Je n’ose croire que cette impression de vide, ce néant des sens est don de Dieu. Pour moi, il s’agit de l’enfoncement dans le monde, la perte de ce qui faisait l’essentiel de ma foi, de ma vie de prière et de « vérité ». L’acédie m’entoure. Nuit des sens mais aussi abandon de la lutte. Je suis loin en tout cas de cette expérience de la déréliction que partagent certains chrétiens « quand ils sont jugés dignes d’expérimenter « la nuit obscure de la crucifixion », tel le « dolores inferni circumderunt me » de saint Jean de la Croix (1). Pour lui, l’âme sent d’une manière très vive l’expérience de la mort, privé de Dieu.
« Sur l’ordre du Christ qui lui intime de sortir de lui-même, l’homme s’en va à l’extérieur de soi et se trouve pauvre, misérable et délaissé ». (2)
C’est le « Délaissement absolu (...) on ne trouve de secours de personne » (3)
Le fil est fragile, comme cette marche sur les cimes, où le précipice nous entoure mais l’appel du sommet nous attire.
(1) Saint Jean de la Croix in La nuit obscure de l’esprit II, ch. 8. cité par Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 281
(2) Ruusbroec, Geistliche Hochzeit, II, 28, cité par Hans Urs von Balthasar, ibid p. 282
(3) Henri Caffarel, l’Emprise de Dieu. Paris 1982, 310
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