31 mars 2007

Limites

Quand Théobald souligne les "limites d'une auto-révélation qui peut conduire jusqu'au nazisme et au stalinisme", cela réveille les accents utopiques qui m'avaient pourtant séduits dans une approche néo-rahnérienne de l'auto-manifestation du verbe en l'homme. Si c'est un principe reconnu de la conscience, qui prend sa source dans Ezéchiel 31, et est repris par Vatican II (1), il n'en reste pas moins que la notion de révélation intérieure doit rester à l'aune de la Tradition, ou comme le dit si bien Dei Verbum § 8 : "Cette Tradition qui vient des Apôtres se développe dans l'Eglise sous l'assistance du Saint-Esprit et grandit en effet la perception des choses et des paroles transmises, par la contemplation et l'étude qu'en font les croyants qui les gardent dans leur cœur"

(1) Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 46

30 mars 2007

Eucharistie et Parole - III

Pour faire entrer notre offrande imparfaite dans la sienne, le Christ s'offre quotidiennement un nombre incalculable de fois nous dit Hans Urs von Balthasar. Il veut dans la chair et le sang de son eucharistie, demeurer notre nourriture, parce que c'est là que nous trouvons accès à la réalité de la vie éternelle. J'ajouterais que sa manne nouvelle est double nourriture. Comme le souligne Dei Verbum, c'est à la table de la parole et à la table du pain…, corps et âme que nous sommes invités.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 120

29 mars 2007

Triple kénose - III

Pour Hans Urs von Balthasar, "la kénose de l'obéissance par laquelle Jésus ne retint pas le rang qui l'égalait à Dieu (Ph 2,7) est fondée sur la kénose éternelle des Personnes divines, les unes à l'égard des autres, la kénose du Fils n'étant qu'un des aspects" des kénoses intra-divines".

C'est l'obéissance qui fait l'unité de la vie du Christ, elle se maintient sans défaillance jusque que dans la nuit de la Croix alors que leur sont enlevés toute vue du Père et tout contact avec lui (1)

Serait-elle kénose véritable si la distance n'était pas portée à une distance infinie, si malgré la proximité de cœur, la distance des êtres n'étaient pas le signe de leur liberté la plus totale, la plus infinie.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 106

28 mars 2007

Eucharistie - II

L'eucharistie indique en quoi consiste l'être même de Dieu, en montrant qu'il est amour constamment en acte. Pour Hans Urs von Balthasar, le "Fils ne se suffit pas à lui-même mais toujours comme le don du Père". Il est "transparence parfaite (…) puis mouvement venant du Père et allant au Père (…) et livrant ainsi le mystère le plus intime de Dieu" (1)

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 105

27 mars 2007

Obéissance - III

Pour Théobald, on peut concevoir la révélation sous la formule d'une instruction (c'est le sens retenu par Vatican I) alors que Vatican II parle maintenant de communication : "La révélation entre Dieu et les hommes, tout comme la relation entre l'Eglise et la société sont conçues sous forme de dialogue et l'obéissance est comprise comme capacité d'écoute". N° 5 Déi Verbum (1) Devenir écoutant de la Parole, n'est-ce pas le sens même de l'obéissance, telle que nous l'avons esquissé dans le billet précédent ?

(1) cité par Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 41

26 mars 2007

Obéissance - II

On a tendance à réduire le terme d'obéissance à un asservissement vile de l'esclave sous les ordres du maître. Je pense que le sens chrétien du mot ne peut être perçu qu'à la lumière du sens même qu'il a pris pour le Christ. C'est dans ses paroles si mystérieuses et si profondes au mont des Oliviers que l'on peut comprendre ce que cela sous-entend. "Non pas ma volonté mais la tienne" et dans ce sens, se retrouve tout ce que nous avons cherché à thématiser dans notre recherche sur le décentrement.

25 mars 2007

Evangile : mystère et révélation

La bonne nouvelle, ce qui était caché sous le voile et est maintenant révélé – cf. Rom 16, 25-27. En effet pour Paul "selon l'Evangile que j'annonce en prêchant Jésus-Christ, selon la révélation d'un mystère gardé dans le silence durant des temps éternels mais maintenant manifesté, que soit porté à la connaissance de tous les peuples païens par des écrits prophétiques, selon l'ordre du Dieu éternel… ". Il y a donc bien dans l'idée même d'évangile, de bonne nouvelle, le déchirement du voile que Marc décrit si bien au chapitre 16… et cette bonne nouvelle, c'est Jésus-Christ, lumière et verbe de Dieu qui lui dans l'obscurité du monde pour révéler avec toute la tendresse dont Dieu est capable, le mystère de l'amour du Père.

24 mars 2007

Comme Jésus approchait de Jéricho...

C'est au moment où Jésus, nous dit-on, approche de Jéricho que cet aveugle recouvre la vue. En effet Jéricho signifie la lune, or dans le langage sacré, la lune symbolise par son décours mensuel la faiblesse de notre nature mortelle. L'aveugle retrouve la lumière au moment où notre Créateur approche de Jéricho, car c'est lorsque la divinité s'est revêtue de la faiblesse de notre chair que le genre humain a recouvré la lumière qu'il avait perdue. C'est en effet l'abaissement d'un Dieu à la condition humaine qui élève l'homme à la divinité. (…) Si nous persistons avec ferveur dans notre prière, Jésus s'arrête pour nous rendre la lumière: Dieu se fixe en effet dans notre âme, et la lumière perdue nous est restituée. Mais dans ce fait le Seigneur suggère un autre sens, qui se peut entendre avec profit de son humanité et de sa divinité. En effet e'est lorsque Jésus passait qu'il entendit les cris de l'aveugle, c'est une fois arrêté qu'il lui rendit miraculeusement la vue. Car passer appartient à la nature humaine, être immobile à la divinité. (…) Le Seigneur entend donc en passant les cris de l'aveugle, mais il s'arrête pour lui rendre la vue, parce que c'est son humanité qui a eu pitié et compassion de notre cécité en écoutant nos cris, mais c'est la puissance de sa divinité qui a répandu en nous la lumière de la grâce.

Grégoire le Grand, 37ème homélie sur les Evangiles, PL 76, 1275-76

23 mars 2007

Le règne de Dieu

Le règne de Dieu ne vient pas d'une manière visible. En voyant le Fils de Dieu venir à nous « sans faste, sans grandeur ni majesté, vêtu comme le pauvre dans son humilité ", nous avons cru, selon nos critères humains, qu'il nous cachait sa grandeur et sa gloire, alors qu'il nous révélait, par ce dépouillement même, la vraie grandeur, la vraie gloire divines.

