Il est médiateur mais comme serviteur du Christ. Ainsi J. Ratzinger invite-t-il à "ne pas construire un être à coté de lui, mais seulement en lui" (1) Evoquant le conflit entre Augustin et l'évêque donatiste Parménien, Augustin rappelle que ce n'est pas l'évêque qui est médiateur, c'est le Christ. Il faut ainsi "relativiser l'importance du ministre et manifester sa dignité secondaire en face du primat absolu du Christ" (2) Dénoncer par là ces exigences de sainteté dont saint Augustin souligne le caractère pharisaïque : "dans le même temple ont prié pharisien et publicain". En cela ajoute Ratzinger, il faut se méfier des inventions personnelles où l'on se surestime et se donne une importance que l'on n'a pas. "Si je vais à l'Eglise c'est pour rencontrer non pas ce que moi, ou celui-ci ou celui-là nous avons inventé, mais ce qui nous est donné comme la foi de l'Eglise présente à travers les siècles et qui peut nous soutenir tous. Exprimer cette foi, cela donne au prédicateur, fût-il minable, le poids des siècles (...) le prêtre manquera toujours sa mission s'il veut cesser d'être un serviteur, un envoyé qui sait qu'il ne s'agit pas de lui mais de ce que lui même peut recevoir" (3)
Outre une réflexion et un message pour les prêtres, cette analyse nous renvoie à notre propre regard. Celui que l'on porte au ministre du sacrement, pendant la consécration. Comme je l'évoquais précédemment, cela nous permet de voir en l'homme le Christ qui n'est pas seulement présent dans l'Eucharistie mais en l'homme par une tradition apostolique et pneumatique, c'est-à-dire que nous ne sommes en réalité pas seulement en train de faire mémoire de la Cène, mais de l'actualiser dans l'aujourd'hui de nos vies. Le rendre présent en toutes choses, habiter en Lui. Etre en Christ... Tout un programme...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 315
(2) et (3), ibid pages 316 et 317
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