26 février 2006

Chrétiens anonymes...

Quelle le sens de l'existence de personnes libres qui résistent à la foi ? Peut-on dire qu'elles sont pour autant vouée au néant ? Peut-on dire que seul les chrétiens détiennent la vérité ?
A ces questions difficiles, les réponses sont multiples.

L'opposition entre Balthasar et Rahner sur le thème des chrétiens anonymes (1) qui a donné naissance chez Balthasar à Cordula ou l'épreuve décisive a déjà fait l'objet de commentaires dans ce blogue. Si le concept d'ernstfall (l'homme face à l'épreuve) que l'on retrouve par exemple dans D. Sibony à propos de sa critique de Lévinas... est que ce qui distingue le non-chrétien du chrétien véritable est peut-être à mon avis un des points les plus difficiles de toute "élucubration philosophique".
Comment jugez l'homme sur son aptitude à répondre à l'appel. Seul le Christ a pu dire véritablement, le fiat total, qui le conduisait à la mort. Ce chemin qui est aussi celui des martyrs est-il le privilège du chrétien véritable ? Peut-on faire de cette voie un chemin supérieur à tout autre homme.
Pour moi ce serait ignorer que chaque homme a été créé par amour et pour l'amour même si le choix et le mal existe en lui. Cela n'enlève pas l'importance du message du Christ. Cela ne contredit pas ma foi dans le fait qu'il est le chemin. Mais je m'incline et m'inclinerai encore devant tout geste d'humanité véritable et au delà d'une confession où d'une grâce validée par l'Eglise. Les voies de Dieu restent insondables et pour paraphraser Ignace, l'homme est plus grand que ce que l'on perçoit de lui. C'est pourquoi, à mon humble avis, le Christ, unique médiateur, s'est mis à genoux et à lavé les pieds de notre humanité en devenir...

(1) cf. ibid p. 25

25 février 2006

Expérience ignatienne

Quand on fait également cette expérience et qu'on aspire à cette nourriture, il semble important de resouligner l'importance des exercices ignatiens dans la construction de la pensée de nos deux théologiens. C'est de fait marquer l'importance majeure de cette démarche dans la construction de leurs pensées. Elle repose sur deux constats, que nous partageaons avec euc :
- "Une expérience de Dieu est possible"
- et les "sens spirituels" ont une place majeure dans cette expérience.
Cette expérience se nourrit, comme l'indique saint Ignace de l'importance de la méditation des mystères de la vie de Jésus et cela conduit chez nos deux penseurs à "une commune insistance sur l'universalité de la volonté salvifique de Dieu". (1)

Dieu n'est pas un Dieu vengeur, mais comme l'affirme Ezéchiel, il ne veut pas la mort des pécheurs mais qu'il vive. Si Dieu s'est incarné, c'est dans ce but et c'est en cela qu'il nous fait la plus grande preuve de sa miséricorde.

(1) Rahner - Balthasar, ibid p. 20

Balises : Ignace Exercice Miséricorde Balthasar Rahner

24 février 2006

La primauté de la pastorale.

Que les deux penseurs aient eu "la conviction que la théologie n'est pas une fin en soi mais toujours au service de la pastorale et de l'annonce de la Parole" (p. 19) me semble essentiel à noter. Cela apparaît plus qu'une évidence. Il me semble que cela doit être même une exigence, pour éviter de sombrer dans l'auto-satisfaction du penseur, qui escalade seul les sommets de la recherche et ignore l'essentiel : la charité. Cela évoque en moi, ce que Balthasar notait dans Styles à propos du chemin de Pascal, qui a terminé sa vie dans la charité après avoir atteint des sommets de réflexion. L'essentiel est ailleurs, même si nous avons reçu le talent de la réflexion, elle ne peut être qu'un moyen et non une fin.

Sur ce thème : Balthasar Pascal Pastorale Théologie

23 février 2006

Dieu plus grand...

"Dieu toujours plus grand que nos idées surtout dans le sens où il est infiniment incompréhensible comme Rahner ne cessera de le répéter jusqu'à sa mort."
J'ai déjà mentionné cette phrase tirée de saint Ignace et reprise par Ratzinger. Qu'elle aie habité nos deux penseurs ne me surprend pas. Il y a dans les deux directions prises, la même trame commune, le même agenouillement du penseur devant l'infini de Dieu. Et je ne peux que m'agenouiller, quelques marches plus bas...
On comprend que lors de son oraison funèbre, Ratzinger puisse avoir dit de Balthasar, qu'il était un théologien agenouillé... C'est dans cette état d'esprit que la théologie peut être et évite de devenir la construction d'une tour de savoir...

Balthasar et Rahner...

Pour les lecteurs assidus du site "Chemins..." dont ce blogue n'est que la face Nord, le récit d'une longue escalade parfois ardue (voire un peu trop cérébrale, comme mon ami Renaud me l'a fait remarquer dans un commentaire), la traversée de l'oeuvre de Karl Rahner et de Hans Urs von Balthasar constitue depuis déjà 4 ou 5 ans une trame majeure. L'oscillation de nos réflexions entre ces deux courants de la théologie moderne est pour moi une expérience en soi. Et c'est avec un certain bonheur que je me suis lancé dans la lecture des actes du récent colloque qui a planché sur les harmonies et dissonances de ces deux grands chrétiens du XXième siècle. Ce blogue va donc continuer maintenant après J. Ratzinger dans le commentaire "live" de la lecture de "Balthasar, Rahner Deux pensées en contraste, colloque d'une rencontre" dans l'édition mise en page par Henri-Jérôme Gagey et Vincent Holzer (Editeurs) et publiée chez Bayard, Paris 2005
L'actualité de ce texte m'impose cependant une certaine prudence. Je limiterais donc les extraits afin de ne pas abuser de mon droit de citation et j'invite bien sur le lecteur à se reporter à l'excellent ouvrage.

22 février 2006

Construire

A travers un dialogue, "un parler ensemble", à travers la recherche en commun de solution aux divers problèmes en vue de la construction d'une société humaine, nous pouvons garder un optimisme étonnant, au delà du drame de ce monde.
La solidarité avec aujourd'hui semble en effet être la garantie d'un demain renouvelé. Et il faut pour cela, nous dit J. Ratzinger, que l'Eglise soit au service (et non pour être servie). Qu'elle demeure féconde dans le dialogue et qu'elle soit reconnue par la force de ses réalisations. (1)
Pour lui "ce n'est pas une constitution pastorale qui fait Vatican II mais l'ensemble pris autour de son centre réel la réception réelle du concile n'est pas commencée du tout. Ce qui a dévasté l'Eglise n'est pas sa réception mais le refus de sa réception." (...) "une découverte réelle du concile réel et l'approfondissement de sa volonté" est nécessaire. "Il ne peut pas y avoir de retour au Syllabus." (...) L'Eglise a du abattre de vieux bastions et se confier à la seule protection de la foi, de la puissance de la parole qui est son unique force vraie et permanente." En cela, le futur pape reprend l'image de Don Quichotte, qui affirme que derrière "les portes fermées il y a des valeurs qu'il ne faut pas laisser perdre si nous ne voulons pas perdre notre âme".
Il nous faut chercher "l'élément porteur, rechercher cela inébranlablement et accepter avec audace, d'un coeur joyeux et sans restriction la folie de la vérité, telle me semble être notre tâche pour aujourd'hui et pour demain : le point vraiment central du service que l'Eglise rend au monde, la réponse qu'elle apporte aux joies et aux espoirs, tristesses et angoisses des hommes de notre temps." (2)
Je trouve que ces paroles qui terminent ma longue lecture commentée de cet excellent recueil se suffisent à elle-mêmes, j'espère que cette mise en bouche vous permettra d'en entamer la lecture...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 426
(2) p. 437 et ss.
Rappel : Source des récents commentaires : Joseph Ratzinger, Les principes de la théologie Catholique, Essais et Matériaux, Téqui, 1982, ed. 2005.