Cette grandeur et cette gloire n'ont rien à voir avec nos grandeurs et nos gloires humaines. Elles consistent essentiellement dans la souveraineté d'un amour qui ignore toutes les distances et triomphe dans la communion. Éloi Leclerc, Pâques en Galilée, DDB, 2003

La lumière qui me conduit par la main

Nous savons l'amour que tu nous as donné, sans limite, indicible, que rien ne peut contenir ; il est lumière, lumière inaccessible, lumière qui agit en tout... Que ne fait-elle pas, en effet, cette lumière, et que n'est-elle pas ? Elle est charme et joie, douceur et paix, miséricorde sans compter, abîme de compassion. Quand je la possède, je ne la remarque pas ; je la vois seulement lorsqu'elle s'en va. Je me précipite pour la saisir, et elle s'envole tout entière. Je ne sais que faire et je me consume. J'apprends à demander et à chercher avec larmes en grande humilité, et à ne pas considérer comme possible ce qui dépasse la nature, ni comme l'effet de ma puissance ou de l'effort humain, ce qui vient de la compassion de Dieu et de sa miséricorde infinie...

Cette lumière nous conduit par la main, nous fortifie, nous enseigne, se montrant, mais fuyant lorsque nous avons besoin d'elle. Ce n'est pas quand nous le voulons - ceci appartient aux parfaits - mais c'est lorsque nous sommes embarrassés et complètement épuisés qu'elle vient à notre secours. Elle apparaît de loin et me donne de la ressentir dans mon coeur. Je crie à m'en étrangler tant je veux la saisir, mais tout est nuit, et vides sont mes pauvres mains. J'oublie tout, je m'assieds et je pleure, désespérant de la voir ainsi une autre fois. Quand j'ai bien pleuré et consenti à m'arrêter, alors, venue mystérieusement, elle me prend la tête, et je fonds en larmes sans savoir qui est là illuminant mon esprit d'une très douce lumière. (1)

Saint Syméon le Nouveau Théologien (v.949-1022), moine orthodoxe, Hymne 18 (trad. SC 174 pp. 74-82)

22 mars 2007

Eucharistie et parole, fleuve d'amour

Quelle est cette eau vive jaillissant en vie éternelle que le Christ promet à la Samaritaine, ce fleuve d'amour face à laquelle notre jarre est bien petite, n'est-ce pas à la fois le pain rompu, cet amour partagé pour l'éternité, multiplié par nos mains et en dépit de nos mains et cette Parole qui se proclame par nos voix ou à notre insu, qui se répand dans l'air et au travers de nos écrits, sans même que nous puissions en maîtriser le flux, au-delà de toutes nos erreurs et nos tâtonnements, par la simple et silencieuse action de l'Esprit. Dire plus grand que le dit, pour reprendre les mots de Lévinas, Parole plus forte que l'Ecriture, plus vive encore que l'intonation monophonique d'un évangile, mais stéréophonie de Dieu, symphonie de nos voies qui s'accordent malgré nous à l'unisson de l'Esprit.

"Le Fils ressuscité est terre dans le ciel, tandis que son eucharistie est ciel sur la terre" (1)

(1) Adrienne von Speyr, Isaias, p. 217 (cité par Hans Urs von Balthasar, DD IV p. 103)

21 mars 2007

Un voile

Depuis toujours, le réel a été masqué, par un voile, le voile de la pudeur, du refus de voir, ou le voile de nos yeux. Est-ce que déjà l'Exode voulait thématiser en parlant du voile posé sur le visage (Ex 34, 32-35) et sur les peuples (Es 25,7) qui indique bien que "l'expérimentation de la révélation se situe d'abord au sein de la révélation humaine et dans l'histoire (…) et c'est à partir de situation humaine (…) que la Bible aborde l'énigme qu'est la totalité du réel"(1)

Alors tout dévoilement ne fait pas appel à la raison mais "prend la figure du dénouement d'une crise, intervenue au sein d'une d'un itinéraire individuel ou collectif" (2)

Il y a dans tout dévoilement le déchirement intérieur du regard, qui ne voulait pas voir, qui fuyait le réel mais dont le cœur s'ouvre au mystère…

(1) Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 26
(2) ibid p. 27

20 mars 2007

Disponible

Adrienne von Speyr définit la foi comme une "disponibilité constante [qui] est ainsi la base de tout amour" (1)

Chacun laisse à l'autre le temps et l'espace dont il a besoin pour concevoir et proposer ses désirs, pour préparer ses dons. Pour Hans Urs von Balthasar, sans cette distance, l'éloignement du Fils incarné vis-à-vis du Père (jusqu'à la déréliction) ne serait pas compréhensible. (2) Le monde aussi est à distance, tout en gardant la capacité de "recevoir sa figure définitive dans la pleine participation à la vie trinitaire". Pour lui "la pensée n'a sa forme définitive qu'en Dieu". (3)

"Dieu a donné dès ici-bas, à l'image créée quelque chose qui est lui-même; il a insufflé à la figure périssable qu'elle que chose d'impérissable", c'est ainsi que "l'image acquiert une étroite parenté avec le Verbe de Dieu". (4)

Peut-être retrouvons nous là d'une certaine manière ce que j'évoquais comme la "transpiration trinitaire" dans le monde.

(1) Adrienne von Speyr, Katholische Briefe I 138,41

(2) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 84

(3) ibid p. 89

(4) Adrienne von Speyr, Das Licht und die Bilder, 92-93, cité par Hans Urs von Balthasar, DD IV, p. 89

Littérature…

On ne peut combler un vide spirituel avec des lectures de mystiques; ce ne serait tout au plus que tromper sa faim. Qu'est ce qui nous pousse à acheter tant d'ouvrages sur la religion? Sans doute il y a là un "attrait", mais de voir tous ces livres autour de nous et en nous si peu de christianisme, cela ne devrait-il pas nous inquiéter? Je pense secrètement qu'un Pater bien récité nous en apprendrait autant que ces pages où notre curiosité se repaît et qui laissent notre coeur "plus assoiffé que devant". Nous avons trop le désir de savoir pour savoir et non celui de savoir pour devenir meilleurs. Si tous nos livres ne nous apprennent pas à aimer le prochain, que nous apprennent-ils de solide ?

Julien Green, Journal 1943-1945, Plon, Le Livre de Poche, 1949, p. 41

17 mars 2007

Distance - II

Le thème de la distance et de la proximité se conjugue d'une certaine manière dans le "tu feras une seule chair" de Genèse 2. Au sens latin, la chair est vue comme fusionnelle, alors que le terme basar, nous l'avons dit par ailleurs est le symbole d'une relation plus large, ce que j'appelle une symphonie. Et la symphonie de nos différences, la recherche d'une harmonie au travers même de ce qui nous constitue est au sein même de cette notion paradoxale de distance et de proximité. Proximité des cœurs et liberté d'être.

Cela rejoint à mon avis ce que dit Balthasar quand il parle de créer un espace, une distance pour qu'il y ait don de soi et mouvement, échange entre "vouloir" et "laisser l'initiative".

Dans l'espace qui existe entre les Personnes se place le champ infini de la fécondité et de la richesse inventive de l'amour divin" (1) qui va jusqu'à "laisser le Fils libre dans l'espace infini de sa propre liberté filiale et de sa souveraineté divine. Ainsi le Père veut-il de toute éternité se laisser surpasser par l'amour du Fils" (2)

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 83

(2) ibid p. 84

Obéissance divine

Pour Hans Urs von Balthasar, le mystère auquel nous pouvons donner le nom d'Obéissance est incommensurable. C'est l'acquiescement d'un amour parfait entre Dieu et Dieu. (1)

C'est peut-être pour cela que l'utilisation même du mot est un anthropomorphisme. De même que l'on ne peut comparer la justice divine (celle de l'ouvrier de la dernière heure) à nos réflexes humains, on ne peut comprendre l'obéissance selon nos critères (servilité et esclavage) alors qu'il s'agit de la forme la plus mystérieuse de l'amour trinitaire.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 81

Pauvreté et disponibilité

Pourquoi s'imaginer qu'il faille être pauvre pour parvenir à la métamorphose intérieure ? Ce sont des idées. (…) Ne pas attacher trop d'importance aux signes extérieurs. Cela regarde l'inspecteur des « hachélem » ? Radotages idéologiques. L'illumination rend pauvre à l'instant même. L'avoir perd son importance. L'avidité peut remplir le coeur des pauvres qui sont riches de tout ce qu'ils n'ont pas encore. L'important est d'être disponible à ce qui survient. (…). Dans ce monde mû par l'argent avec une telle évidence, il n'est sans doute même plus possible à quelqu'un d'être pauvre à la manière de François d'Assise. Il entrerait dans le folklore et serait aussitôt récupéré par l'audiovisuel. Vain d'imiter les gestes du pauvre. La pauvreté ne peut être que création nouvelle. Elle est à enfanter du fond de l'âme.

Jean Sulivan, Itinéraire spirituel, Gallimard 1976, Folios, essais, p. 240

16 mars 2007

Réel ou virtuel…

Je commence un long aparté suite à la lecture, hors de notre cheminement avec Balthasar, sur un ouvrage de C. Théobald, que mes chemins ont croisé récemment. Cette respiration n'est pas sans intérêt, et comme toujours, sur mes chemins de lecture, conduit à d'autres découvertes…

Quand Théobald, affirme que la "Révélation est une fenêtre ouverte vers le réel" (1) cela fait résonner en moi tout un chemin de possible, entre l'utopie constante de nos rêves et cette réalité que nous fuyons sans cesse, ce quotidien auquel nous voulons échapper. La révélation, ce serait cette présence de l'autre qui m'interpelle, par sa présence voire sa souffrance et que je ne peux ignorer dans ma rêverie solidaire… La révélation serait ce chemin qui conduit de l'autre à celle de l'Autre, qui se révèle dans la nudité d'un corps décharné, sur une croix où le sens du virtuel s'arrête pour laisser place au réel…

Christoph Théobald, La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 22

15 mars 2007

Dis seulement une parole et je serai guéri..., saisi

II n'est pas facile de parler de Lui, sans se convaincre soi-même, ainsi que les autres, que nous possédons Dieu et que nous pouvons en disposer. II n'est pas facile d'annoncer Dieu et de faire comprendre en même temps que nous-mêmes nous ne le possédons pas, que, nous aussi, nous l'attendons.

Je suis convaincu que la révolte contre le christianisme est due en grande partie à la prétention, visible ou dissimulée, qu'ont les chrétiens de posséder Dieu, et à la perte de l'élément d'attente, si décisif chez les prophètes et les apôtres. Ils ne possédaient pas Dieu, ils l'attendaient.

Car comment Dieu peut-il être possédé ? Dieu est-il une chose qui peut être saisie et connue parmi d'autres choses ? Dieu est-il moins qu'une personne humaine ? Un être humain, on doit toujours l'attendre. Même dans la communion la plus intime entre des êtres humains, il reste un élément de non-possession, de non-connaissance et d'attente.

Le moyen d'avoir Dieu, c'est de ne pas l'avoir.

Paul Tillich, Les fondations sont ébranlées, Morel, 1967, p. 206

Confiance et fraternité…

Ce qui marque les nouveaux baptisés n'est-il pas ce qui compte pour nous dans notre "marcher ensemble"… Créer un lieu de fraternité et confiance réciproque, c'est à dire un lieu où nous avons confiance en leur cheminement, même s'il "semble" différent du notre, de nos critères, de nos valeurs. N'est-ce pas cela la kénose du lavement des pieds…

13 mars 2007

Sortir semer

"Les attentes, les moyens de communication sont différents. Ce que nous leur proposons doit l'être aussi (…) Il faut faire le deuil, sans peur, sans nostalgie d'une situation révolue. L'avenir sera tout autre. Il nous appartient de l'écrire aux couleurs de l'Evangile." (1)

Il nous faut semer largement ajoute-t-il, "sans souci d'efficacité ou de rentabilité – qu'elle soit immédiate où à long terme. Ne pas se soucier d'abord du terrain, de sa réceptivité mais semer parce que j'ai du grain à partager et qu'il ne peut rester au fond du silo"

(1) Olivier Fröhlich, Pour que notre joie soit complète…Proposer la bonne nouvelle aux jeunes, in Une nouvelle chance pour l'Evangile, p.157

10 mars 2007

Ecoute et obéissance

Enzo Bianchi le rappelle, l'Ecoute (shma) signifie en hébreu obéir. Ainsi les Écritures elles-mêmes exigent l'obéissance dit-il (1) citant 2 Tim 3, 14. Mais que dit justement ce texte : "Les Saintes Écritures peuvent donner la sagesse qui conduit au salut par la foi en Jésus-Christ. Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner la vérité, réfuter l'erreur, corriger les fautes et former à une juste manière de vivre, afin que l'homme de Dieu soit parfaitement préparé et équipé pour faire toute action bonne".

