« Comment es-tu foyer de feu
et fraîcheur de la fontaine,
une brûlure, une douceur
qui rend saines nos [blessures] ?
Comment fais-tu de l'homme un [signe],
de la nuit une lumière,
et des abîmes de la mort
tires-tu la vie nouvelle?
Comment la nuit vient-elle au jour ?
Peux-tu vaincre les ténèbres,
porter ta flamme jusqu'au cœur
et changer le fond de l'être ?
Comment n'es-tu qu'un avec nous,
nous rends-tu fils de Dieu même ?
Comment nous brûles-tu d'amour
et nous blesses-tu sans glaive ?
Comment peux-tu nous supporter,
rester lent à la colère,
et de l'ailleurs où tu te tiens
voir ici nos moindres gestes ?
Comment de si haut et de si loin
ton regard suit-il nos actes ?
Ton serviteur attend la paix,
le courage dans les larmes !
Cette « variation » sur l’hymne donné par l’office des lectures est elle la clé que je cherchais pour mes essais d’homélie du WE ?
Voici une v4.0 😉
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Nous entrons dans le temps de l’avent. La lecture de Jérémie 33,15,, nous annonce un « germe de justice ». Qu’est ce à dire ? une semence, un grain qui meurt ?
Une semence, un don de Dieu ?
Qu’est ce que cela peut être ?
Nous sommes au milieu de l’hiver, la neige est à nos portes, nous enfonçons dans la boue, jusque dans nos églises.
Quel va être notre manière de préparer le printemps de Dieu…?
Faire en nous une petite place, creuser notre terre asséchée par des plantes ingrates, se plonger dans l’essentiel, retrouver en nous le terreau fertile, ce qui nous fait vibrer de l’intérieur.
Sommes nous patients envers les autres, patients avec Dieu ?
Patient avec Dieu ?
Sommes nous patients, quand il semble ne pas répondre à nos « où es-tu ? »
Dans la nuit, dans le silence…En quoi croyons nous ?
Qu’est ce qui arrête notre regard ?
Où est la flamme ?
Nous allumons à l’extérieur de belles guirlandes mais qu’elle va être la source de cette lumière ?
L’amour…?
L’amour endure tout, prend patience..
L’avent est le temps de la patience.
Le germe de justice dont parle Jérémie est un acte de foi. Il a fallu plusieurs centaines d’années avant que vienne la réponse…
Le Christ, fragile espérance, signe qu’au milieu de la nuit, de la violence, l’amour est possible.
Le don de Dieu est Christ.
Sommes nous prêts à l’accueillir ? C’est la question de l’avent…
Prenons nous le temps, chaque soir, de laisser résonner en nous le Christ, sa parole, dans le silence… comme une semence fragile ?
Quelle semence ?
Peut-être cette danse discrète vers l’homme, que Dieu nous donne à contempler dans les gestes de Jésus, dans cet homme Jésus qui se penche, écoute, se tait, guérit, relève, demande à boire, s’agenouille, puis s’offre tout entier, se laisse transpercer, jusqu’à ce que, de son cœur, jaillisse un fleuve immense…
L’avent, c’est prendre notre amphore et s’avancer vers l’amour, prendre conscience qu’il est don de Dieu et s’y altérer, pour faire grandir en nous cette graine fragile, semée le jour de notre baptême et nourrie à chaque eucharistie.
Dieu chaque hiver fait un rêve, celui qu’à chaque fois que nous avançons vers la table de la Parole et du pain, la petite graine qui germe en nous grandisse jusqu’à ce qu’au printemps de Dieu, un champ immense apparaisse au milieu du désert. Danse fragile, germe d'amour qui, en scintillant de l'amour humain devient signe du buisson ardent qu’est le Christ.
« Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous. » nous dit la 2eme lecture. ((1Th 3) Un sentier se dessine…
Une mesure sans mesure…
Ouvrir nos cœurs à l’amour…jusqu’à cette
« profonde transformation de tout l’être sous l’action de l’Esprit Saint, [jusqu’au]« retournement » né de la rencontre vivifiante avec Dieu » (1)
De nos essais vers le don, Dieu rêve de faire un immense feu….
(1) Frère John de Taizé, cité dans La Croix du 18/11