Pour retrouver la plupart des billets sur ce thème : Ratzinger Vatican II Concile Réception

21 février 2006

Vatican - II

Cette phrase me semble primordiale à noter : "ce qui est décisif c'est qu'il y ait des hommes - des saints - qui par un engagement de leur personne que nul ne peut leur imposer créent quelque chose de vivant et de neuf. La décision définitive, en ce qui concerne la valeur historique de Vatican II dépend de l'existence d'homme qui réuniront en eux même le drame de la séparation du bon grain et de l'ivraie et donneront là à l'ensemble cette clarté de sens qu'on ne saurait tirer de la lettre seule (..). Le concile a ouvert des voies qui conduisent inévitablement au coeur du christianisme (...) Il dépend des hommes qui transforment la parole en vie. " (1)
Et comment ne pas voir combien des hommes de notre temps on ainsi porté et amplifié plus que jamais cette fécondité conciliaire, de mère Thérésa à Jean-Paul II, mais plus simplement aussi, ces hommes et ces femmes qui nous entourent et qui sont signes à la foi de l'aour miséricordieux de Dieu et d'une transcendance réelle. Nous ne pouvons ignorer l'extraordinaire fécondité de notre Eglise...
Comme le disait Gaudium & Spes "l'Eglise coopère avec le monde pour construire le monde".
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 420ss

Sur ce thème : Vatican II, Ratzinger, saint

20 février 2006

Conciles

On a souvent l'impression que Vatican II date de l'histoire ancienne, alors qu'en fait, il continue d'avoir sur notre Eglise une force de mouvement voire d'opposition virulente. J'ai découvert d'ailleurs que la "réception" du concile n'avait pas encore commencé...

"Tout les conciles ont d'abord pour effet d'ébranler l'équilibre, agissant comme facteurs de crise." (1) Et cet ébranlement est source de tensions et de failles, comme un tremblement de terre.
Au delà de la crise inévitable, J. Ratzinger note que Vatican II a réinséré dans l'Eglise une doctrine de la primauté qui restait encore dangereusement isolée, il a réintégré dans le mystère du corps du Christ une conception de la hiérarchie trop isolée elle aussi, il a rattaché au grand ensemble de la foi une mariologie trop isolée. Il a rendu à la parole biblique la plénitude de son rang. Il a rendu la liturgie à nouveau accessible et avec tout cela a fait un pas dans le sens de l'unité des chrétiens.
Voir les faits, et l'on peut maintenant essayer de construire, sur des bases nouvelles. Progresser dans lConcilesa réception de ce qui a été lancé. Certes l'agressivité y compris dans l'Eglise n'est pas du pessimisme mais de l'objectivité.... "On ne fait pas une omelette sans casser des oeufs" dit le vieux dicton populaire. Et il est plein de sagesse... Ratzinger note cependant que l' "on n'a pas le droit d'exagérer la part de Vatican II dans l'évolution la plus récente et dans un contexte de crise spirituelle généralisée.
Vatican II a amplifié la conception de l'Eglise pécheresse, conduit à la radicalisation de l'exigence biblique fondamentale et à une incertitude concernant notre propre identité qui reste toujours en question. (2)
"Il faut susciter à nouveau la joie de posséder intacte en sa réalité la société de foi qui provient de Jésus-Christ. Il est nécessaire de redécouvrir la voie de lumière qui est l'histoire des saints, l'histoire de cette réalité magnifique où s'est exprimé victorieusement au cours des siècles la joie de l'Evangile. (...)
Ne plus avoir dans l'image du Moyen-Age que l'inquisition mais des images de lumière...
Et de fait, même s'il s'exprime en 1982, il faut souligner que "la réception correcte de Vatican II n'a pas encore commencé
".

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 412
(2) p. 415-6

18 février 2006

Sages et artisans de paix...

Travailler à la paix, chercher par tous les moyens à rétablir la paix, n'est-ce pas être au service de l'amour véritable ? Il ne s'agit pas de construire une paix factice, un mensonge ou une inégalité forcée, mais une paix du coeur...

A ce sujet, J. Ratzinger note une correspondance chez Augustin entre les béatitudes de l'esprit et les dons de l'esprit. (1) Il y a pour lui une unité interne de la vie spirituelle et les paroles du Seigneur ne peuvent pas, en fin de compte, présenter un autre modèle d'existence que celui offert dans la description de la plénitude intérieure apportée par l'Esprit-Saint. Pour Augustin le don de la sagesse est donné aux artisans de paix (cf. Mt 5,9)
Je retrouve là ce critère de discernement enseigné dans les exercices ignatiens. C'est lorsque l'on trouve la paix intérieure que l'on est proche de ce que Dieu nous murmure à l'oreille. Au delà des tempêtes de la pensée, de l'orgueil des mots, il y a dans le bruit d'un fin silence une musique qui se dessine, une harmonie qui s'établit. C'est le souffle discret de l'amour véritable, de la loi du coeur. Tenons notre lampe allumée.

(1) De Sermone Domini in monte I, Ic4 (PL 34, col 1235) et De Trinitate XII 19,24, d'après J. Ratzinger, ibid p. 408

17 février 2006

Foi, porte de la sagesse.

Je retrouve, cette affirmation de Jean Paul à Lourdes en 2005 : "femme sentinelles de l'invisible". Qu'est-ce qui donne à la femme une sagesse plus grande que celle de nos savants et nos philosophes. N'est-ce pas cette intelligence du coeur qui fait que l'amour prime sur les passions, que le coeur calme les élans par une raison profonde et que la foi y trouve une source incomparable.

16 février 2006

Sagesse - II

A la suite de la réflexion sur le suivre Jésus, on peut s'interroger sur la nature de cette sagesse qui n'est pas celle des homme mais celle de Dieu.
Dans les "loggia", on met dans la bouche de Jésus des paroles de sagesse, dans cette idée que Jésus était la sagesse de Dieu parlant parmi les hommes. Il y a d'une certaine manière "personnification de la sagesse dans la figure de Jésus" qui était "préparée par les écrits tardifs de l'Ancien Testament (...) la sagesse de Dieu est une personne, et pourtant elle est Dieu". S'il en est ainsi, on ne passe plus par le passage obligé à la raison philosophique tel qu'apporte Platon. La sagesse est en lien avec la foi. En cela, saint Augustin, note Ratzinger, par rapport à la philosophie élitiste de Platon, ouvre la sagesse à tous les hommes.
Bonaventure, voyant une femme à la foi profonde avait dit à ses frères étonnés que cette femme avait en définitive plus de sagesse que de grands savants. (1)
Pour Thomas d'Aquin, l'amour devient pour l'homme un oeil qui lui permet de voir (2)
Il y aurait donc une sagesse du coeur, qui est différente de toute connaissance. Elle s'apprend peut-être dans la méditation, le silence et la prière.
Tout un chemin...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 406-407
(2) in III Sent. 35,1

Autres pages sur ce thème : Prier sagesse Thomas Ratzinger Jesus suivre

15 février 2006

Suivre le Christ

Suivre le Christ sur le Chemin de la Perfection avec sainte Thérèse de Jésus par Sr Pascale Dominique de Sainte Thérèse
"La perfection de la religion est d'imiter Celui que tu adores. Saint Augustin"

Je voudrais étudier la suite du Christ dans le Chemin de Perfection. Des travaux traitent des
livres de sa Vie et des Demeures, mais je n'ai pas trouvé d'étude qui aborde le Chemin sous cet
angle. Nous allons aborder les textes avec les Constitutions des Carmélites à l'appui car nous y
trouvons parfois d'excellentes synthèses de deux points de vues complémentaires : premièrement
en posant la question de la personne de Jésus dans le Chemin. Qui est-il aux yeux de sainte
Thérèse et comment le présente-t-elle à ses filles ; Ensuite nous allons considérer comment elle
leur propose de Le suivre.

Lire la suite... (PDF)

Appel à la sagesse...

Dans Isaïe 11,5, la sagesse est décrite comme le propre de l'Esprit de Dieu. Pour Platon déjà la sagesse au sens propre appartient cependant à Dieu seul mais l'homme peut être philosophe c'est à dire "en quête amoureuse de la sagesse". C'est en cela qu'il a reçu l'Eros, cette ouverture de l'homme qui l'oblige à dépasser toujours les limites du connaissable pour accéder à l'éternel.
Ce n'est pas le même Eros qui règne sur le monde. On en est loin, même si ce dernier ignore ce qu'il cherche au fond de lui...
"Dans un monde totalement rationalisé où on en arrive précisément à une dictature terrifiante de l'irrationnel incontrôlé, là au contraire où dans l'Eros visant à l'Eternel, se fondent connaissance et amour, là vient s'illuminer la sobriété du rationnel, là le rationnel rejoint la fécondité et chaleur, à partir des profondeurs de l'esprit dans lequel vérité et amour sont inséparablement une même réalité" (1)
La sagesse rime plus avec la patience, le discernement, la prise de distance. Ce n'est pas la culture du zapping mais la persévérance au-delà de l'ennui, de la routine, dans la fidélité à un chemin plus escarpé...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 406

14 février 2006

Jésus et la Samaritaine...(Jn 4)

J'ai toujours été frappé par la correspondance entre le "J'ai soif" prononcé par Jésus à la Samaritaine et son cri lancé sur la Croix. Il y a dans cette interpellation de l'humanité, tout un discours, une invocation du coeur.
Au delà d'une discussion sur la soif de l'eau (bios) en opposition à la soif de la vie proprement dite (zoé), Jésus face à la Samaritaine nous enseigne le chemin d'une pastorale.
La nouvelle étape survient lorsque la femme, à partir de la question de la soif de vivre se met en jeu dans la totalité de la personne (...) La demande de Jésus : "appelle ton mari" est nécessaire "parce que c'est sa vie en tant que tout, avec toute sa soif qui est en question. Par là apparaît comme de lui même ce dilemme essentiel, l'orientation en profondeur de son existence : elle est placée en face d'elle même. Plus généralement, nous pourrions ramener ce qui se joue ici à la formule : l'homme doit nécessairement se reconnaître lui-même, reconnaître sa réalité profonde pour pouvoir reconnaître Dieu. Le milieu propre, l'expérience originelle où se situent toutes les expériences c'est que l'homme est lui-même le lieu dans lequel et par lequel il fait l'expérience de Dieu" (...) passer de l'empirique à l'expérimental jusqu'à l'expérientel. "Aller jusqu'à l'être le plus profond du moi propre et par là de l'intelligence radicale qui est ce moi-même de l'homme, là où on le découvre derrière la superficialité de quelque chose" tel est pour J. Ratzinger l'essentiel d'une démarche qui conduit à la vérité.
C'est pourquoi, ajoute-t-il nous devons considérer ce dialogue universellement comme le type natif de la catéchèse"ce à quoi l'on doit toujours tendre en dernière analyse dans la catéchèse : elle doit absolument conduire du quelque chose au "je" (...) mettre en jeu l'homme, mettre en évidence l'indigence et le besoin d'être". Il nous faut conduire à cette soif, telle est l'orientation et le sens de toute catéchèse. Elle ne peut faire autrement que de prendre son départ dans la partie sensible de l'homme (...) passer du royaume de quelque chose à l'être.
Pour J. Ratzinger, le but final est d'atteindre la métanoia, la conversion, le retournement de l'homme dont la conséquence est qu'il se trouve devant lui-même. La conversion est identique à la connaissance de soi, et celle ci est le coeur même de toute vraie connaissance (1)

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 396-7

13 février 2006

Expérience de Dieu - II

Pour J. Ratzinger, il y a 3 moyens d'entrer dans l'expérience chrétienne.
a) la vie en commun de la foi et de la liturgie à travers la paroisse, la communauté
b) la découverte du croyant qui est lumière pour les autres.
c) le saint qui est figure vivante jusqu'à avoir le "goût du divin"
Comme il le souligne, on ne peut goûter à la lumière (cf. Ps 34,9, 1 P 2,3, Hb 6,4) sans être transformé tout entier. Et cependant toute expérience mystique est une expérience rare. Elle ne doit pas être un but en soi car alors "la foi deviendrait une jouissance en soi au lieu d'être un dépassement de soi et serait infidèle à sa nature. La découverte de Dieu, l'expérience du bien en Dieu doit être soumise à ce qu'on appelle la loi du mont Thabor (là où les apôtres témoins de la transfiguration voulaient planter une tente). L'expérience joyeuse de Dieu n'est pas un lieu de séjour mais "un encouragement, une confort pour pénétrer de façon nouvelle la vie quotidienne, muni de la Parole de Jésus Christ et pour comprendre que le faisceau de la lumière de la proximité divine est présent là où on va de l'avant, muni de la parole..." (1)
Cela rejoint ce que je soulignais plus haut sur la croix. La joie n'a de sens que parce qu'elle prépare au dépouillement. Les amis de l'époux ne jeûnent pas tans que l'époux est là. Mais viendra un temps où ils jeûneront... (cf. Mt 9,15). Prenons garde à ne pas rester au Thabor dans nos rassemblements, car c'est dans la persévérance et le dépouillement que la puissance de Dieu se manifestera vraiment.
Pour J. Ratzinger nos catéchéses peuvent stagner, si elles ne sont pas une dynamique de progrès propre, dans la mesure où elle se contenterait, se réduirait à un "cercle élémentaire d'offre et de demande" (2) qui enfermerait l'homme dans le donné, sans aller jusqu'à une interrogation, une interpellation véritable "juste au moment où il devrait être libéré et conduit au large" (2)

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 394
(2) ibid p. 395

10 février 2006

L'expérience de Dieu

Comment l'expérience de Dieu se manifeste-t-elle en l'homme ?
Comment la liberté est elle laissée à l'homme face à l'infini de Dieu ?
Quelques éléments de réponse :

Pour J. Morroux, l'expérience chrétienne peut être de trois ordre :
a) l'expérience empirique
b) l'expérimentale
c) l'expérientielle...

Comment expliquer cela. Cela repose d'après Ratzinger sur plusieurs notions (1).
Chez Aristote on trouve que rien ne peut entrer dans l'intellect s'il n'est d'abord entré dans les sens.
A l'inverse chez Platon, rien n'est perçu sans une intellection préalable. Nous interpellons la nature (c'est pourquoi Heidegger parle de "mise en demeure").
La découverte expérientielle ou expérience existentiale serait d'assumer le principe spirituel tout en lui laissant la liberté. En cela l'autre est laissé libre
"Ce n'est que par le renoncement à toute expérience partielle que se donne à nous la totalité de l'être. Dieu a besoin de vases vides de tout intérêt personnel pour y infuser son essentiel désintéressement." (2)

Cela a pour moi des conséquences importantes : "l'éducation qui veut mener à une expérience religieuse dans la vie de l'homme telle qu'elle se présente restera sans résultat, si elle n'est pas dès le début une éducation au renoncement" (3)
"Bienheureux ceux qui ont le coeur purs car ils verront Dieu (Mt 5,8).

Pour les Pères de l'Eglise poursuit Ratzinger, voir Dieu, le connaître "dépend de la purification du coeur, ce qui signifie un processus global dans lequel l'homme devient transparent, ne reste pas enfermé sur lui-même, apprend le libre don de soi et devient par là-même un "voyant". Du point de vue de la foi chrétienne, on pourrait exprimer cela de la sorte : l'expérience religieuse, au sommet de l'exigence chrétienne a le caractère de la croix. Elle comporte ce qui est la marque fondamentale de l'être humain : le dépassement de soi. La croix libère, elle donne d'être voyant" (4)

Dans le billet précédent nous cherchions où se trouve l'infini de Dieu. Peut-être peut-il apparaître de bien des manières, mais ces apparitions ne prennent leur ultime lumière que lorsque le voile se déchire (Marc 15,38 - katapétasma) de haut en bas. Tout nos efforts et nos "bonnes nouvelles" sont fragiles s'ils ne conduisent pas, s'ils ne préparent pas à la révélation de l'amour d'un Christ nu et exposé sur une croix. Ne pas croire cela, c'est refuser deux mille ans de tradition qui voit en Christ l'unique médiateur. Le mystère glorieux de la Croix domine et transcende toute catéchèse. Et s'éloigner de cette annonce, c'est masquer l'essentiel. Cela ne veut pas dire que nous devons brandir la croix à quatre vents, mais cela sous-entend qu'une pastorale qui fait l'impasse de la mort ET de la résurrection du Christ est une pastorale qui ignore l'essentiel.

(1) ibid p.388
(2) Hans Urs von Balthasar, in Gottesfahrung biblisch und patristisch
(3) d'après J. Ratzinger, ibid p. 388 à 392
(4) ibid p.393

Sur le même sujet : Expérientiel Liberté Croix Ratzinger Médiateur

09 février 2006

Dieu "semper major..."

On peut toujours chercher à philosopher, à faire de notre vision de Dieu, un modèle bien carré et bien polissé. La réalité de Dieu est toujours plus grande que nos expériences, plus grande aussi que nos expériences même de Dieu et c'est peut-être en cela qu'il est Dieu, infini...
Face à cette interpellation du divin, on peut s'interroger sur nos essais d'évangélisation. La foi, en effet ne peut simplement être transmise selon le seul schéma de l'offre et de la demande car elle ne pourrait plus rayonner sa propre réalité. L'homme s'interroge trop peu et pas nécessairement de façon correcte souligne Ratzinger (1). Nous avons a tout mettre en oeuvre pour que La Rencontre soit une irruption, une épiphanie et en cela l'apparition de l'infini au delà de nos schémas et de nos explications rationalisantes. Et ce chemin est valable pour tous nos efforts de pastorale. On croit qu'en répondant à la faible demande par une offre légère on ne brusque pas la personne et que l'on respecte son cheminement. C'est je pense important. Et je n'ai cessé de défendre cette thèse. Et cependant, je conçois qu'à trop aller dans ce sens nos pastorales soient trop gentillettes. Nous mêmes sommes parfois endormis dans la routine du "on sait faire", mais ne sommes nous pas alors comme le frère du fils prodigue, assis à côté d'un trésor et incapable de le partager...
Que faire ? La tentation de certains est de foncer dans le prosélytisme forcené ou la catéchisation à outrance. Le chemin est à mon sens plus subtile. Il s'agit d'accompagner tout en laissant place au travail du coeur. Et ce travail du coeur doit être le fruit d'un jaillissement. "Longtemps je t'ai cherché et tu étais là, et je ne le savais pas" disait saint Augustin...
(1) ibid p. 388

08 février 2006

Comme une danse

Pour être un bon danseur (...) il ne faut pas savoir où cela mène (...) il faut être comme un prolongement agile et vivant, de Vous, et recevoir par Vous la transmission du rythme de l'orchestre. Il ne faut pas à tout prix vouloir avancer, mais accepter de tourner, d'aller de côté. Il faut savoir s'arrêter et glisser au lieu de marcher. Et cela ne serait que des pas imbéciles si la musique n'en faisait une harmonie.
Mais nous oublions la musique de Votre Esprit, et nous faisons de notre vie un exercice de gymnastique ; nous oublions que dans Vos bras, elle se danse, que Votre sainte volonté est d'une inconcevable fantaisie, et qu'il n'est de monotomie et d'ennui que pour les vieilles âmes qui font tapisserie dans le bal joyeux de Votre amour.
Révélez-nous le grand orchestre de vos desseins, où ce que vous permettez jette des notes étranges dans la sérénité de ce que Vous voulez. Faites nous vivre notre vie, comme une danse dans la musique universelle de l'amour.

Madeleine Delbrel, Nous autres gens des rues, Seuil, p. 91-92

07 février 2006

L'Eglise

L'Eglise, c'est ma mère. Oui, l'Eglise, toute l'Eglise, celle des générations passées qui m'on transmis sa vie, ses enseignements, ses exemples, ses moeurs, son amour, et celle d'aujourd'hui; toute l'Eglise, non seulement l'Eglise officielle, ou l'Eglise enseignante, ou comme nous disons encore, l'Eglise hiérarchique (....) mais plus largement, plus simplement l'Eglise vivante, celle qui travaille, qui prie, qui agit et se recueille (...) Dans cette communauté, je trouve mon soutien, ma force ma joie. Cette Eglise, elle est ma mère. L'Eglise est ma mère, parce qu'elle m'a enfanté à la vie. Elle est ma mère, parce qu'elle ne cesse de m'entretenir et, si peu que je m'y prête, de s'approfondir dans la vie.

Cardinal Henri de Lubac, sj, Paradoxe et mystère de l'Eglise, Aubier p. 14-16

06 février 2006

Joseph, ministre du salut

La paternité de Joseph s'est exprimée concrètement dans le fait d'avoir fait de sa vie un service, un sacrifice au mystère de l'Incarnation et à la mission rédemptrice qui lui est liée. (1) (...)
Il a fallu que le Christ aussi fût recensé dans ce dénombrement de l'univers, parce qu'il voulait être inscrit avec tous pour sanctifier tous les hommes et être mentionné sur le registre avec le monde entier pour offrir à l'univers de vivre en communion avec lui. (2)
La sanctification de la vie quotidienne à laquelle chacun doit s'efforcer en fonction de son état et qui peut être proposée selon un modèle accessible à tous : "Saint Joseph est le modèle des humbles..." (3)

Cette rapide lecture de l'exhortation apostolique de JP II apporte sa moisson d'éclairages, sur des chemins pourtant déjà parcourus... Comme souvent dans mes périgrinations, je retrouve dans ces textes des éléments qui éclairent ma propre recherche et qui sont toujours des lieux de méditation possible.

(1) Paul VI, allocution du 19 mars 1966
(2) Redemptoris Custos, Exhortation apostolique de Jean-Paul II, § 9
(3) Redemptoris Custos, Exhortation apostolique de Jean-Paul II, § 24

05 février 2006

Lectio Divina - Saint Jean de la Croix

La Sainte Écriture était, pour saint Jean de la Croix, la première des quatre « sources » de vie chrétienne et spirituelle :
1. la Sainte Écriture,
2. l'Église (avec ses ministres),
3. l'expérience et
4. la science.

C'est sur elle qu'il appuya l'enseignement dans ses écrits, tout en les soumettant humblement à la vigilance du Magistère. Au début du prologue de la Nuit obscure il écrit :
je me servirai pour tout ce que, avec la faveur divine, j?aurai à dire (au moins pour le plus
important et obscur à entendre) de la Divine Écriture, laquelle prenant pour guide nous ne
pouvons errer, puisque celui qui parle en elle est le Saint Esprit
.

Lire la suite de l'article de sr P. Nau dans Chemins (PDF de 738 Ko)

Toujours en marche

"Deus semper major" disait saint Ignace de Loyola (Dieu toujours plus grand). Pour J. Ratzinger "il est possible de le percevoir que si nous ne restons pas stationnaire mais lorsque l'on reconnaît l'expérience comme un chemin et où l'on s'efforce à le prolonger..."
Cela fait rebondir pour moi ce que je viens d'esquisser dans le billet précédent sur l'hyperbole. La parabole nous aide à comprendre, nous permet d'accéder à l'insaisissable, mais il nous faut marcher pour entrer dans la voie de l'hyperbole, à laquelle la parabole nous a introduit...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 387

Sur le même thème : hyperbole Ratzinger ignace

04 février 2006

Un nouveau blogue

Je vous invite à visiter "Un autre regard sur l'actualité" que je viens de créer pour ne pas polluer ce blogue avec des réflexions qui ne sont pas en lien avec les lectures mentionnés et suivies qui constitue l'essence de ce blogue...
Ce blogue est à lire en regard avec ma "Revue de presse catholique" et explique indirectement certains choix éditoriaux fait dans la sélection de cette analyse des flux RSS.

J'en profite pour rappeler l'existence de la chaîne des blogues catholiques ouverte à ceux qui le désirent... ainsi que notre projet de Lectio divina à partir de l'évangile de saint Jean (ouverture le 1er mars 2006)...

La parabole

La parabole est une "structure selon laquelle est ouvert l'accès au mystère du royaume de Dieu. Les paraboles ont deux fonctions principales : a) elles éclairent le domaine de la création en un dépassement qui lui fait atteindre le créateur b) elles assument l'expérience historique de la foi en ce qu'elles prolongent les paraboles nées au sein de l'histoire d'Israël (...) dans la parabole "vient révéler se qui se cachait dans les choses mêmes". La réalité est auto-transcendance et quand l'homme est amené à le transcender il en vient non seulement à percevoir Dieu mais aussi à percevoir enfin la réalité pour la première fois et à faire qu'enfin lui-même et la création accèdent à l'être. (1)

Je retrouve là une correspondance avec la notion d'hyperbole découverte dans Beauchamp ou Ricoeur. Mais là où la parabole fait dans un mouvement ascendant un appel à la transcendance pour expliquer et habiter le réel, l'hyperbole (comme par exemple les béatitudes) sont un envoi vers l'au-delà de ce que nous pouvons porter seul, un appel à l'aide de la grâce ?

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 386

03 février 2006

La voie des sens...

