Comme pouvait le dire au premier siècle Ignace d’Antioche : « Il n’y a plus en moi de feu pour aimer la matière, mais en moi une eau vive qui murmure et dit au-dedans de moi : viens vers le Père » (1), l’Eglise a souvent, par ses saints, tendu vers ce que l’on appelle la mort mystique, à l’instar de Thérèse de Jésus qui dit écrit « Je vis sans vivre moi-même et ainsi j’espère de mourir, parce que je ne meurs pas. En moi-même, je ne vis plus, et sans Dieu je peux pas vivre ». (2). Cela peut conduire pour Hans Urs von Balthasar à une aspiration à un anéantissement qui n’a rien de chrétien et peut conduire par exemple au boudhisme. A cela il me semble important d’opposer l’affirmation christique « Mon heure n’est pas encore venue » (Jn 7,32). Il y a un temps pour vivre l’aujourd’hui et un temps pour mourir. Chez saint Paul, existe ainsi un contrepoids qui est l’urgence de la tâche terrestre, de même qu’Ignace d’Antioche qui souligne que malgré son désir du ciel, il travaillerait volontiers sur terre, jusqu’à la fin du monde, si c’est la tâche que le Christ lui confie. Ce qui fait conclure par Hans Urs von Balthasar que le « signe authentiquement chrétien de la participation à la mort et à la déréliction de Christ est moins dans l’extase d’amour que dans la « croix portée quotidiennement » (2)
En quelle sorte, je préfère la notion de décentrement à mort à soi-même. Car il ne s’agit pas de mourir et devenir un automate de Dieu. Il s’agit de mettre le centre de nos pensées, de nos actes et de nos paroles en Christ.
(1) Ignace d’Antioche, Epître aux Romains, 6, 1-7,2 cité par Hans Urs von Balthasar, ibid. p. 307
(2) cité par Hans Urs von Balthasar, ibid p. 308
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