Pour lui, la valeur de l'Écriture n'est pas d'abord pédagogique, morale ou dialiectique mais sotériologique. "Elle donne le salut par la foi" (2) et rend capable de charité, d'accomplir le bien (cf. 1 Tim 3,17). Ce pouvoir est fondé pour lui par l'action de l'Esprit qui de ses énergies accompagne l'Écriture et donne le salut à qui s'en approche dans la foi. (3)

(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 71

(2) Paul Beauchamp, Parler d'Écritures Saintes, Seuil Paris, 1987 p. 14

(3) E. Bianchi, ibid. p. 74

22 février 2007

Parole et hyperbole

Pour Enzo Bianchi, la racine juive du mot Parole : Miqra indique aussi bien la lecture qu'une convocation. Ainsi la parole lue, proclamée est un appel à sortir de, à aller vers. (1). Pourrait-on dire à sa suite, mais en reprenant les notions développées par Ricoeur et Beauchamp, qu'il s'agit donc par construction d'un langage hyperbolique, un appel au toujours plus. On rejoindrait ainsi le sens même de la nature de Dieu, tel que nous l'avons vu chez Hans Urs von Balthasar dernièrement. La parole n'est pas le sommet de la révélation, elle est expression partielle du Dire, et pour reprendre les termes de Lévinas, le dit n'épuise pas le Dire (2)… mais invite à un au-htpp://delà et d'une certaine manière une conversion (métanoia) véritable.

(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 70ss

(2) cf. Autrement qu'être et au-delà de l'essence.

PS : Nous réduirons volontairement l'activité de se blog pour se concentrer sur notre proposition de lecture commune de la Parole...

21 février 2007

Lire l'Ecriture et voir le visage de Dieu...

"Dans le Nouveau Testament, tu vois l'Ancien Testament révélé et dans l'Ancien Testament tu vois le Nouveau Testament voilé" (1)
Pour Vatican II (DV 18), l'Evangile possède une supériorité méritée, en tant qu'ils constituent le témoignage par excellence sur la vie et l'enseignement du Verbe incarné, notre Sauveur". Ainsi pour E. Bianchi, toute lecture de l'Écriture doit être une écoute intégrale de l'Écriture, c'est-à-dire une "recherche du visage du Christ". Ainsi chaque pierre devenant des pierres de construction de la cathédrale du Verbe (2)

(1) Augustin, Enarr. in Ps CV 36 62
(2) Enzo Bianchi, ibid. p. 63

PS : Reprise aujourd"hui, Mercerdi des Cendres, de notre "Lectio Divina". N'hésitez pas à participer par vos commentaires, dans la lignée de ceux de l'an dernier.

Nécessaire distance

Pour Balthasar, plus les personnes se différencient, plus grande est leur Vérité (comme la dualité des sexes) (1). La distance est le secret de l'autonomie, de la liberté mais aussi de cette respiration qui permet une mutuelle kénose. Ce qui est vrai de Dieu est vrai de toute relation humaine. Elle est pour moi au cœur de la notion de chasteté.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 81

Expérience de la vie en soi

Tout chemin pastoral devrait permettre de développer son intériorité, travailler sur soi et "découvrir ses propres voies d'intériorité (…) partir vers soi et vers Dieu en soi" (1)

(1) Pierrette Daviau, Spiritualité d'engendrement et praxis pastorale, in Une nouvelle chance pour l'Evangile, p. 142

20 février 2007

Illumination réciproque

Pour Enzo Bianchi, il existe une sorte d'illumination réciproque de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament. Pour lui l'événement pascal est la clé herméneutique qui permet de comprendre les Écritures. (1)

Il rejoint ainsi ce qu'il citait à propos de la métaphore d'Origène sur la Maison-Bible. J'ajouterais que l'Écriture permet en retour de trouver un sens à la Passion. La kénose du Christ éclaire celle tracée depuis deux mille ans dans l'Écriture, et en soulevant délicatement le voile, fait transparaître les traces de Dieu dans l'histoire. Quand on se dit qu'en lisant l'Écriture on lit sa propre histoire, on boucle d'une certaine façon la révélation. Dans notre histoire, un long regard en arrière permet de percevoir la trace de Dieu, même s'il nous échappe dans le présent de nos vies, de peur de forcer notre liberté de croire.

(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 62

Véritable filiation

C'est peut-être sous cet angle que l'on doit comprendre que le Christ lui-même personne se reçoit du Père alors même qu'il est Verbe. Il est constamment tourné vers le sein du Père (Jn 1, 18) en vue de l'accomplissement "d'une attente, un toujours plus qui rythme de l'intérieur l'actualisation de l'événement " (1)

En soi, la distance n'est pas opposition mais permet de maintenir l'originalité de l'être et l'agir de chaque personne "pour fournir le fondement, à l'intérieur de la Trinité, de ce qui sera dans l'économie du salut l'établissement d'une distance pouvant aller jusqu'à la déréliction de la croix" (2)

Je compare cela à la notion de chasteté entre deux personnes, cette distance essentielle qui laisse l'autre être, au delà de l'amour que l'on porte...

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 79

(2) ibid p. 81

Balises : distance, Balthasar

Une nouvelle voie

"La pastorale de l'engendrement implique de passer de la pastorale du reproche à celle de l'approche, du dialogue dialectique au dialogue dialogal". En privilégiant le dialogue dialectique, ils se trompent de terrain : "les rites de passage déclenchent sur le plan psychosocial, des ressorts archaïques d'autant plus puissants que davantage latents" (1). Pour Sophie Tremblay, parce qu'il se "cantonne au jeu des arguments rationnels, le dialogue dialectique ne fait qu'affleurer la pointe de cet iceberg" (2). Pour elle, la présence de l'institution écclésiale induit une dissymétrie. La pastorale d'engendrement doit conduire à "abandonner toutes les formes de coercition, même les plus subtiles". Citant Olivier Le Gendre, in Les masques de Dieu, elle rappelle que "ceux qui croient pouvoir imposer [Dieu] grâce à leur détermination, leur conviction, et même leur enthousiasme, voire leur simple volonté, ne portent qu'une cause vide, désertée par Dieu". Cela n'implique pas pour autant qu'il faille se taire mais cela implique que la liberté soit toujours respectée, première dans la relation. L'autorité n'est pas là pour imposer sa vérité mais pour aider le travail de la conscience intérieure.

Rappelons à ce sujet, Gaudium & Spes (§17) : La dignité de l'homme exige donc de lui qu'il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d'une contrainte extérieure. (…) Ce n'est toutefois que par le secours de la grâce divine que la liberté humaine, blessée par le péché, peut s'ordonner à Dieu d'une manière effective et intégrale". En cela, on ne peut discerner pour eux mais avec eux…

(1) Louis-Marie Chauvet, cité par Sophie Tremblay, in le dialogue pastoral revisité , Une nouvelle chance pour l'Evangile, p. 130

(2) Sophie Tremblay, ibid, p. 130

19 février 2007

Parole - Sacrement

Pour Enzo Bianchi, "Il reste malheureusement encore dans la réception post-conciliaire, la séparation entre Sacrement et Parole, la conception que le sacrement donne la grâce, tandis que la Parole biblique donne la doctrine, que le sacrement est efficace tandis que la Parole ne peut que préparer le sacrement et enseigner. Néanmoins si la Parole de Dieu n'est pas vécue dans l'économie sacramentelle jusqu'à être accueillie comme sacrement (…) elle restera toujours parole sur Dieu et ne sera jamais qu'un prélude à la célébration du sacrement." (1)

Je souscrit à cette analyse et insisterait peut-être, dans l'actualité pastorale d'aujourd'hui sur cette mésinterprétation. Si nous donnions plus de place à la lecture communautaire de la Parole, nous permettrions à tous, laïcs comme prêtres de donner un sens véritable à l'Eucharistie, au sens visé par Ruppert de Deutz.

L'Écriture, continue-t-il est donc "sacrement, signe doté d'un élément sensible qui contient et manifeste le mystère du Christ, lieu d'une rencontre véritable (…) l'Écriture réalise ainsi cette dynamique de 1) l'écoute, 2) la connaissance et 3) l'amour". (2)

Pour lui, la structure sacramentelle de l'Écriture est inséparable de la structure sacramentelle de l'Eucharistie. D'une certaine façon, l'Écriture est une réalité liturgique et prophétique, elle est annonce (kérygme) avant d'être livre, le témoignage de l'Esprit Saint sur la venue du Christ dont le moment privilégié est la liturgie eucharistique. (3) Il souligne qu'une authentique expérience de communion avec le Christ peut avoir lieu dans la lectio divina personnelle (et à plus forte raison communautaire), nous en faisons l'expérience à travers toutes ces expériences où nous écoutons le Verbe de vie.

(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 49

(2) ibid. p. 50 (3) p. 52

Amour trinitaire

Pour Balthasar, le Père le demande le premier. Il supplie le Fils de lui faire cette joie d'accorder ce qu'il demande. Avant que le Fils ne lui propose, le Père l'a déjà précédé. "Mais c'est l'Esprit, auquel appartient tout particulièrement la liberté du choix et de la décision puisqu'il est volonté divine absolue qu'incarne, pour ainsi dire, le discernement commun de ce qu'il faut accorder. De cette manière la décision trinitairement une est toujours une décision prise en commun, avec toute fois, à chacune de ces étapes, un "divin toujours plus", un accroissement et une surprenante nouveauté, une exubérance grandissante. L'unité de la décision est unité d'amour vivant (…) un accomplissement".

On est loin là encore de la notion d'obéissance servile. C'est peut-être d'ailleurs à cette communion où nous invite le Fils : "je ne vous appelle pas serviteurs (doulous) mais amis (philous)" (Jean 15,15).

Ainsi pour Balthasar, l'accomplissement actif et l'acquiescement passif sont à eux deux, les fondements de l'unité de Dieu dès l'origine, comme ils les sont de toute action et contemplation. Pour lui, cela est vrai aussi bien au sein de l'essence divine que dans le monde créé : "c'est la distance toujours plus grande et pourtant toujours surmontée, entre les Personne qui fonde la contemplation mais cette distance est à son tour fondée sur elle". (2)

Relire à ce sujet l'excellent livre de Jean-Luc Marion : "L'idôle et la distance" qui m'avait beaucoup éclairé en son temps sur le paradoxe de la distance et de la proximité.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 75-76

(2) ibid p. 77

Le dialogue pastoral

"Le dialogue pastoral (…) ne signifie pas que l'on renonce à la pastorale de proposition suggérée par les évêques en France mais elle situe cette pastorale dans un cadre plus large, où il s'agit autant de recevoir que de donner". Pour Malvaux, ce cheminer ensemble est susceptible de produire des fruits inattendus. Il n'est pas impossible, par exemple, "qu'au terme d'un dialogue, il apparaisse aux deux parties qu'un geste non-sacramentel est possible" (1)

Il me semble que cette piste n'est pas à ignorer, non que l'on pense que la grâce du sacrement n'est pas efficiente, mais dans la mesure où la liberté de la démarche prime sur tout, afin de mettre en condition au travail de la grâce, celui qui nous échappe, parce qu'il vient de Dieu...

(1) Benoît Malvaux, Plaidoyer pour pratiquer l'ouverture sans brader. Pour une approche positive de la diversité, Une nouvelle chance pour l'Evangile, p. 123

18 février 2007

Le pain des Écritures

Ruppert de Deutz nous dit ainsi dans son commentaire de saint Jean : "Jésus pris le livre et l'ouvrit, c'est à dire qu'il reçut de la puissance de Dieu toute la Sainte Écriture pour l'accomplir lui-même (…) le Seigneur Jésus prit donc le pain des Écritures dans ses mains quand, incarné selon les Écritures, il subit la Passion et ressuscita ; il pris alors le pain dans ses mains et rendit grâce quand, accomplissant les Écritures, il s'offrit lui-même au Père en sacrifice de grâce et de vérité."

(1) Ruppert de Deutz : Commentaire de saint Jean, VI cité par Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 48

Kénose trinitaire

Pour Hans Urs von Balthasar, "cet abandon de soi auquel le Fils et le Saint-Esprit participe par leur réponse signifie une sorte de "mort", une kénose radicale". (1) Cela rejoint ce que nous soulevions plus haut sur la triple kénose. L'amour du Père qui s'abandonne éternellement au Fils n'est que l'origine de cette attitude du Fils. Pour Bonaventure déjà, il y a dans le Fils "une puissance passive de génération en tant qu'aptitude à être engendré" (2) et pour moi cette passivité n'est autre que la constatation du don. Sur la croix, nos espérances humaines se sont tues, comme je le signalais précédemment et il ne nous reste peut-être, à l'image du Fils, que ce que Lévinas appelait la "passivité plus que passive".

Dans la distance de la génération passive se trouve déjà la possibilité du retour vers le Père. Je trouve que cette théologie trinitaire a des couleurs d'une esthétique, d'une poétique qui est au-delà de l'apparente utopie de l'amour qui se semble se dessiner aux yeux des hommes. Il y a la les germes d'une interpellation, d'une hyperbole qui nous pousse au-delà de nous-mêmes.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 71 à 73

(2) Bonaventure, Sentences, dist. 7, dubium 7 (I145s)

Le semeur

Pour Odile Ribadeau Dumas, le vrai semeur n'a pas le désir "de maîtriser l'action pastorale, il perd la maîtrise dans un mouvement de non violence totale ; il œuvre dans la foi, sûr que malgré ses échecs, ses semailles porteront à 30, 60 ou 100 pour 1." (1)

Dans une société marquée par la rentabilité, la productivité, cette approche nous interpelle sur notre façon d'agir. Souhaitons nous gagner des âmes à notre cause où laisser le Christ agir, à sa manière, à sa vitesse, dans le respect de chaque personne humaine, avec la tendresse de Dieu...
Encore un décentrement.

(1) d'après Odile Ribadeau Dumas et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 106

Rappel :
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- Reprise de notre lectio divina sur l'Evangile de Jean, le 21 février...

17 février 2007

Manger la Parole

Saint Jérôme, suivant Origène déclare : "Je considère l'Évangile comme le corps de Jésus (…) et quand il dit : celui qui mange ma chair (…) bien que cela puisse aussi s'entendre du sacrement, c'est cependant le corps et le sang du Christ en un sens plus exact, qui est la Parole de l'Écriture (1)

Peut-être que la réalité sacramentelle sera plus vivement perçue quand nous aurons donné le goût à la chair/parole par l'intelligence de la foi et sous la conduite de l'Esprit.

(1) In Ps CXL VII

Le don – V, Florilèges

Saint Grégoire le Grand : "Ne peut être agapé que s'il s'oriente vers l'autre"

Richard de Saint Victor : "En Dieu, l'unité et la distance ne sont pas contraires."

Hans Urs von Balthasar : "Si Dieu est défini comme amour, il est en soit don parfait de lui-même" (1)

Sans commentaires

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 69-70

Lecture

Le but de toute lecture, c'est le décentrement et la conversion. Le texte donne à penser et en sens interpelle le lecteur. Un chemin que ce blogue ne cesse de thématiser. En un sens, "l'écoute de la Parole dans les Ecritures promeut chacun en ce qu'il a d'unique ; elle le situe en vérité devant le Christ, et ce faisant lui permet de se décider en conscience dans l'existence" (1)

(1) d'après Odile Ribadeau Dumas et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 104

16 février 2007

Tooujours plus - II

Pour Balthasar, Dieu ne peut être considéré comme un sommet mais sous l'angle du "toujours plus" (1)

Pour lui, il n'y a pas lieu d'exclure de la vie de Dieu quelque chose qui serait analogue à ce qu'est dans l'amour humain, l'instant vital de l'éblouissante surprise. En ce sens, le Fils né du Père surpasse pourrait-on dire, par avance, les attentes les plus audacieuses du Père.

Je trouve que cette notion est bien supérieure à la vision de l'obéissance, telle que présentée par Dei Verbum. C'est toute la force du Me Voici où deux amants se rejoignent dans l'innovation d'un toujours plus. C'est l'hyperbole qu'évoquais déjà Ricoeur et Beauchamp, tirée par l'ancre de l'espérance en l'autre. Cela rejoint d'une certaine manière ce texte qui m'accompagne depuis le jour de mon mariage : "Oubliant le chemin parcouru, je me laisse saisir par le Christ" (Phil 3), qui est à l'image de ce toujours plus de Dieu…

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 66

La table de la parole

En mettant en parallèle la table de la parole et la table du pain, Dei Verbum introduisait déjà (DV §21) une notion très novatrice, où l'Ecriture est "livrée pour nous". On retrouve ce que Soloviev appelait la kénose de l'Ecriture, cette Parole qui se donne non pas comme toute puissante, mais se livre à travers la rédaction des hommes, qui s'effacer dans la stéréophonie d'un livre aux accents multiples, toute faiblesse de Dieu que l'on ne découvre qu'en sortant de ses certitudes. Le don de la Parole est comme le don du Corps, il est livré pour nous dans la toute faiblesse d'un texte aux couleurs multiples.

De ce fait, nous sommes appelés à une écoute mutuelle et bienveillante, une recherche commune, tout en conservant la rigueur du texte et attachant une importance particulière à son interprétation dans le respect de la Tradition vivante de l'Eglise.

15 février 2007

Voile - III

Pour Origène "le Verbe de Dieu est couvert du voile de la chair" (1). Pour moi cette citation évoque beaucoup de chose. D'une certaine manière, en effet, c'est dans la nudité de la Croix et le flanc béant du Christ que le verbe transparaît comme un fleuve de vie.

(1) cité par Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 42-34

Le Don - IV

Pour Balthasar, l'essence divine n'est pas un bloc inerte d'identité mais "une réalité qui se communique dans le Père, se reçoit dans le Fils, est donnée en commun à l'Esprit par le Père et le Fils, étant elle-même de la part du Fils et de l'Esprit quelque chose de reçu"

Il y a donc un mystérieux échange trinitaire qui fait transpirer pour moi la triple kénose des personnes divines. Le Père s'abandonne au Fils qui s'abandonne par amour du Père et se transmet par l'Esprit. Je retrouve ce que Maurice Zundel décrivait comme un "Dieu à une distance infinie de lui-même", un don parfait.

Cela rejoint Grégoire de Nysse qui affirmait que stabilité et mobilité sont comparables. "Plus quelqu'un demeure fixe et inébranlable dans le bien, plus il avance dans la voie de la vertu. Sa stabilité est pour lui comme une aile".

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 64

(2) Grégoire de Nysse, Vie de Moïse, PG 44, 405 BD, trad. J. Danièlou, Sources chrétiennes, 1, 146-147

Les limites du dogme

Une catéchèse qui repose sur l'enseignement des dogmes pose les balises de la foi mais ouvre peu à une rencontre avec le Dieu vivant qui est la source même de ces dogmes. C'est pourquoi, d'une certaine manière, "l'Eglise est en décalage avec la culture actuelle qui donne une place prépondérante à l'expérience vécue et aux relations" (1). D'une certaine manière, on rejoint là l'argumentation pour une pastorale inductive ou "d'engendrement" (pour reprendre l'appellation donnée par les auteurs) qui vise plus d'abord le dialogue et le partage, le "cheminer avec" que l'enseignement des principes de la foi. Cela nécessite cependant une conversion des façons de faire, de l'ensemble des structures. En disant cela, je ne parle pas de la catéchèse des enfants, qui ont besoin de repères structurants, mais bien de toute approche qui viserait les adultes, recommençants où demandeurs de sacrement.

(1) d'après Odile Ribadeau Dumas et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 98

14 février 2007

Double kénose - II

"De même qu'il y a une kénose, une descente de la Parole dans la chair, il y a une kénose, un abaissement de la Parole dans les paroles humaines, dans les paroles écrites". Cette analogie qui revient continuellement chez les Pères est reprise par Dei Verbum (DV13) qui parle de condescendance de la Sagesse éternelle : la parole de Dieu explique en langage humain tout comme autrefois le Verbe du Père éternel, ayant pris la chair de la faiblesse humaine DV13

Le don - III

Pour K. Hemmerle "se donner n'est pas se perdre : c'est essentiellement se réaliser soi-même". Pour lui, donner c'est se déposséder mais aussi contenir ce que l'on donne et d'une certaine manière "se prodiguer c'est exister…" (1)

"Le don de soi absolu est au-delà de la puissance et l'impuissance : l'un et l'autre est intrinsèque au surgissement de l'être. S'il y a substance, c'est en vue d'une transsubstantiation et d'une communion. Ainsi, l'on voit qu'à partir de ce point de vue l'immutabilité de Dieu et l'amour de Dieu se laissent parfaitement réconcilier." (2)

Dieu dont l'amour est infini peut donc sans changement vibrer au sein même de sa divinité dans l'éternel échange trinitaire.