Pour saint Thomas d'Aquin : "Nihil est in intellectu quod non prius fuerit in sensu". (rien ne peut être par l'intelligence qui ne soit entré d'abord par les sens). Et l'"anima forma corpus" (l'âme est le principe formel du corps). Pour lui, la voie de la connaissance humaine exige toujours la compénétration de l'instrument corporel et de l'assimilation spirituelle. Cette vision était à l'époque un scandale au vue de la tradition augustino-platonicienne mais "il fallait le faire" ajoute J. Ratzinger, car s'il est vrai que dans l'homme l'esprit n'existe qu'incarné cette thèse épistémologique vaut pour toutes les modalités de la connaissance humaine. Pour Thomas, la connaissance de Dieu ne peut se faire sans nos sens. La voie qui permet de penser Dieu passe par la perception des sens et nous est donnée à travers eux. Cela implique que toute catéchèse ou catéchuménat doit passer par les sens. (1)
Ces paroles raisonnent dans tous ces parcours qui font de la "catéchèse par les pieds", comme ces souvenirs de pèlerinage en Terre Sainte où l'on a pu expérimenter ce que veut dire monter à Jérusalem...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 385

02 février 2006

Pluralisme et liberté

"Un chrétien défendra la pluralité des types d'éducation. La foi chrétienne qui est convaincue de la vocation de chaque homme en particulier mettra plutôt en évidence l'égalité des voies différentes et reconnaîtra dans la symphonie des multiples vocations l'intérêt et l'égale dignité de tous les hommes". (1)
Je crois qu'il y a là une grande sagesse qui devrait faire taire les apôtres de la voie unique, du moi j'ai raison. Car dans cette symphonie peut se construire la véritable cathédrale des coeurs... (1) "La révélation de Dieu a été adressée aux simples, non pas dans un ressentiment contre les grands comme Nietzsche le prétend, mais parce qu'il y avait chez eux cette précieuse naïveté qui ouvre à la vérité et ne succombe pas à la tentation intellectuelle du nihilisme (...). La culture chrétienne sera une parce qu'elle est une éducation du respect." (2)
La culture du respect...
N'est-ce pas ce qui nous manque le plus... Y compris sur certains blogues, ou au nom d'une vérité, on oublie de respecter l'autre pour ce qu'il est : "Une histoire sacrée", faite d'ombre et de lumière mais digne d'attention et de respect. La tentation de l'écriture, comme toute démarche intellectuelle, n'échapppe pas à la tentation de la toute puissance et son lot de jugement et d'orgueil... Mais voila que je sombre moi aussi dans le jeu... Halte au feu... :-)
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 383
(2) ibid p. 384

01 février 2006

La foi

La foi chrétienne n'est pas seulement une foi aveugle, une confiance dans une doctrine ésotérique. Elle veut au contraire être ouverture des yeux, ouverture de l'homme à la vérité. "La foi au Nouveau Testament est plus qu'une confiance de principe, elle est acquiescement à un contenu qui m'autorise à la confiance." La foi chrétienne est liée à la parole, elle se distingue par là de "l'opinion de nombreux gnostiques, laquelle affirme que ce qui est ultime est non pas la parole mais le silence et qu'il n'y a pas d'accès à l'ultime profondeur". (1)
C'est vrai que dans le silence on peut toucher au coeur d'un mystère enfoui au plus profond de nous, mais cependant, cette couche profonde est trop souvent mêlée à ce qui nous vient du monde. C'est pourquoi le creuset de la parole échangée est finalement la voie royale d'un décentrement véritable...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 378

Balises : Ratinger décentrement

Un oui

Suivre ne nécessite aucune réflexion, aucun délai... un oui ou un non... Certes dans la double tension entre la réponse à la recherche d'autrui et sa propre recherche la raison reste essentielle, mais quand "viendra l'Heure" pour paraphraser D. Sibony, il faudra probablement dire oui, à moins qu'à force de s'enfermer dans la réflexion nous ne soyons passé à côté d'un certain nombre de oui....

31 janvier 2006

Sagesse du monde

"Gardons nous de la sagesse de ce monde (...) car ils ne cherchent pas une religion et une sainteté intérieure mais une religion et une sagesse qui apparaissent extérieurement aux hommes." (1)

Pour un blogger ça dérange...

(1) Saint François d'Assise

30 janvier 2006

Imitation de Jésus-Christ

"Si tu savais à fond la Bible et les sentences de tous les philosophes, a quoi tout cela te servirait-il sans l'amour de Dieu et sans la grâce" (1)
Sans commentaires

(1) Imitation I 2,1

Une auto-critique de la raison éclairée....

"La foi ne doit pas s'opposer à la raison mais elle n'accepte pas de se soumettre à la domination exclusive de la raison "éclairée" et de ses méthodes" (1)
Je pense que l'on peut méditer là sur la différence entre croyance et foi. J'entends par croyance cette béate naïveté qui nous fait prendre le sensible pour une expression du divin. Elle est nécessaire au simple mais ne doit pas laisser place à un aveuglement. A l'inverse, la raison tue ce qui est incarné en nous. On retrouve la vision du balancier qui doit nous maintenir entre la tentation du subjectif et de l'objectif...
"La foi chrétienne affirme des vérités qu'elle ne soumet pas à une interprétation symbolique largement ouverte mais qu'elle comprend comme des assertions vraies immédiatement valables (...) elle affirme que Jésus a vécu, est mort et ressuscité en un temps déterminé ! Elle affirme même que le même Dieu qui est devenu homme dans le Christ est le créateur de l'Univers. Par de telles assertions, la foi chrétienne dépasse le domaine de la connaissance purement symbolique pour atteindre celui de l'intelligence historique et philosophique". (2)
Charge à nous d'être témoin de cette lumière, sans l'imposer mais sans la mettre non plus sous le boisseau...
Apprends nous à évangéliser...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 365
(2) ibid p. 367

Balises : Evangelisation Ratzinger foi raison

29 janvier 2006

Praxis...

Pour le pseudo-Denys c'est l'écriture sainte qui est véritablement pour lui ce que les anciens entendaient par ce mot "Parole de Dieu en langage humain". Bonnaventure rejoint ce point de vue en affirmant que seule l'Ecriture est théologie au sens propre du terme... "La théologie est une science spirituelle. Les théologiens types sont les auteurs de l'Ecriture Sainte. On ne peut étudier la théologie que dans le contexte d'une praxis spirituelle correspondante et se maintenir dans la disposition de la comprendre en même temps comme exigence de vie. (1)
Ce lien entre la théologie de l'Ecriture Sainte et la vie s'explique pour moi dans ce que cherchait à faire le texte sublime de l'Imitation de Jésus-Christ. S'il a un peu vieilli dans son style, il demeure cet essai de vivre en Christ, c'est-à-dire de chercher par une profonde communion à sa vie, à sa parole dans la voie de l'unique et de parvenir ainsi à découvrir l'intouchable...
A défaut, on prend le risque que la théologie se dégénère en mentalité académique Or la théologie n'a d'intérêt que si on la fait et on la vit avec ses tripes comme l'exprime J.H. Gagey dans le colloque Rahner Balthasar sur lequel je reviendrais...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 361

28 janvier 2006

L'intouchable

Il y a dans la kénose une piste essentielle, celle d'un homme qui va jusqu'à se déposer lui-même et à rendre possible grâce à l'histoire de Dieu parmi les hommes la rencontre de l'être même de Dieu. Pour J. Ratzinger (1) on peut tracer là un parallèle entre Thomas d'Aquin et Irénée de Lyon : "le véritable fondement de la théologie catholique dans ses démêlés avec le gnosticisme : ce que Jésus-Christ apporte de nouveau dit-il, c'est qu'il a ouvert accès à la rencontre avec l'Intouchable, avec celui qui était jusqu'alors inaccessible, avec le Père lui-même, et qu'il a abattu le mur infranchissable qui séparait l'homme de l'être de Dieu et de sa vérité".
Cela implique que le sens même de la christologie est manqué, dès lors qu'elle reste enfermée dans le cercle de l'anthropologie et de l'histoire et ne devient pas une théo-logie dans laquelle s'exprime la réalité métaphysique de Dieu lui-même.
J'ajouterai que nous devons poursuivre cette démarche qui consiste à partir de la rencontre de l'homme, sans s'arrêter au seuil d'une révélation qui donne sens, sans se révéler totalement mais comme une aube nouvelle où la lumière divine vient tout d'un coup couronner le chemin du montagnard.
Souvent nous percevons la cîme derrière les nuages, mais notre chemin reste embué par nos propres errements, nos hésitations et souvent nous restons sans lumière... La méditation, le retour à l'essentiel de notre foi est chemin... et la route est longue...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 358

Balises : Ratzinger kenose anthropologie

25 janvier 2006

Benoît XVI - Deus Caritas est

La nouvelle encyclique est un petit bijou.
Claire, limpide, d'une grande cohérence. Je la commenterai plus en détail, mais je veux saluer l'événement. J'ai aimé y retrouver des traces de la philosophie personnaliste de Jean Paul II, telle que développée dans l'Amour Humain sur le plan divin (Catéchèses du Mercredi), mais il va plus loin dans la recherche d'une cohérence globale :
- entre l'eros et l'agapé
- entre amour et eucharistie,
- entre charité et église
- solidarité et prière...
A lire absolument

Le texte intégral...

Premiers Commentaires

Catéchisme et évangélisation

J. Ratzinger écrivait en 1982 que le refus de tout catéchisme au cours des dix dernières années est finalement une attitude qui se laisse dicter son objet par la praxis de la transmission et qui ne cherche plus à partir de l'objet les modes possibles de la transmission. Cela interpelle nos chemins pastoraux. Et c'est vrai que nous tombons souvent dans ce travers au nom de la brebis perdue que l'on ne veut pas forcer à entendre une bonne parole, par respect de sa fragile liberté.

Je pense que dans les deux thèses il y a l'expression d'un souci, celui de trouver le bon ton entre l'explicite et l'implicite, la pédagogie et le besoin de donner des repères. Le plus important pour moi, n'est pas de se figer dans une des deux positions mais de maintenir une tension qui permet à l'autre d'être mais qui n'oublie pas l'importance du message et la libération qu'il apporte quand les repères s'effondre.
Rigueur, progressivité, respect, invitation, éclairage...
tout un chemin.

Balises : Ratzinger Pédagogie Pastorale Evangélisation Catéchisme

24 janvier 2006

Communion à construire

Sur le chemin d'une unité en devenir, on sent l'existence de plus en plus nécessaire de groupements où l'on puisse expérimenter la communauté de foi (1) mais cela implique que cette ouverture soit réelle, qu'il n'y aie pas de cohabitation passive mais un désir réciproque et ce désir, c'est dans la qualité de l'amour partagé qu'il peut prendre naissance...
Il nous faut travailler cette unité "en vertu de la foi et dans l'espérance que Dieu donnera cette unité quand il saura que le temps en est venu" (2). En attendant soyons vigilants sur ce qui rassemble et sépare...
Et rendons grâce à Dieu de ces conversions du coeur, rendues possibles par ces rencontres de l'autre différent et pourtant animé, au fond de lui, du même désir...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 346
(2) ibid p. 349

23 janvier 2006

Jeûne eucharistique

Selon Origène "Jésus ne peut boire seul le calice ; il ne veut le boire qu'en union avec tous ses disciples. Le calice festif de Jésus est reporté au jour où il pourra le boire avec tous." (1)
Pour J. Ratzinger, il faut peut-être permettre l'éclosion de célébration liturgique où les chrétiens séparés, rassemblés en tant que séparés, entrent de façon constante dans cette abstention de Jésus, se mettent en communion avec lui, donc entre eux, précisément dans cette abstinence, s'unissent (...) et célèbrent ainsi l'Eucharistie de l'Espérance ? (2)

A méditer...

(1) in Lev. hom. VII, 2 ; vol 2 édition Baehrens p. 374/380
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 342

20 janvier 2006

Commenter l'Evangile...

Lire ensemble l'Evangile selon saint Jean, à raison de 2 ou 3 versets par jour...
Un nouveau projet en gestation.
Renseignements et inscription :
http://selonsaintjean.blogspot.com/

Oecuménisme

Le risque et le potentiel de l'oecuménisme de base "sans institution..." est à la fois de générer des lieux de rencontre et de progression mais parfois aussi de parvenir à une guerre et une division plus grande.
En cela l'Institution doit promouvoir le bon, distinguer ce qui n'est pas valable et rendre possible pour l'ensemble ce qui est profitable. "Elle a un rôle d'encouragement, de discernement, de décantation et de médiation". Le but est favoriser l'unité de tous, ne pas attendre à chaque fois les ordres d'en haut mais innover "dans la responsabilité à l'égard de l'ensemble et dans l'ouverture à l'ensemble".

Je pense qu'en cette semaine de l'unité, il est à la fois utile de rappeler les limites mais important de stimuler toutes les initiatives. Toutes ces rencontres qui permettent qu'au delà des discours nous percevions la richessse de nos propres chemins. Non pas pour renier nos différences, mais pour percevoir à quel point, il y a dans chaque homme, une parcelle du Verbe qui s'agenouille et qui tend à l'unité...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 335-340

Autres liens sur ces thèmes : Oecuménisme Unité Dialogue Ratzinger Chemins de dialogue Prière pour l'unité

19 janvier 2006

Les conditions d'une communauté

Pour que la communauté reste ecclésiale, il faut que s'instaurent ces allers retours entre le haut et le bas, que l'échellon local reste lié à l'échellon diocésain mais aussi au niveau de l'église toute entière.
Et je crois que notre Eglise prend doucement la direction de cette ouverture, dans la dynamique de la réception de LG 37, même s'il reste encore un long chemin à parcourir pour que la brebis perdue accède à sa vocation de membre à part entière dans l'Eglise.
C'est là pourtant un chemin pleinement évangélique et me rappelle cette vieille femme du temple, qui par son obole avait son nécessaire. Chacun a reçu des talents. Nous sommes tous appelés, à la hauteur de ce que nous avons reçu à avancer dans cette direction...

18 janvier 2006

Le droit au sacrement

Le droit des fidèles aux sacrements est à la fois une vue "trop individualiste du fonctionnement mais d'un autre point de vue cela constitue un rappel important de la valeur que possède devant Dieu chaque croyant en tant que personne. La question du Salut est une question personnelle." (1)

Je pense qu'avant de décider que tel ou tel n'est pas "mur" pour le sacrement, il faudrait y réfléchir à deux fois. En toutes hypothèses nous ne serons jamais dignes d'être un signe efficace de l'amour du Christ, alors laissons à Dieu le jugement et cherchons à accueillir les brebis perdues, ne fermons pas la porte à ceux qui restent en chemin. D'ailleurs, avons nous trouvé la porte de sortie ?

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 333

NB : Ce qui me frappe en ce début de la semaine pour l'unité, c'est notre difficulté à être signe, à être lieu d'unité. Je ne peux concevoir ce blogue par exemple comme un lieu de revendication qui exploite cette nouvelle capacité d'expression pour en faire le lieu d'une revendication personnelle, de communautarisme primaire. L'écriture est pour moi bien au contraire un lieu de cheminement intérieur que j'aime partager un peu, pour voir si mes balbutiements font hurler mes frères en humanité... Et en cela je suis allergique à ces jugements trop rapide, à ce moralisme sec qui classe et caractérise les idées et les personnes. Le drame est réel, mais il intervient au sein d'un monde complexe. Et chaque personne est digne de respect, même si l'aveuglement où l'erreur apparente semble troubler ses pas.

Balises : Communion unité jugement Ratzinger

17 janvier 2006

Projet n°290 - Ukraine, quotas...

Après le n°289, le N°290 de la revue Projet du Ceras amène son lot d'interrogations et d'analyse. Surprenant qu'avec cette revue on touche autant au réel, au coeur des problématiques d'aujourd'hui.
Projet est au coeur de l'actualité internatioanale et sociale de notre temps :
- L'Ukraine,
- Les quotas pour immigrés,
- Le respect de la personne,
- Que faire dans nos banlieues...
- La presse sous pression...
Encore un grand cru... A lire et relire...
Renseignement et abonnements...

Prendre le temps...

Prendre le temps de s'arrêter, de réfléchir, ne pas se laisser entraîner par le feu de l'action, par la course à la productivité, par le tout tout de suite mais se laisser habiter par autre chose, un ailleurs, une lente découverte au fond de soi d'un appel, d'une parole.

Se laisser habiter par une présence, discrète, respectueuse.

Prendre le temps pour laisser venir Dieu.

Parcourir, méditer sa parole.

S'arrêter pour qu'il vive en nous.

Communauté - III (Succession et héritage)

La succession apostolique est le "signe extérieur de la validité de l'Eucharistie".
Le contenu de la catholicité c'est l'apostolicité. A défaut l'Eucharistie devient un repas communautaire, le lieu où se réalise la communauté en y trouvant le symbole de l'action réciproque de ses membres, une organisation qui décide d'elle-même et ne peut plus alors proposer que des fonctions et non plus de véritables vocations (1)
La communauté est constituée par l'appel de la Parole de Dieu certes mais la Parole de Dieu n'est pas libre et sans attache. (2)

Il nous faut donc vérifier à chaque fois que nos actes, notre pensée, nos actions sont au service de la communauté et se laisse éclairer par ce qu'elle a construit dans le temps par la tradition non pas comme un poids qui nous contraint à nous conformer à un carcan figé mais comme un héritage. Je pense que c'est dans la méditation de l'héritage que nos chemins peuvent être des chemins de libération et peuvent nous conduire jusqu'à dire, "Que ta volonté soit faite", librement et sans contraintes. Parce que cet héritage nous libère des servitudes de l'aujourd'hui, des esclavages de nos passions séculières. Ce n'est pas sombrer pour autant dans la loi du rétroviseur qui dirait "avant c'était mieux", mais c'est avancer sans renier le fait qu'avant nous une multitude de croyants ont été traversé par le souffle de l'Esprit et nous apportent ce que nous ne pourrons jamais trouver seul. Le passé est un vecteur de l'Esprit. Vouloir le contourner, c'est peut-être se laisser aller à l'orgueil...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 328-330
(2) ibid p. 331

