05 juin 2005

Soi-même comme un autre

Je retrouve dans cette analyse du Soi chez Jung : "La transcendance du moi empirique vers le Soi qui lui est sur-ordonné (...) le moi individualisé s'éprouve comme objet d'un sujet inconnu et supérieur. Pensée à l'horizon illimité car l'idée d'un Soi en soi et pour soi est déjà un postulat transcendant" (1) des accents du Soi-même comme un autre de Paul Ricoeur. Balthasar y voit quelques ouvertures vers la grâce et la voix mais pas vers la prière... Que manque-t-il, si ce n'est cette capacité de décentrement ou même de sur-centrement qui pourrait caractériser l'acte de purification ultime où l'on ne fusionne pas dans un tout indifférencié mais bien dans une symphonie où tout en restant soi, on participe à la danse.
Balthasar ajoute que le "Soi individuel de C.J. Jung est en stricte opposition au Sur-moi de Freud (...), le centre de la personnalité à mi-chemin entre conscient et inconscient comme leur haute synthèse". (2) C'est là que l'on rejoint pour moi la longue démarche du Soi-même comme un autre de P. Ricoeur, dans ce qu'il a qualifié plus tard de petite éthique...
Pour Balthasar enfin, "Le dernier mot de Jung pourrait être résignation non dans un rôle ou un masque mais dans le sens ou le "voir Dieu" n'est pas total. "La totalité ne se réalise jamais au point que nous puissions nous identifier à elle". (3)
Cela montre pour moi une saine clairvoyance qui permet de distinguer la démarche de toute totalité, n'en déplaise à Hegel et viva Lévinas...

(1) d'après Urs von Balthasar, ibid p. 440-1
(2) ibid p. 442
(3) ibid...

Aucun commentaire: