16 juin 2007

Pauvre parmi les pauvres

Je crois en cette kénose du bon pasteur, qui dessine au plus profond de l’humanité (j’ai appris récemment que Jéricho était une des rares villes du monde en dessous du niveau de la mer), pour « habiter chez Zachée et guérir l’aveugle ». N’est-on pas au cœur de la pastorale du Christ qui a bien compris ce que semble découvrir Claudel : « Il n’y a pas d’amis surs pour un pauvre s’il ne trouve plus pauvre que lui » (1)

Pour Hans Urs von Balthasar, cela rejoint les deux romans de Dostoïevski qui voit dans l’Idiot une image de "l’homme le plus beau" et qui dans Crime et Châtiment, montre qu’il faut des années « avant que fonde la carapace » de Raskolnikov face à Sonia jusqu’à ce qu’une question l’obsède : « Pourquoi tous aiment-ils Sonia ? » (...) « la glace fond alors enfin dans son cœur : « il pleura et étreignit les genoux de Sonia » (2)

Pour Hans Urs von Balthasar c’est une allégorie lointaine permettant d’atteindre l’indicible. On pourrait ajouter que la déréliction du Christ, par sa nudité, sa pauvreté en face du pécheur, n’a d’autre but que de faire fondre la glace qui enserre le cœur de l’homme.

(1) Paul Claudel, in Notre Dame auxiliatrice, Poèsie I, Gallimard 1950, p. 269 cité par Hans Urs von Balthasar p. 285
(2) ibid. p. 285-6

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