Balises : Communauté tradition héritage liberté Ratzinger

16 janvier 2006

Communauté - II

Le concept de communauté luthérienne a donné lieu dans l'Eglise à un concept de communauté comme le lieu ou l'Eucharistie est présidée. Mais souligne J. Ratzinger, "Le Seigneur ne surgit pas de ce que la communauté a de personnel, il ne peut venir que de l'extérieur, comme celui qui se donne. Et ce Seigneur n'est jamais qu'un seul, non divisé. Le recevoir cela signifie déjà par conséquent entrer en unité avec les autres et là où cela n'a pas lieu, c'est à lui qu'on ferme la porte. Cela signifie que l'unité avec toutes les autres communautés n'est pas quelque chose qui viendrait ultérieurement à l'Eucharistie, où même n'y viendrait pas, mais elle est au contraire un élément constitutif intrinsèque de la célébration eucharistique. L'unité avec les autres est le fondement intrinsèque de l'Eucharistie." Célébrer l'Eucharistie, cela signifie donc entrer dans l'unité de l'Eglise universelle."(1)
Ce texte chatouille notre tendance à répéter que si deux ou trois sont réunis en son nom, il est au milieu d'eux, mais à tête reposée je pense que cette mise au point est sage et constructrice d'une plus grande unité au delà des chapelles et de l'individualisme qui habite souvent notre conception occidentale de la catholicité.

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 328

15 janvier 2006

Communauté

Lumen Gentium au nº 26 souligne que l'Eglise est "présente en tous les légitimes groupements locaux de fidèles qui unis à leur pasteurs, reçoivent dans le Nouveau Testament, eux aussi le nom d'Eglises.... Chaque fois que la communauté de l'autel se réalise en dépendance du ministère sacré de l'évêque, se manifeste le symbole de cette charité et de cette unité du corps mystique sans laquelle le salut n'est possible".
Cette affirmation repose cependant sur le lien avec l'évêque. Même si ce dernier ne doit pas être de l'ordre d'une obéissance aveugle, il convient de souligner que notre Eglise n'aura son sens d'universelle, c'est-à-dire de catholique que lorsque l'unité et la réalité d'un lien seront maintenues. A défaut, nous construisons des chapelles qui n'ont pas d'avenir.

Certes l'Esprit souffle où il veut.
Certes quand deux ou trois sont réunis au nom du Christ, il est présent.

Mais ne sortons pas ces affirmations de leur contexte. On aboutirait à une guerre de chapelle et finalement, on peut se demander alors, si nous serions véritablement en Christ... Il vaut bien une douloureuse fidélité à une insouciante liberté. Le sujet est délicat, mais il mérite réflexion...

Balises : Communauté Evêque Lumen_Gentium Vatican

14 janvier 2006

Prêtre médiateur

Il est médiateur mais comme serviteur du Christ. Ainsi J. Ratzinger invite-t-il à "ne pas construire un être à coté de lui, mais seulement en lui" (1) Evoquant le conflit entre Augustin et l'évêque donatiste Parménien, Augustin rappelle que ce n'est pas l'évêque qui est médiateur, c'est le Christ. Il faut ainsi "relativiser l'importance du ministre et manifester sa dignité secondaire en face du primat absolu du Christ" (2) Dénoncer par là ces exigences de sainteté dont saint Augustin souligne le caractère pharisaïque : "dans le même temple ont prié pharisien et publicain". En cela ajoute Ratzinger, il faut se méfier des inventions personnelles où l'on se surestime et se donne une importance que l'on n'a pas. "Si je vais à l'Eglise c'est pour rencontrer non pas ce que moi, ou celui-ci ou celui-là nous avons inventé, mais ce qui nous est donné comme la foi de l'Eglise présente à travers les siècles et qui peut nous soutenir tous. Exprimer cette foi, cela donne au prédicateur, fût-il minable, le poids des siècles (...) le prêtre manquera toujours sa mission s'il veut cesser d'être un serviteur, un envoyé qui sait qu'il ne s'agit pas de lui mais de ce que lui même peut recevoir" (3)

Outre une réflexion et un message pour les prêtres, cette analyse nous renvoie à notre propre regard. Celui que l'on porte au ministre du sacrement, pendant la consécration. Comme je l'évoquais précédemment, cela nous permet de voir en l'homme le Christ qui n'est pas seulement présent dans l'Eucharistie mais en l'homme par une tradition apostolique et pneumatique, c'est-à-dire que nous ne sommes en réalité pas seulement en train de faire mémoire de la Cène, mais de l'actualiser dans l'aujourd'hui de nos vies. Le rendre présent en toutes choses, habiter en Lui. Etre en Christ... Tout un programme...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 315
(2) et (3), ibid pages 316 et 317

13 janvier 2006

Prêtre, quel héritage..

"Comme le Père, moi aussi je vous envoie". Pour J. Ratzinger, "la médiation repose ici sur l'abnégation de l'envoyé qui se tient entièrement derrière le message et derrière celui qui l'a envoyé, et qui transmet non pas lui-même mais l'autre. La médiation implique ici chez un homme la désappropriation de soi pour laisser passage à un autre."(1)
J'ai découvert ainsi que symboliquement, ce n'était plus l'évêque qui célébrait l'eucharistie, mais que par le geste où il se décoiffe, il manifeste ainsi, qu'à travers lui, c'est le Christ qui devient présent. Cette image rejoint mes recherches sur le décentrement. Comme le prêtre doit s'inscrire dans cette ressemblance, cela implique aussi pour nous laïcs une "imitation", dans tout ce qui peut faire de nous, non pas une icône du Christ, mais une invitation à celui dont nous ne sommes pas à dignes de dénouer les sandales.

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 307

Un an déjà...

Un petit bilan...
En reprenant dans ce fil, des citations d'un tiers, je me laisse conduire sur un chemin, au delà de là des lieux où je serais allé tout seul. C'est peut-être là le travail d'un décentrement qui s'amorce. Non que j'adhère systhématiquement de tout mon être à ce que dit un autre, mais parce que la vérité est parfois ailleurs que là où je pensais aller. C'est ce cheminement qu'il me semble intéressant de partager... Cette parole d'un tiers qui nous introduit à l'écoute du Tiers. Que ces tiers qui m'ont accompagné sur le chemin de ce blog depuis un an se nourissent eux-mêmes d'une tradition vivante, qu'ils soient habités par fois par la kénose discrète de l'Esprit dans leurs vies, comme je le sens parfois effleurer mes propres pas, c'est ce qui m'engage à poursuivre le chemin. En espérant qu'il soit aussi lumière pour d'autres...

Quelques stats :
- 320 billets sur chemins de lecture,
près de 500 billets au total en comprenant les autres blogs...
- 1200 pages vues en décembre
Peu de commentaires...
Mais ce ne sont pas des sujets d'actualité
et j'avoue ne pas faire d'effort pour être toujours limpide...
Si vous appréciez, merci cependant de me le faire savoir...
Peut-être en laissant un mot anonyme sur ce billet...
Ou à mon mail public chdcpm CHEZ yahoo.com

12 janvier 2006

Médiateur - III

La médiation est exclusive car inclusive. Elle est l'unique médiation réelle entre l'être humain et Dieu, en sorte que toutes les médiations à côté d'elle ne méritent plus ce nom. Jésus exclut toute autre médiation vers Dieu parce qu'il est capable d'inclure tout en lui, parce que sa médiation est valable pour tous les lieux et pour tous les temps (1)
Peut-être qu'une manière de comprendre est d'affirmer que Dieu est amour, et que de fait, c'est dans l'amour infini du Fils, qui révèle celui du Père que tous nos amours finis trouvent une médiation. Nier cela serait se prendre pour Dieu, prétendre dépasser l'amour du Fils et donc nier sa médiation.

