible dit Hans Urs von Balthasar, puisque le Christ rejeté par le monde a envoyé les apôtres parmi les loups (Mt 10,16) " (1) . Pour lui, telle est la possibilité de la grâce donnée par le Christ malgré la fermeture du monde à toute grâce.
(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p. 443
03 février 2007
Non-dits
E. Bianchi nous pointe du doigt tout ces non-dits de l'Ecriture en affirmant que la "Vérité est mystère". (1)
Je ne peux que faire ici écho de nos lectures parallèles de Balthasar qui souligne après Soloviev combien la kénose est aussi partie intégrante de l'Ecriture, signes et traces du Verbe. Cela ne fait que rebondir avec l'interprétation d'Origène citée plus haut sur les multiples clés de la "Maison-Bible"…
Pour Bianchi, l'Esprit est l'herméneutique du non-dit, envoyé pour éclairé le mystère. C'est pourquoi, affirme-t-il, "nous ne sommes pas la religion du livre mais la religion de l'interprétation" (2). Cela renforce, pour moi, l'importance des réflexions sur l'importance d'une intelligence de la foi, tout en restant, en parallèle, une révélation de notre liberté. Car, de fait, qui dit kénose dit liberté.
(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 14
(2) ibid. p. 18
Semblable au péché
Pour Hans Urs von Balthasar, le Logos lui-même a revêtu "une chair semblable à celle du péché " (Rm 8,3), c'est à dire la chair de l'adam déchu, afin que le "monde soit condamné dans la chair". Il en résulte de là que le chrétien, "dépassant la liberté d'Adam est libéré des liens d'une liberté restreinte à ses propres limites ; il reçoit par le Fils la liberté des enfants de Dieu. Mais cela avec le paradoxe qu'en tant que créature nouvelle, il doit continuer à vivre dans les contraintes de l'ancienne créature jusqu'à ce que l'espérance soit transformée en la vision de la chose elle-même". Notre chemin s'inscrit dans cette liberté là. Il nous faut faire fi de ces esclavages de l'homme ancien pour revêtir des vétements neufs, malgré tout ce qui nous tire dans l'ancien monde... Est-ce là le Décentrement véritable... ?
(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p. 443
02 février 2007
Dieu et le monde - III
Pour Balthasar, "Jésus possède cette liberté (...) pour poser en lui les signes du Royaume qui le transcende". D'une certaine manière, sa remise totale à la vérité du Père est une liberté qui lui permet " de prendre en charge tous les cotés négatifs du rejet dont Jésus fut victime au calvaire, elle lui permet justement de prendre sur lui, librement, par obéissance, ce refus et cette fermeture du monde si étroitement liée à la mort, pour qu'à son terme le vieil Adam fasse retour à son vrai commencement dans le nouveau. Tel est le mystère du "Pour nous", celui qu'actualise l'eucharistie".
On s'éloigne ici définitivement d'une vision d'obéissance comme contrainte, pour rentrer dans la compréhension du plan de Dieu sur l'homme...
(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p. 442