(1) K. Hemmerle Thèse sur une ontologie tinitaire, p. 39, 61, 47 cité par Hans Urs von Balthasar, DD IV, p. 62

(2) ibid p. 63

Le plaisir de savoir

Ce décentrer est d'autant plus nécessaire que l'on a tendance à "maîtriser le texte, le dominer, sans se laisser atteindre par lui" alors qu'il devrait s'agir du "fruit d'un don d'en haut et d'un lâcher prise" où l'on est touché par la Parole qui s'y donne. "Elle vient résonner et vibrer en [l'homme] avec des accents nouveaux. Au-delà de l'émotion et du sentiment, elle renouvelle son intelligence et sollicite sa liberté, jusqu'à l'incliner à prendre des décisions." (1)

(1) d'après Odile Ribadeau Dumas et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 95

13 février 2007

Lire l'Ecriture

Lire l'Ecriture c'est permettre un "décentrement", se lancer dans "une aventure dont on n'a pas la maîtrise". C'est une aventure spirituelle où l'on quitte "ses propres repères pour accueillir l'inconnu et l'imprévisible du texte". (1) Cette aventure nécessite souvent l'éclairage de ce qui connaisse le contexte (par les méthodes historico-critiques ou autres). Cette mise en contexte évite l'appropriation du texte et favorise le décentrement véritable, qui consiste à quitter ses repères pour s'ouvrir à une Parole autre. Ce travail intérieur est d'autant plus nécessaire que Dieu ne parle pas en direct mais à travers l'Ecriture. Il faut en comprendre la traduction humaine, dans le contexte où il a été écrit.

(1) d'après Odile Ribadeau Dumas et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 95

12 février 2007

Double kénose

Pour Enzo Bianchi, il existe un parallèle dans le Credo entre l'incarnation dans la Vierge Marie et la Parole de Dieu qui se fait chair dans la parole des prophètes.

Enzo Bianchi, ibid p.41

Esthétique

Selon Hans Urs von Balthasar : l'Esthétique partait de la figure (du verbe incarné Jésus-Christ). Mais la figure en tant que telle n'est vraie et remplie de gloire que dans la mesure où elle révèle et provient de l'unité du Père et retourne en celle de l'Esprit. Et tout cela se déroule dans une dramatique divine, qui révèle, au niveau du monde et dans l'ordre de la rédemption, le mouvement transcendant de la Trinité éternelle.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 61

Dépassement

Notre société bute sur des choses simples, des vérités mal comprises et que l'on peut corriger facilement, à condition d'en percevoir les enjeux. Ainsi, pour Fossion, il y a 5 axes de dépassement de "ce qui fait obstacle à la foi" :

a) Percevoir la création comme étant toujours "à venir", à la différence d'une vision qui se fige sur une interprétation littérale du Dieu créateur de l'homme "porteur du mal"…

b) voir l'éthique chrétienne comme une "permission sans limite mais dans la responsabilité", et non comme le lieu d'un interdit stérile,

c) concevoir l'homme debout comme une priorité (le sabbat est pour l'homme et non l'homme pour le sabbat),

d) voire la croix comme le signe d'un renversement : la croix montre jusqu'ou peut aller le mal et jusqu'ou peut aller le bien (là où le péché à abondé, la grâce à surabondé – Rom 5,20) (1) On peut voir à ce sujet l'analyse de Ricoeur (2) qui parle de l'hyperbole qui "suscite notre imagination et nous permet d'accéder à une nouvelle règle en recevant l'enseignement de l'exception".

e) Percevoir la Trinité comme lieu de communion entre donner (Dieu) et Recevoir (Fils) et le lien entre les deux par l'Esprit.

Faire passer ce message, c'est permettre de sortir d'une vision étriquée de l'Eglise comme lieu d'interdit ou de défendu et remettre l'Evangile au cœur du message.

(1) André Fossion, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p.85

(2) Equivalence et surabondance, les deux logiques, une lecture de Rom 5, Paul Ricoeur, in Esprit Mars-Avril 2006, p. 167 – 173

11 février 2007

Le Don – II, Des fleuves d'amour

Un Fleuve d'amour,… Voilà l'image qui m'habite de plus en plus, comme un dévoilement soudain. Le don sans fin qui transpirait déjà dans les textes de l'Ancien Testament ( "J'ai fait sortir de lui des Fleuves" Si 24, 30), m'apparaît maintenant comme un geyser d'amour, une fontaine intarissable, jaillissant du flanc ouvert du Christ. Par cette plaie béante où l'apôtre Thomas mettra son doigt, jaillit le sang et l'eau qui ne tarît pas, la source nouvelle du Verbe, Parole vivante qui nous abreuve et que nous ne pouvons conserver. Comme la manne elle nous échappe et nous revient encore. Inépuisable et profonde comme ce fleuve jaillit du Temple. Tel Bonaventure, nous ne pouvons que remplir nos misérables jarres à cette eau, la puiser, se laisser habiter et la transmettre… Elle est le Vin nouveau, le Verbe qui se répand, inépuisable et fécond…

Pour saint Thomas ces fleuves sont en quelque sorte "le flux de l'éternelle procession selon laquelle le Fils procède du Père et le Saint-Esprit procède de manière ineffable à la fois de l'un et de l'autre. Ces fleuves restaient caché dans les vestiges des créatures et dans les énigmes des Ecritures. En s'incarnant, le Christ les a rendus manifestes"

(1) Saint Thomas, Commentaires sur les sentences.

Deux approches complémentaires

Même lorsque nous intervenons dans le cadre d'une recherche "d'humanisation" on ne peut pour autant mettre en place une "tactique d'évangélisation ou une stratégie pastorale" (1) Il faut trouver un lieu de cohabitation entre ces deux réalités, humaine et spirituelle de nos actions pastorales. Si ces actions sont de fait un "terreau naturel pour l'annonce de l'Evangile" il est important ne pas en faire nécessairement un lieu de prosélytisme mais de liberté, d'accompagnement, qui sans ignorer ce qui nous habite, laisse à l'autre un chemin de liberté et d'humanisation qui ne soit pas nécessairement, pour l'instant, celui du sacrement.