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 304

11 janvier 2006

Médiateur - II

"L'ensemble de l'ordonnance cultuelle de l'Ancien Testament restait dans le domaine de la sarx (chair), c'est à dire de la réalité intérieure au monde, elle n'atteignait pas le domaine proprement divin, le domaine du pneuma. Elle restait donc dans l'ordre des images (Hb 10,1) et n'arrivant pas jusqu'à la réalité même. Le culte tout entier n'arrivait pas à transpercer pour ainsi dire le mur des images : il représentait mais ne réalisait pas. Seul le Christ qui se donne sur la Croix fait éclater les images en mourrant de la mort d'un supplicié. Il ne traverse pas un voile symbolique, mais il transperce le voile réel, le voile de la chair, mur de séparation de notre existence terrestre et entre par elle dans l'autre monde, en présence de la majesté céleste du Dieu vivant. (1) On dépasse là les quelques réflexions sur le voile de la chair déjà esquissée plus haut. Je me demande même s'il ne faudrait pas paraphraser ce texte sur la place du sacrement de mariage dans la médiation du Christ ? Que fait-on de notre sacrement ? Reste-t-on dans le domaine de la chair où introduit-on un lien vers le Christ et sa médiation. A argumenter...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 303

10 janvier 2006

Médiateur - I

Le mot n'apparaît que six fois dans le nouveau Testament. C'est donc un concept périphérique et théologique. Et pourtant,...
Nous allons y revenir...

09 janvier 2006

Cathédrales

Une cathédrale, simple bâtiment n'est rien. "Elle ne devient cathédrale que par les hommes qui construisent l'espace de l'âme, qui des pierres fait une cathédrale et par là maintiennent ouvert l'appel infini aux hommes, appel sans lequel étouffe l'humanité de l'homme. "L'humanité n'a pas besoin de prêtres qui se battent pour leurs droits et pour leur émancipation (...) elle a besoin de "serviteurs de la cathédrale" dont la vie désintéressée et pure rende Dieu crédible et qui par là rendent l'homme à nouveau crédible. Telle est la voie étroite..." (1)

Pour un humble constructeur d'une cathédrale sur le net, c'est un symbole intéressant...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 298

08 janvier 2006

Accueil et kénose...

L'essentiel du kérygme est non seulement dans la kénose mais aussi dans l'accueil de l'homme, lequel, "dans l'homme-Dieu devient capable de répondre, précisément en tant qu'homme, et peut dans le Christ devenir à son tour sacrifice. (1)
Dieu s'anéantit et l'homme se sacrifie, double sacrifice en un sacrifice unique.
Cette double kénose qui rejoint celle de l'Esprit dans l'écriture, si j'utilise l'analyse de Soloviev par Hans Urs von Balthasar, traduit cette infinie tendresse de Dieu qui ne veut en rien froisser notre liberté et se met à genou devant l'homme, jusqu'à ce geste incomparable du lavement des pieds... En ce jour de l'épiphanie, il y a de quoi nous laisser fléchir le genou, comme le faisait Etty Hillesum, comme poussé par une force intérieure...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 293

Balises : Balthasar / Hillesum / Soloviev

07 janvier 2006

Relativiser la Cité de Dieu

Augustin a introduit le concept de la Cité de Dieu dans un contexte très particulier où dans chaque ville un autel se dressait contre un autre autel et l'Eglise était tiraillée entre donatistes et catholiques. Dans ce contexte "la véritable Eglise consisterait donc pour lui en ceux qui se rassembleront définitivement à l'appel de Dieu, ceux qui sont du nombre des élus". Par rapport à ce contexte Joseph Ratzinger affirme que "si l'état actuel de telle ou telle assemblée ne correspond pas à la communauté de la fin des temps, pourtant la communion ecclésiale est un degré préalable indispensable de la communauté à venir : l'appartenance définitive à l'Eglise célébrant l'Eucharistie est le signe de l'élection" (1)

Cette affirmation est à méditer à l'aune des billets précédents. Et elle interpelle le coeur même de nos cheminements propres, de chaque pas que nous faisons en route vers cette cité eschatologique...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 288

06 janvier 2006

Communion... ?

L'Eglise est communio. Il ne peut y avoir d'Eucharistie sans lien ecclésial. Ce n'est pas un groupe d'amis mais une Eglise. Et c'est vrai est que nous avons souvent la tentation de dire qu'il est présent, parce que deux ou trois sont réunis en son nom. Même s'il s'agit d'une parole d'Evangile, le prendre au pied de la lettre, c'est justifier ce qui pourrait être n'importe quoi. Sa présence n'est pas de notre fait, elle dépend d'une fidélité à l'ensemble du texte, dans sa version polyphonique, dans l'héritage d'une tradition, mais aussi de réalité de nos coeurs et de notre ouverture réelle à sa présence. Dieu n'est pas ce que nous voulons qu'il soit, il est quand nous quittons nos vouloirs finis pour accueillir l'infini de sa présence.... "L'individualisation de la messe, son éloignement par rapport à l'unité du mémorial, et par là le caractère privé qu'elle a revêtu ont été un amalgame entre la messe et les honoraires,(...) la messe devient une unité privée de gens pieux (et aussi de gens qui ne le sont pas) qui y traitent avec Dieu de leurs péchés privés" (1) Ainsi l' existence chrétienne privée se retire du côté du rite, tandis que l'Eglise se maintient dans l'ordre légal. Où est alors la communio ? Même si Joseph Ratzinger décrit la situation au Moyen Age, on pourrait en tirer des parallèles sur la situation actuelle et méditer sur l'unité qui nous anime dans la fidélité à la communion apostolique.

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 286

05 janvier 2006

La place du Magistère

Pour J. Ratzinger, le Magistère revendique le droit d'initiative "A la confusion d'une Eglise sans consensus, il a à dire la parole qui a le droit d'exiger le consentement de tous". (1).
Et je pense que cette affirmation est cruciale, même si elle est douloureuse pour de nombreuses personnes. Si l'unité n'était plus, si nous allions vers un populisme chrétien, nous perdrions ce qui est contre vents et marées notre force principale : la fidélité et l'unité d'une difficile succession apostolique, que l'on ne doit pas afficher comme titre de gloire, mais comme trace de ce qui est vie en nous, en dépit de tout ce que nous faisons contre elle, en dépit de nos faiblesses. Sur la Pierre d'un triple reniement, le Christ a fondé son Eglise...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 263

03 janvier 2006

Eglise et totalité

"Le caractère pleinement concret de l'Eglise ne signifie pas que tout le reste ne puisse être non-église." Le signe "d'égalité n'est pas mathématique". L'Esprit saint ne peut être ramené de force à un signe mathématique même là où il s'attache et se donne concrètement. (1)

Je ne pense pas que l'on aille plus loin sur la piste rahnérienne des "chrétien anonymes" mais cette phrase fait raisonner en moi des éléments lus chez Lévinas, dans "Difficile Liberté"... Il était question de cette facheuse prétention des chrétiens à vouloir détenir le monopole de la liberté. Je pense que lorsque l'on évoque l'unité des chrétiens, il est important de garder cette ouverture à ce que l'autre peut nous apporter. Non que nous puissions renier ainsi notre foi, mais parce que cette ouverture est pour moi évangélique... Elle rappelle la parabole des petits chiens qui se nourissent des miettes et qui parfois dépassent notre propre entendement...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 259

02 janvier 2006

Unité - III

Dans l'étude fondamentale que Vinzenz Pfnür a publié en 1975 : "Annerkennug des Confession Augustana durch die catholische Kirche ? Zu einer aktuellen Frage des katolisch-lutherischen Dialogs, on peut se demander si la Confession d'Augsbourg peut être un chemin possible pour une unité ? Non pas pour opposer Luther ou Mélanchton mais pour dépasser les controverses...
Cependant cette approche est délicate, ne serait-ce parce qu'un texte de confession n'a pas de valeur de fait, ni un caractère obligatoire d'enseignement. "La sola scriptura de Luther tend à ce résultat qu'un enseignement ecclésial n'a pas d'autres qualifications théologique que celle d'une interprétation exacte de l'Ecriture et reste de ce fait toujours révisable en fonction d'une meilleure interprétation de l'Ecriture". (...) "Avant de reconnaître la confession d'Augsbourg par l'église catholique il faudrait une reconnaissance de cette dernière par les protestants ce qui renvoie à là place de "l'Eglise dans la foi"... (1). Et cette reconnaissance protestante serait un évènement créateur d'une réalité oecuménique" (2), un espace ecclésial à construire.
En conclusion, il s'agit pour J. Ratzinger d'un sujet erroné. On ne peut reconnaître la confession d'Augsbourg mais l'on est appelé plutôt à favoriser "un dialogue sur la structure théologique et ecclésiale des confessions luthériennes et leur compatibilité avec l'enseignement de l'Eglise" (3)

Je crois que l'enjeu est peut-être interne à la confession protestante, qui en se dispersant n'a pas forcèment l'unité, si fragile mais lieu de conversion intérieure qui caractérise le catholiscisme...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 250
(2) ibid p. 251
(3) ibid p. 256