(1) André Fossion, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 81

10 février 2007

Kénose de la Parole


Comme, lors des Rameaux, l'ânon porte le Christ, l'Esprit porte la Parole de Dieu. Ainsi pour Enzo Biancha, sous la conduite de l'Esprit, La Parole "s'enfonce à travers la lettre" pour atteindre la profondeur du Mystère où à lieu la rencontre avec lui". C'est pourquoi l'interprétation traditionnelle de l'Écriture a toujours fait appel à l'analogie de l'incarnation (1)
On rejoint pour moi la thèse de Soloviev de la double kénose, déjà évoqué dans ces pages...

(1) Enzo Bianchi, Ecouter la Parole, p. 41

Trinité

Certes, comme le dit Hans Urs von Balthasar, la fin dernière "est la vie trinitaire révélée en Jésus-Christ" Pour lui le dénouement ne peut être que trinitaire (1), mais d'une certaine manière, si l'on fait abstraction des contingences humaines et de la nature, ne sommes nous pas déjà dans un mouvement trinitaire. Cette trinité ne transpire-t-elle pas dans le monde, à la fois voilée et présente. Elle se révèle dans des indices imperceptibles, dans cette fleur qui révèle le Père, dans cet amour partagé qui s'origine et trahit l'amour du Fils et dans cette intelligence des choses qui ne viennent que de l'Esprit en nous. La Trinité est comme une source vive qui déborde de puissance sur nos chemins, s'infiltre sous la pierre et fait suinter la terre. Elle est l'âme de ce monde même si elle ne se révèlera qu'in fine, dans le tressaillement de la rencontre de Dieu. Alors le monde tremblera de joie, comme le décrit Dante, parce que les bienheureux verront Dieu.

D'une certaine manière, je rejoins ce que disait la grande Scolastique, qui voyait la création comme inscrite dans la Trinité comme dans son présupposé inconditionnel. Pour elle, la possibilité de création repose sur la réalité de la Trinité. "Un Dieu qui ne serait pas trinitaire ne pourrait être créateur." (2)

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 47
(2) ibid p. 55

Construire une église en "open source"

Je retiens le mot d'André Fossion, qui sera probablement parlant pour la "blogosphère". Loin des structures classiques, il nous faudrait dit-il proposer une Eglise en "open source" pour "puiser librement, s'appuyer et construire son existence" (1). Certes cela n'exclue pas l'importance de garder un lien apostolique force entre tous les membres, mais l'accès aux "ressources" de l'Eglise mériterait un élargissement, qui ne conduirait pas tous les hommes de bonnes volontés à devoir passer obligatoirement et en préalable sous les fourches caudines des conditions "sacramentelles" pour jouir, connaître, apprécier, comprendre, le sens de l'Evangile. L'Eglise sacramentelle ne prenant son sens que dans une deuxième étape, basée non sur une "obligation" mais sur une invitation à aller plus loin… Utopie peut-être, mais l'idée me semble interpellante sur nos processus pastoraux…

(1) André Fossion, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p.81

09 février 2007

Le Don – I, Toujours plus

Voir comme le fait Balthasar la présence de Dieu pour l'homme comme un "toujours plus", c'est à chaque fois permettre d'ouvrir un avenir et comprendre l'immensité du don. Quelque chose advient, un avenir, et on en n'est jamais maître

Cet avenir qui nous fait retrouver la force au-delà de nos servitudes et de nos petitesses, qui nous donne la force d'aimer est autre chose que le futur, c'est l'union de notre foi et de notre espérance. Elle apparaît comme "cette ancre (agripan) jetée au-delà du voile du Temple (Heb 6,19)" qui nous tire vers Dieu et nous invite à la confiance.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 46

Révélation

Pour Christoph Théobald "Dieu ne nous révèle pas d'abord des choses, des vérités, des dons; il n'a qu'une chose à nous communiquer : lui-même comme mystère absolu. La seule réponse adéquate, la foi est alors le don de soi du croyant, offrande libre, dont la racine ultime est la conscience humaine." (1)

Je pense que nous sommes effectivement invité à entrer dans cette dynamique du recevoir... Un saut dans l'inconnu auquel Dieu nous invite. Je te reçois et je me donne à toi... Tout est dit...

(1) Christoph Théobald, ibid p. 60-61

Nouvelle vision de l'Eglise

Pour Jean Marie Donegani, l'Eglise peut être l'événement qui rassemble à chaque instant les hommes dans le nom de Jésus-Christ. Cela se fait nécessairement hors de tout lien, de manières nécessairement plurielles mais en restant dans l'espérance d'une unité à la mesure de l'attention qu'elle accorde à chaque témoignage singulier et à chacun de ces petits éclats de sens qui dessinent le profil du croire contemporain (1)

La difficulté dans cette ouverture sera de maintenir l'unité. On peut voir à ce sujet ce que je reprenais plus haut chez Ratzinger qui comparaît certaines communautés à un "vaisseau spatial qui a coupé tout lien avec la terre". L'art est dans le maintien du lien, qui n'est ni rigide, ni trop lâche…

Jean Marie Donegani, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p. 45

08 février 2007

Liberté

La liberté divine peut elle purement et simplement "subjuguer" la liberté créée ? Si comme les Pères de l'Église avaient coutume de le souligner avec Irénée, elle procède par persuasion, non par violence, est elle alors sur de parvenir à ses fins ? Ne faudrait-il pas précisément compter avec la possibilité d'un refus définitif de la part de l'homme, et donc aussi de la réprobation définitive qui en résulterait ? (1)

On est pour moi au cœur du mystère, celui qui conduit à s'interroger sur les conditions mêmes de cette liberté. Sommes nous véritablement aptes à faire un choix libre ? Le faisons nous véritablement ? Et quid de ceux pour qui ce choix est plus difficile parce qu'ils n'ont pas reçu ce que nous avons reçu, ceux que la vie a marqué de mille façon et qui n'ont plus de raison d'espérer. Peut-on alors les condamner à la réprobation alors qu'ils ne sont pas responsables ?

D'une certaine manière, je crois qu'il faut se placer dans la position du fils ainé dans le texte du fils prodigue ? Prendre conscience que l'on a reçu beaucoup du Père et que ce qui est à lui est à nous et, fort de tout cela, devenir aidant pour ceux qui n'ont pas reçu, sans violer leur liberté, mais parce que Dieu a besoin de nos mains, de nos voix pour les aider sur le chemin… La miséricorde de Dieu passe par nos mains, mais pas uniquement ? Nous sommes des serviteurs quelconques et Dieu profitera de nos efforts et compensera nos incompétences…

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 45


NB : Parallèlement à notre lecture d'Une nouvelle chance pour l'Evangile, nous poursuivrons nos commentaires de la Dramatique Divine avec ici le dernier tome de cette partie de la trilogie...